l'ivresse des dieux (L. Martin)
Je suis en panne de concentration, et lire un livre jusqu’au bout relève de l’exploit actuellement.
Je suis figée à la page 100 de l’attrape-cœurs de Salinger et je ne suis pas sûre d’arriver à la dernière page.
Pour mes courtes vacances, je suis partie avec, un Amélie Nothomb (le fait du prince), car j’aime son imagination et ses livres courts, vite lus, vite oubliés, quoique pas toujours, Stupeur et tremblement m’est resté en tête, et un polar français de Laurent Martin.
Lorsque je veux découvrir un auteur de polar, je me fie aux prix littéraires. Contrairement aux autres prix, je trouve que ceux décernés aux polars sont de qualité. C’est ainsi que grâce à son bandeau rose : « grand prix de la littérature policière 2003 », l’ivresse des dieux a fini dans mes bagages.
Je n’ai pas été déçu. J’ai lu ses 262 pages en deux petites journées.
J’ai beaucoup aimé la structure de tragédie grecque de ce bouquin. Son auteur est ancien prof de lettres et d’histoire géo et passionné d’archéologie.
La note de l’auteur met en appétit :
« Voilà deux mille cinq cents ans que les Grecs ont inventé la tragédie, la cité et l’enfer.
Deux mille cinq cents ans qu’on vit avec et que rien n’a vraiment changé.
Pour eux, pour nous, la tragédie est une lente cérémonie cathartique où le peuple vient se libérer, se purger de ses maux etc.… »
Chaque chapitre est donc annoncé par : « le chœur », « le héros », le « coryphée ». Les chapitres sont très courts, passant du « je » au « il » donnant un rythme très particulier.
Si j’ajoute que les phrases elles aussi hyper courtes sont d’une efficacité redoutable. Sujet, verbe, complément. Pas toujours de verbe.
La première phrase est très significative :
« Il se, d’un geste lent, relève. Le génitoire en débandade »
Ce n’est pas du San Antonio. C’est l’histoire d’un meurtrier impulsif qui tue des femmes et leur défonce le visage. Evidemment Il y a un vrai suspens jusqu’à l’arrestation du meurtrier qui laisse pantois.
Il y a surtout, cette ambiance de ville de banlieue, sortie de rien, où la vie a été oubliée, où les gens ont été parqués. Il y a la vie d’une police municipale, sans moyens, pleine de bonne volonté pourtant. Il y a le jeu du pouvoir, il y a beaucoup de messages, de désillusion, d’espoir. Il y a un chapitre sur les rom d’une actualité brûlante.
Il y a une histoire d’amour finie mais dont les braises ne sont pas éteintes. Il y a un chien fidèle, qui s’adapte comme il peut à la vie pourrie de son maître. Il y a des choses que j’ai aimées.
Un roman noir bien écrit simplement. Un bon moment qui secoue un peu comme lorsque tu bois une tasse de café très amer sans sucre.
Pas un chef d’œuvre, juste un bon moment.