pétales
Et roses, elles vécurent ce que durent…
Elles durent encore
n'en déplaise au poète !
Chaque jour plus fragiles
Chaque jour plus ridées
Comme des vieux amis
Chaque jour une me quitte
Pétale après pétale
Elles deviennent apétales
Une tige verdâtre reste plantée
Tel un étendard inutile
La bataille est finie
Regarde dans le ciel les pétales qui volent
Comme des papillons
Comme des confetti
Comme des rires d'enfants
Des roses, des anémones, des freesias,
Mêmes tons,
Coïncidence ? ou alors
Votre regard sur moi est le même
Est-ce le bon ?
Oh ! un pétale vient de me passer sous le nez
Léger comme une plume
Coloré comme une guimauve
Irisé comme bulle de savon
Rose comme mon bavoir
Il y a si longtemps
Ce Paris que j'aimais tant
À jamais disparu
Oh ! un autre et un autre
C'est la fête
Ils se coursent, ils montent
Ils disparaissent puis retombent
Petites bombes aux couleurs fanées
Petites bombes qui colorent l'herbe folle
Oh ! un coup de vent
Une renoncule imprudente
Qui prenait son envol vient de tomber
Bêtement dans le bassin de la tortue
Interloquée, intriguée, dérangée,
la tortue ouvre ses yeux reptiliens
la pupille comme lame de dague
Prête à bondir lentement sur la proie
Quand elle s'aperçoit que non
Foi de tortue,
elle ne peut manger une renoncule,
elle recule et remonte sur son rocher.
Elle reprend sa somnolence
Ou ses rêveries
Elle attendra le prochain escargot
Elle a perdu les horaires de passage
Elle a le temps
Alors elle décide mélancolique et bucolique
De regarder la renoncule qui au gré d'une fine brise
Se balade à la surface de l'eau
Se balade à la surface de l'eau
Se balade à la surface de l'eau