otage du climat
Je ne suis même plus de mauvaise humeur
Je n'ai plus d'humeur
Je suis juste anéantie
Et fataliste
En fait, tout va bien
Sans savoir pour quelle raison, je pense aux otages, aux prisonniers.
Tous ceux qui ne décident pas de leur sort, quel que soit le motif qui fait qu'ils se trouvent dans cette situation.
Je regarde le grand toit rouge, en face de moi, un toit tout neuf à peine refait. Depuis plusieurs jours les tuiles pleurent en cascades plus ou moins importantes
La pluie ruisselle et tombe en remplissant la gouttière
Tout est délavé
Nos âmes sont délavées, nos envies sont délavées
Les chemins sont détrempés
Les jolis vêtements colorés, à peine les étiquettes des prix détachés, et pendus fièrement et avec gourmandise dans nos placards, sont retournés au rang d'espoir déçu...
On n'y croit plus
La fatalité est arrivée
Déjà, l'on se souvient du bonheur d'avoir pu déjeuner deux, trois fois en extérieur, à l'abri du parasol,
Les fleurs nouvellement plantées souffrent, elles ne rêvaient pas d'eau, enfin si, raisonnablement, elles ont enfoncé loin dans la terre leurs racines pour puiser l'eau de cette terre d'ordinaire si pauvre et si sèche
Oui, mais trop c'est trop, les corolles se délitent, les couleurs palissent, comme nos visages, les iris à peine nés, magnifiques hampes lancées haut vers le soleil sont déjà en état de fin de vie
Seuls les escargots apprécient encore que, trop d'eau leur fait peur
Seule l'herbe s'en donne à cœur joie, et je pousse et je pousse
L'herbe est verte, mais ne sert à rien
Le plaisir de l'œil est parti
Le ciel gris a tout anéanti
Ressortis les gros pulls d'hiver, les doudounes prématurément passées à la machine pour la saison prochaine
Les t'shirts et leurs manches courtes ne quittent plus le tiroir
Et l'avenir proche n'est pas au beau, à l'éclaircie
L'eau, il faut de l'eau, et trop en manquent, mais pourquoi tout sur notre tête, je veux bien partager avec ceux qui en ont besoin.
Revoir les graines enfouies dans le désert qui se réveilleraient et reverdiraient ces zones désertiques,
Impuissants et partiellement responsables de cette situation sans aucun doute,
pas de quoi être fière
Ne pas rallumer la chaudière, pour ne pas participer au désastre
Être otage du temps,
Oui, la vie continue
Un parapluie, des bottes, une doudoune
Où est la joie de voir le soleil ...
Et la vitamine D dans tout çà ! elle manque cruellement à chacun, et les petites ampoules ne sont pas terribles
Le soleil est gratuit, il nous dispense de la petite boite verte, de l'ampoule, de toutes ces solutions alternatives.
Où sont les fraises, et les cerises dont j'aimerais tellement sentir le nectar sucré couler dans ma gorge et pétiller sur mes papilles
Demain ?
Après demain ?
Il y a plus malheureux que moi
N'empêche que…
L'humeur serait plus belle
Sous un rayon de soleil
Puisque c'est comme çà je retourne sous ma couette
Juste pour attendre le moment propice de l'embellie
Car embellie il y aura
Je n'en doute pas une seconde