Les feuilles d’automne
Un rideau de pluie a écrit Muriel. Oui, il est très rare que nous soyons abrités derrière un rideau de pluie, les perles d’eau se heurtent sur les carreaux, et dégoulinent lamentablement en petites rigoles souillées par la poussière des carreaux. Je me dis que l’eau de pluie est salutaire, bénéfique pour les jardins, je pense au jardin du 10 qui justement débarrassé de ses grandes branches va pouvoir s’abreuver à loisir de cette manne du ciel très opportune.
Depuis quelques jours nous sommes gâtés. Je pense à ceux qui vont habiter ma maison. Il faut du courage pour s’installer à cette saison à la campagne. Le jardin est détrempé, l’atmosphère est humide, il n’y a pas encore de chauffage dans cette maison vide, pas d’isolation totale. Brrrrr. J’aime quand je peux positiver et me dire que ce n’est plus mon souci.
Le chagrin reviendra l’été prochain, ou bien j’aurai définitivement tourné la page. Oui, ce sera bien, j’aurai tourné la page, j’espère que j’aurai quelques sous pour m’évader un peu quelques jours, mon sac et mon chien avec moi, vers de jolis petits coins Encore la Baie de Somme. Pourquoi pas ? Je serai peut-être audacieuse, je descendrai un peu sur la côte. Il faudrait bien que je fasse un saut à Erquy et dans le Morbihan. J’y verrais mes amis ce serait super. On verra. En attendant la fin de l’année arrive. Je déteste cette saison, cette période, la nuit, le froid.
Je veux partir habiter au soleil. Pourquoi ne suis-je pas capable de prendre la moindre décision ?
Et Noël une habitude à laquelle je suis accrochée mais qui a perdu toute sa magie. De toutes façons cette année les boules sont entassées sous des dizaines de cartons, pourtant j’avais prévenu, et je doute qu’elles en ressortent à temps. Il est encore temps d’aviser. J’en ferai avec le stock de laines que j’ai récupéré. Je ferai des pompons multicolores, comme en maternelle, et pourquoi pas ?
Je pense aussi à ma plante, au photophore qui ce matin ont terminé leur vie en dévalant l’escalier suite à une poussée de vent qui avait fait valdinguer le parapluie qui essayait de sécher. La théorie des dominos a encore sévi. Zut, il faut nettoyer.
Je vais aller voir si les escargots et les limaces sont assez courageux pour sortir. Ils pourraient encore assurer un des derniers repas de ma tortue qui va très prochainement entrer en hibernation, comme on rentre dans les ordres, jeûne pendant plusieurs mois.
Au printemps, elle ressortira et reprendra ses longues journées juchées sur un rocher juste heureuse de profiter du soleil. Pas de souci de garde manger, de ménage, d’engueulades, elle vit sa vie seule.
Un jour je vais la trucider et j’irai prendre sa place. Je bullerai. Pourvu qu’on n’oublie pas de me nourrir. Les escargots je veux bien mais avec une persillade. Pour les vieux çà s’appelle une maison de retraite qui parfois est un mouroir. C’est l’effet novembre qui me fait déraisonner autant.
Au fait, novembre, Il faudrait que j’aille au cimetière, j’ai raté le 1er novembre, avant que toutes les feuilles ne soient tombées, encore que, le Père Lachaise est beau en toutes saisons. Mais à l’automne, il faut que j’enlève les milliers de feuilles qui recouvrent comme un joli linceul de couleurs chaudes la résidence de mes parents. J’y ajouterai quelques fleurs en tissu. Les fleurs fraiches ne vivent qu’un jour et comme je n’y retournerai pas pour les changer autant éviter le désastre de la fleur qui pourrit dans son pot et s’affale mollement sur la pierre en la tâchant.
Gardons espoir, les jours sont courts, mais au total les journées font toujours 24 heures, alors inutile de se lamenter. La vie est là. J’ai attaqué avec délectation la saison des truffes, euh !! en chocolat pour le moment. Après j’attaquerai les marrons glacés. Moins les chocolats, chacun ses goûts. Allez c’est bien l’hiver. Il y aura du pot au feu, du foie gras, des lentilles et du zampone, du panetone comme en Italie, et plein de surprises. Tout pour la g…. C’est une détestable mais belle consolation. Je sens le parfum des premières clémentines, quel bonheur.