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Dans un grand bocal
j'ai confiné mes précieux légumes.
La vie continue
se nourrir est moins évident
dans ce temps où l’on redécouvre la valeur des choses
où il ne suffit plus de traverser la rue pour acheter ses tomates
dans ce temps où il faut un papier dans sa poche
pour aller faire ses courses et faire la queue
dans ce temps où l’incertitude règne
mais où la nature continue de pousser
comme si de rien n’était
car elle n’a pas besoin de nous
ce qui n'est pas réciproque
dans ce temps troublé
dans ce temps bouleversé
une carotte
une tomate
un poireau
une pomme de terre
sont des biens précieux.
Merci à tous ceux qui font
que nous pouvons encore vous consommer
malgré les embûches sur le chemin.
Amis légumes vous méritiez bien
ce petit compliment.
Au tout début des années 50,
juste après la guerre,
une autre horreur de l'humanité
mais un ennemi visible,
mon grand-père m'avait confié
un petit lopin de terre
pour y faire pousser
quelques topinambours
qu'il soit remercié,
c'est sans aucun doute
à lui que je dois de vous aimer.
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