entre parenthèses
Mes mots sont entre parenthèses
ils attendent la fin des fêtes
pour se réveiller
et se libérer du manque de temps
consacré à la famille
aux cadeaux
aux paquets cadeaux
aux voeux
à la cuisine
et aux petits plats
la décoration de la maison
la table à dresser avec application
à la recherche de nouveautés
pour ne pas se répéter
d'année en année.
Le retour des souvenirs
qui reviennent tout seuls
le parfum des bougies allumées dans le grand sapin
l'assiette de pain, fromage et charcuterie
et un bon verre de bourgogne
pour le père noël
et son arrivée par la cheminée
mon admiration de petite fille au lever
il avait tout mangé
et laissé les paquets sous le sapin
les yeux écarquillés de bonheur
d'innocence et de crédulité
le chien qui me faisait la fête
mes grands parents qui me choyaient
mes parents qui m'aimaient
mon oncle et ma tante.
Ils étaient mes noëls de petite fille
chaque année ils refont surface
jamais je ne les oublierai
ils étaient magiques
j'essaie année après année
malgré la lassitude
de recommencer encore et encore
le sapin et la crèche.
Dans mon sapin un sujet en mèche rescapé de cet âge d'or
de ma vie
cet âge d'or qui m'a construite
les temps ont changé
les défunts sont une armée
je suis devenue la matriarche
c'est très impliquant
il faut sourire
lorsque les larmes arrivent
il faut sourire
car être vivante est un privilège
surtout en ces temps d'angoisse permanente
d'avenir incertain
l'impossibilité même de s'échapper
de partir loin pour trouver
un terrain neutre du virus
impossible
il est partout
il nous enrobe
il nous dérobe des vies
il nous enserre dans ses spicules malfaisantes
et nous somme quasi impuissants
j'étouffe
mais je me cramponne
je ne veux pas rendre les armes
et si je dois me faire vacciner tous les mois
je le ferai
jusqu'à temps qu'il rentre dans le rang.
En attendant, je prépare le réveillon
quelle nappe ?
quelle décoration ?
assortir à la dominante "fruits de mer et crustacés"
oui mais ne pas oublier la tradition
l'incontournable "zampone con le lenticchie"
qui depuis cinquante ans règle tous les 31 décembre
une tradition même pas française,
mais depuis presque un demi siècle et mon passeport italien
mon coeur a basculé
il ne s'en est pas remis.
Amis, bonne fin d'année
personnellement je ne la regretterai pas
même si je la remercie de nous avoir épargnés
que 2022 soit plus belle, plus sereine, plus spirituelle, plus altruiste et que le... non je ne dirai pas son nom ! perde pied
pour nous rendre le droit aux baisers, à s'aimer, à respirer, à revivre librement, à se retrouver, à trinquer, à chanter, à danser : être soi tout simplement.
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