je suis lente
Je suis lente, je n’y peux rien, pas une lente, mais que t’imagines-tu ? non, je ne suis pas laide comme un pou ! n’insiste pas, pas belle je te l’accorde mais présentable, passe-partout celle dont on ne parle pas.
Je suis lente, pas rapide si tu préfères. Encore que je me demande parfois, s’il s’agit de la bonne formule. En effet, telle la tortue, mon totem, je suis capable d’accélérations foudroyantes qui me surprennent moi-même !
Pourquoi les éléments s’acharnent-ils contre moi ? Je crois en avoir fini avec un sujet, et paf en voilà un autre qui se pointe.
J’aimerais que les choses arrêtent leur agression et leur répétitivité qui rendent ma vie pas impossible, plutôt difficile et angoissée.
Par exemple, pourquoi, lorsque je passe l’aspirateur, exercice odieux s’il en est, et si douloureux à mon dos, faut il qu’à peine remisé l’instrument de torture, la poussière vienne me narguer et en particules fines te resalissent aussitôt ton beau parquet tout propre. C’est de l’acharnement, ne me dis pas le contraire.
Tout est ainsi. Regarde le jardin, ce matin, j’ai passé du temps, avec patience à le débarrasser des feuilles du magnolia qui a décidé de passer l’arme à gauche et contre lequel je ne vais même pas lutter. Il ne m’aime pas je le sens, et le pire c’est qu’il a raison, la réciprocité est patente.
Pareil pour le seringa. Une plante facile, saine et sympa. Et bien non, dans mon jardin, certes elle pousse à profusion, mais est systématiquement envahie de pucerons noirs, qui se blottissent en rang serrés le long de ses tendres rameaux naissants. Ma plante n’est plus verte, elle est noire, et en plus gluante. Je ne l’aime pas. J’ai beau chasser les pucerons, ils reviennent. Alors, elle aussi, je crois que son dernier printemps est arrivé. Et pourtant, dans peu de temps je vais profiter de ses longues branches pleureuses et légères richement parfumées de grappes blanches qui vont me chatouiller avec espièglerie le cou à chaque fois que j’irais prendre la voiture. Tant pis, pucerons vous m’embêtez, et au lieu de vous éradiquez je vais tuer votre mère nourricière, solution définitive et qui ne m’obligera pas à recommencer sempiternellement le même geste.
La vraie question est-elle ? Es-tu lente ? ou bien te sens tu déborder par les évènements, c’est bien possible. N’oublie pas que tu n’as que 2 petits bras, et 2 petites jambes, tous douloureux et que tu as tellement sollicités depuis le temps que la terre te porte qu’il faut les ménager et qu’ils t’indiquent par leur lenteur que tu dois être attentive et te ménager. Facile à dire, se résigner alors ? non, je ne le peux pas et pourtant certains jours j’aimerais tout lâcher, j’aimerais lâcher prise mais je ne suis pas encore prête. La psychiatrie ne m’a pas permis de le faire. Elle m’a aidé certes à mieux évaluer les éléments mais il me reste un long travail à accomplir, ma vie entière n’y suffira pas je le sais déjà.
Parfois, j’aimerais rejoindre un monastère, une communauté pour me fondre dans une masse agissante qui me délivrerait du poids de la réflexion. Ceci est une autre histoire.
ERC
Le : 7/05/ 2010 11h dans mon bureau