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IMG 4170

 

Une descente au sous-sol c'est un peu comme une descente aux enfers.

L'enfer des illusions perdues, de ce qui pourrait être et qui n'est pas et qui ne peut pas être en raison des paramètres.

Le poids du monde, l'échec ? L’étouffement ?

Rêver d'un plateau propre, lumineux, organisé

Organisé ? à ma façon, mais qui ressemble à quelque chose et qui me ressemble un peu, juste un peu.

Une caverne d'Ali Baba qui ne sert à rien, strictement à rien, juste à me faire mal. Alors de temps en temps pour chasser cette douleur, j'ouvre une porte de placard dans le petit espace qui m'est attribué.

 

J'ouvre la porte. Je sors une boîte. Je regarde ces petits jouets insignifiants, pour la plupart ils ne sont que plastique ou peu s'en faut.

J'en prends un avec soin et émotion, je le pose sur le carrelage, je remonte le mécanisme et je le vois qui s'en va pour une petite marche, une petite valse, jusqu'à son dernier souffle ou jusqu'au premier obstacle qui se dresse sur son chemin.

Il s'arrête, il vacille, il étouffe, son petit cœur s'emballe, il voudrait avancer, le mécanisme bientôt va s'arrêter. Ce sera sa petite mort.

Pendant ce temps là, j'aurais eu des yeux d'enfant, mon sourire l'aura accompagné, j'aurais dansé avec lui, quel que soit celui que j'ai choisi, dinosaure, souris, pendule, ballon, j'ai le choix… selon mon humeur. J'aime bien la petite fille qui fait du hula hoop, ou l'appareil photo qui marche brinquebalant ou la cafetière dont le couvercle se soulève. Ce n'est pas mon enfance, sauf… raretés : une grenouille, un chat en métal.

Alors, doucement, je le ramasse, je le remets dans la boite, que je ferme ainsi que la porte du placard, je regarde les cartons, les choses inutiles à jeter, les choses utiles, mais qui ne font rien et je remonte une grande tristesse au fond du cœur.

 

Ce matin, je suis "tombée" sur un grand bocal en verre, celui avec le système et le caoutchouc et tout çà. J'en ai laissé des dizaines dans la grande maison.

J'ai enlevé la poussière, je l'ai ouvert et j'ai souri en me disant que ma vie, ma liberté étaient là dans le bocal ou… que non !

Les clés, que des clés que j'ai accumulées depuis ma première dizaine d'années.

Certaines ont encore le violet ou le rouge avec lequel je les avais peintes, comme des ongles de petites filles.

Un petit musée de clés. Des grandes, très grandes, des petites, des très petites, de toutes les tailles, formes, comme au BHV ! on trouve tout dans mon bocal.

Clés de cadenas, clés de serrures, clés de pendules, clés de journaux intimes, clés de portes tout simplement.

Elles sont là inutiles.

Elles ont cent ans peut-être…

La clé des champs, alors je dois ouvrir le bocal et les libérer et me libérer avec.

Alors elles s'envoleront dans leur ciel, à la Folon, à la recherche de leur femelle, puisqu’une clé est mâle pour honorer la serrure femelle, si je ne me trompe. Et si je me trompe, l’image me plait quand même.

Où sont les trésors cachés derrière ces serrures fermées à jamais… elles ont peut-être disparu, brûlées dans le grand bucher. Certaines, mais pas toutes, c'était une autre vie, une vie d'avant, une vie d'adolescente.

Pourquoi les clés ?

Les clés pour m'évader, pour chercher mon autre ailleurs, meilleur ? pire ?

Les clés pour verrouiller mon cœur ? Ou pour l'ouvrir à de grands et petits bonheurs ?

Les clés de Barbe Bleu ?

La clé du temps, l'horloge que l'on remonte et qui reprend son implacable chemin, seconde après seconde, le temps s'égrène.

Et si j'arrêtais toutes les pendules, les montres, les horloges

Et si je figeais le temps

Et si je fichais le camp

(çà c'est pour la rime !) encore que…

ma vie dans mon bocal…

je tourne en rond, je tourne en rond comme un poisson rouge au regard vide.

Une seule indication ; une étiquette : "porte conique", je vais pas aller loin avec cette information ! mais je la trouve très drôle. Le mystère de la porte conique.

Mais c'est beau une porte conique je peux continuer mon rêve.

Vite jeter les clés, le bocal, mettre mon chapeau, ma jupe qui virevolte, ouvrir mon cœur et l'autre porte et courir, courir, courir…

 



 

 

Tag(s) : #pastilles de vie
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