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29 août
29 ans
soirée prévue
soirée annulée
invités décommandés
prudemment je n'avais rien prévu pour le gâteau
pas voulu... tant pis
le champagne transpire sa buée dans le frigo
une autre fois
dommage
c'est si bon
et puis 29 ans
un 29 août
ça n'arrive qu'une fois dans sa vie
j'ai eu 17 ans un 17 avril
il y a bien longtemps que j'ai oublié ce qui s'est passé ce jour la
alors pour ne pas y penser
je me suis évadée
le ciel était serein
comme ce même 29 août
un coup de train
une petite épopée qui m'a vu courir pour ne pas rater le train de 17.08 à la Gare d'Austerlitz
une gare... je ne pouvais pas rater ce partage
un premier train qui nous passe sous le nez
on était bien dans le jardin
ligne 14 à l'arrêt : effet bizarre
le temps courait
trouver une solution !
abandonner l'idée de ce trajet par le 24 qui sillonne Paris
ligne 12 moins poétique
puis ligne 1
MA ligne depuis mes 2 ans 1/2
"il y a toujours un coin qui me rappelle" comme chantait Eddy
et tout qui s'emboîte
coïncidence ce matin rangement de quelques CD et hop
le vinyl d'Eddy qui ressort un rescapé du grand brasier
ranger pour oublier hier
ranger pour me remettre les idées en place
ranger une place pour chaque chose
 
Hier... le signal rouge qui s'allume au moment où l'on arrive
un sprint final
même pas composté le billet
de loin un signe de la main
ouf !
je n'ai plus qu'à m’affaler devant un cappuccino pour récupérer
 
une dame s'assoit devant moi
2 enfants l'accompagnent
environ 8 ans
un choc !
j'observe
je dis au petit garçon aux grandes lunettes cerclées de noir qui lui mangent le visage, le teint olive d'outre-Méditerranée (qu’il ne doit pas connaître)
"je croyais que tu buvais un café"
air renfrogné
"je suis sur que tu es très intelligent"
 
La dame au doux visage résigné me fait un sourire et commence à me parler
elle se raconte
je suis Algérienne
j'ai 55 ans
ce ne sont pas mes enfants
je suis famille d'accueil depuis 25 ans
l'autre petit garçon africain
lui aussi retiré à ses parents
lui aussi en psychiatrie
lourdes histoires pour de si petits bonshommes
j'écoute attentive
pendant une demi-heure on parle
c'était doux, profond, passionnant, violent
un papa en prison
les menaces de mort
je caresse le petit garçon à ma gauche
j'aime lui faire des sourires
vous savez moi et les enfants ! vieille tortue à la carapace cabossée et rugueuse...
combien je regrette de ne pas avoir échangé mon numéro de téléphone avec la dame... elle me remercie de mes mots... dérision !
je sors bouleversée et mes pas m'entraînent vers le jardin des plantes
la superbe collection de dahlias et les fleurs me font du bien et me calment un peu
le 24 (le bus) n'est pas loin
juste traverser la rue
je décide de me mettre au défi et de continuer à pied
c'est un jour comme ça
comme il y en a de temps en temps
la vie passe
la vie coule
un jour de soleil
qui avait plutôt mal commencé, improvisation réussie,
et puis tout se déchire
les lambeaux
de pas beau
s'effilochent
alors on se sent bien
on se dit que
la vie est belle
enfin une certaine beauté,
une certaine légèreté de façade
la Seine coule indifférente
et j'aime tellement voir ce long ruban qui glisse entre les berges impassibles
et les rires et les
sourires
reviennent
l'adrénaline monte
je recroise un train : l'Orient Express,
pour quelques jours, encore amarré à l'I.M.A.
qui rutile dans le soleil parisien m'attire dans son sillage
Le parfum des épices d'Istanbul emplit mes narines.
Les clics des touristes claquent de partout
Je me laisse porter
Je suis une touriste à Paris
Quelle volupté !
Je remonte les quais de la Seine
Je croise Notre Dame
Impossible de rentrer
Fermeture à 18.45
Je rentre dans les boutiques de souvenirs.
Une gargouille, une tour Eiffel
Je ressors en souriant
Je ne fais pas mieux quand il s'agit d'acheter du fog de San Francisco ou un morceau de lave d'Islande ou une lampe en forme de tour de Pise (je peux le faire !)
19.15 : mes orteils sont en sang
une halte s'impose.
Un banc m'accueille dans le discret jardin de la tour Saint-Jacques.
Un petit sparadrap pour protéger la légère blessure
Et je repars 
J'aimerais remonter jusqu'à mon autre gare, celle du retour
Mes forces se refusent à cet exercice
Je ferai le tour du futur nouveau Forum des Halles.
Je ne reconnais plus rien.
Pendant ce temps, je suis le trajet de l'autre train
Celui qui va dans le Berry
Pendant que j'ai fait trois kilomètres
Le train en fait cent cinquante vers le centre de la France
J'aime cette disproportion
Les touristes me frôlent indifférents
Les terrasses des bistrots du quartier du Forum sont bondées
Je m'engouffre dans la ligne 14 qui refonctionne
Puis gare Saint-Lazare… zut ! raté ce n'est toujours pas un «Bombardier»
Mais un vieux «double-deck» ! profitons-en bientôt,
L'homme est étrange on regrettera leur odeur, leur bruit
L'insolent espacement du quai…
20.00 : retour à la maison
j'ai toujours mal aux doigts de pied
21.00 : il n'est toujours pas rentré
alors on dine tous les 2 un peu triste
minuit : il rentre. Il monte. Ma porte de chambre est encore ouverte. Je la ferme. Je suis incapable de l'affronter. Demain... tant pis je suis tortueuse. Cette année il n'y aura pas de cadeau. Il ne voulait rien. J’ai respecté son désir. La plus désemparée c'est moi ! l'année prochaine qui sait...
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photo ERC
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photo ERC

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Tag(s) : #pastilles de vie 2014
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