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Je l’aime bien celui-là 
Et j’y tiens beaucoup
C’est le seul qui me reste
Et qui me tienne debout
Il est tout vieux
Tout fripé tout rabougri 
Il fallait bien que je le matérialise
Pour pouvoir lui parler.
 
Le matin je lui dis bonjour
Comment vas-tu ?
Bien j’espère !
Car j’ai besoin de toi
Sans toi je ne suis plus rien
Qu’un légume oublié au fond d’un frigo
Ratatiné et prêt pour rejoindre le container "tout le reste"
Avant que les nouvelles normes ne rentrent en vigueur.
 
Bref
Toi tu es mon neurone
Rescapé de ma longue vie
Tu connais tout de moi
Je ne vais pas te raconter
Tout ce que nous avons vécu ensemble
Toi qui a résisté
À mes joies
À mes colères
À mes tristesses
Et à tout le reste.
 
Te souviens-tu de ce jour du 29 août
C’était à Paris XIVe
Mon petit garçon venait de pointer le bout de son nez
À 2h23 ou presque ça
Son papa était là troublé, fier, heureux 
Comme jamais je ne l’avais vu avant.
 
La journée avait été douce
Je m’étais promenée dans le jardin de l’hôpital,
Avec papa et maman venus nous rendre visite.
Je ne passais plus dans les portes
Tant j'avais pris de poids.
 
On t’attendait patiemment
Pas vraiment pour moi
J’avais hâte de te serrer contre ma poitrine
Et que nos deux cœurs battent à l’unisson
On pourra me reprocher 
D’avoir été plus mère qu' épouse
Du jour où tu es rentré dans ma vie.
 
J’avais quelques circonstances atténuantes
Que je tairais  par pudeur
Cette journée presque de fin d’été
Était douce il y avait du soleil
A l'improviste, 
J’ai ressenti  un grand bouleversement 
Tu venais de te retourner
Tu commençais à te préparer
À pousser ton premier cri
À l’air libre.
 
Effectivement dans la nuit suivante tu étais là
Dis neurone tu te souviens ?!
Quelle joie, quel bonheur.
 
Une photo bien cachée atteste de ce moment unique.
Depuis toutes ces décennies que tu me supportes
Parfois je me dis que tu dois être fatigué
De m’entendre
De suivre mes délires
Mes coups de cœur
Mes coups de blues
Mes coups de gueule
Jusqu’à mes inimitiés.
 
Tu sais que j’ai gardé de mon éducation chrétienne
Le respect, la tolérance
Avec un brin d’insoumission
Et de rébellion, contre les injustices
Et contre les abrutis.
En dérogation aux règles de base.
 
Il est l'heure de te quitter
Je te souhaite une bonne journée
Et ne t’éloigne pas s’il te plaît
Sans toi je ne suis plus rien.
=====
 
ps tout ceci n'est qu'une fiction en hommage à l'importance fondamentale des neurones.

photo de couverture : Dessin de la main de Ramón y Cajal de cellules cerebelleuses de poulet, tiré de Estructura de los centros nerviosos de las aves, Madrid, 1905.

Tag(s) : #2024, #PO & ZIE, #humeur de tortue
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