en toute liberté
Je n'en peux plus de ce temps
je n'en peux plus du couvre-feu
qui a éteint tous nos feux
je n'en peux plus de cette vie
je suis une momie
je n'en peux plus de ce masque
il ne manque plus que le casque
je n'en peux plus du silence
je n'en peux plus du bruit
je n'en peux plus du ciel gris
ni des camaïeux de gris
je rêve de bleu
je rêve de soleil
je rêve de matins clairs
et de couchers de soleil
je rêve de mer, d'océan
même pas du Pacifique
juste mes pieds sur le sable froid
des plages du septentrion
et même si le bleu
n'est pas très bleu
et le ciel un peu gris
je peux tout lui pardonner
puisqu'il est mon ancrage
je veux voir les phoques
je veux voir les petits chevaux
je veux voir la baie
et tous ses oiseaux
manger du gâteau battu
et des moules crues
une ficelle picarde
et m'enivrer de l'air du large
je veux prendre l'autoroute
compter les éoliennes
qui une après l'autre
me rapprochent de mon petit paradis
pour un jour
pour un mois
pour un an
même avec le masque
et le couvre-feu
la vie est plus belle
et consentante ;
voir mes cheveux s'envoler au vent
en toute liberté,
assise sur un banc
le regard tourné vers l'horizon.
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