l'odeur des bougies de Noël
En ce temps-là, il y a quelques décennies, je crois que l'émerveillement de Noël était encore plus grand qu'aujourd'hui.
Les enfants ne choisissaient pas leurs cadeaux, en cochant des cases sur des catalogues au papier souvent de mauvaise qualité et aux couleurs approximatives.
Je me souviens de certains Noël.
Ils étaient tous pareils mais tous différents.
Les plus beaux furent ceux avec mes grands-parents paternels et mes parents.
Pas de frère, pas de sœur avec qui partager les cadeaux, ou partager les jeux.
Dans les deux cas, il y a du bon et du moins bon.
Dès le début des vacances de Noël, comme on disait alors, mes parents me déposaient chez mes grands-parents à Combs la Ville, dans l'appartement de fonction dans l'immeuble Lalique, c'est là, que je voyais par la fenêtre de la cuisine, arriver un sapin gigantesque, qui sentait bon l'Alsace et la résine.
Avec admiration, je regardais les ouvriers le décharger du camion, avec mille précautions derrière les fenêtres embuées car le chauffage n'était pas toujours des plus performants.
Après quelques jours, nous partions Mémé Fernande et Pépé François, dans la 202, rejoindre Draveil pour passer les fêtes de Noël dans leur résidence principale-secondaire avec mes parents.
Je ne me souviens plus de tout, juste quelques images toujours vivaces dans ma mémoire et dans mon cœur.
L'installation du sapin dans la salle de séjour était un moment où mes yeux brillaient de malice.
Dans le sapin, il y avait comme aujourd'hui, des boules multicolores, des guirlandes qui scintillaient et des guirlandes lumineuses aux ampoules multicolores qui clignotaient. Mais surtout il y avait des bougies, des vraies bougies blanches torsadées que l'on allumait directement, avec beaucoup de prudence dans le sapin et donc la senteur ravissait mes jeunes narines.
Il y avait aussi des décorations dont j'ai presque tout oublié, sauf un perroquet très coloré, qui a traversé les années et qui chaque année est le point d'orgue de mon propre sapin. Il est vieux, décoloré mais j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux.
Il y avait aussi un père noël, en coton, il ne reste plus que la tête. Il était trop vieux pour être conservé. J'aurais peut-être dû éviter de lui couper la tête… trop tard
De mes noëls, je me souviens d'une façon très claire, de l'assiette que nous déposions sur la table de la salle à manger, destinée au Père Noël pour qu'il se restaure dans sa longue nuit à descendre dans les cheminées. Il y avait du fromage, du saucisson, du pain et surtout un verre et une bouteille de vin que grand-père faisait.
J'étais émerveillée le lendemain matin, autant par mes cadeaux que de voir l'assiette à moitié vide.
J'étais une petite fille très gâtée, certains cadeaux sont eux aussi encore présents dans ma mémoire :
ma poupée "Manuela" au teint de pain d'épice
mon baigneur Petitcollin, dernier jouet de ma vie
mon cartable avec plein de poches pour mes dernières années de l'école primaire
le landau gris à l'anglaise pour mes poupons
et tant d'autres.
Manuela est toujours là, mon grand poupon aussi. On se moque parfois de moi, mais je tiens bon.
Ils sont ma vie, ils sont mes amis, ils sont mes souvenirs, ils sont des repères, quand la vie va mal.
Lorsque le souvenir aide à affronter le présent, comme un signe de longévité, alors tout ne peut qu'aller pour le mieux, malgré les soucis et les chagrins.
Mes grands-parents sont partis depuis longtemps
Mes parents aussi
Ma tante Jeanne, de qui j'étais si proche, qui fut mon premier gros chagrin, lorsqu'à quatre ans elle nous quitta à jamais.
et mes autres grands-parents que je ne voyais que l'été dans le Poitou.
Ainsi va la vie, un jour on ne croit plus au Père Noël…
mais la vie est belle
à Noël
et malgré elle !
Alors, je m'appelais Babeth.
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