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Publié par fuzzybabeth

Un ami vient de me transmettre un pps. Sur Poulbot et la vie à Paris au début du siècle dernier. Je n’aime pas trop ces photos un peu surannées, tristes, ce Paris-là bien qu’une certaine nostalgie me hante en permanence. Cependant, une photo attire aussitôt mon attention. Une publicité pour la phosphatine Falières. J’ai adoré il y a encore pas très longtemps mangé cette mixture qui tient à l’estomac, qui se bloque dans ton œsophage tel un mortier qui ne veut pas descendre, mais qui est si sucrée si douce, au parfum si envahissant. Il faudra que je regarde si la phosphatine est toujours en vente. J’en doute, les modes passent, les produits évoluent, les règlementations t’interdisent telle et telle substance. Je vérifierai quand même. Cette photo ouvre une petite porte dans mon cerveau et m’entraîne vers des mots, des mots que j’aime, des mots qui évoquent tout un univers, tout mon univers de petite fille.

 

La Laitière : à l’époque on apportait son bidon de lait, que la grosse dame (et oui elle était grosse, c’est toujours rassurant la rondeur, j’ai des amies rondes, je ne le vois même pas c’est si doux, tellement plus agréable à l’œil que les mannequins anorexiques)  remplissait en plongeant une louche en aluminium dans un gros bidon avec 2 oreilles. Le lait était entier, il faisait une jolie peau, que tu pouvais faire cuire, ou simplement manger avec une grande cuillère. Les bols étaient décorés de cerises. Le sucre était en morceau. La sucrette n’existait pas. J’avais ma carte pour le lait. C’était juste après la guerre. Tu achetais aussi tes petits suisses à l’unité et les yaourts dans de jolis pots de verre. Le beurre était une grosse motte jaune d’or, si la motte était un peu trop entamée alors le beurre était rance, comme il n’y avait pas encore de frigo,tu en achetais un petit morceau que tu rangeais précieusement dans ton garde manger appuyé sur ta petite fenêtre de cuisine. Enfin, c’était comme çà chez moi.

Vin : mon grand-père avait rapporté de sa bourgogne natale des plans de vigne. Il faisait son « vin ». Le vin était bio, tu ne te posais même pas la question. C’était un produit naturel. Il en faisait juste pour sa consommation personnelle. Chaque année c’était la fête, il invitait les amis, et nous faisions la vendange. J’aidais à cueillir le vin que je rangeais dans des grands paniers en osier. J’en transportais des petites quantités sur ma patinette verte. Pépé mettait son vin dans la cuve, il le pressait. J’adorais ce moment où nous allions goûter le premier jus, du jus de raisin, rouge un peu trouble, un rouge violacé. C’était si bon. Les jours suivants, le vin fermentait dans le sous-sol.  Des nuages de petits moucherons explosaient. Après il fallait attendre pour le boire, mais j’étais trop petite, je n’étais pas autorisée, moi j’avais la citronnade de Mémé. Elle achetait ses bouteilles à la Coop et je n’ai là non plus jamais retrouvé ce parfum de jus de citron. Je n’essaie plus c’est inutile.

Décidément, ma vie est parsemée d’odeurs, de boissons, des sensations, tout pour la bouche. Je suis bien française ! j’ai même un cousin de mon père qui faisait son eau de vie et qui gardait le meilleur de sa production dans une bouteille bien planquée au fond d'un placard et sur laquelle trônait  deux superbes lettres : M.G.

Ma gnole ?  meilleur goût ? pas du tout çà voulait dire : Ma gueule ! et quand il voulait bien partager il choisissait avec qui. Papa était de ceux là et je ne sais pas pourquoi j’étais très fière que le cousin Eugène un grand monsieur bourru, dégingandé mais au cœur d’or qui n’avait pas eu la joie d’avoir d’enfants mais qui avait adopté, sur le tard, deux petites filles un peu difficiles, partage avec mon papa que j’admirais tant.

Le : 7/05/ 2010 

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