un souffle ténu
Ce n'est pas une épitaphe, il faut que le destinataire soit décédé. Ce n'est pas encore le cas. Pourtant comme il est toujours étrange de se dire qu'une vie s'en va, qui est déjà à moitié partie ? Un coma probable, le mot n'a pas été posé en ces termes. Je ne sais que ce qu'une traduction très personnelle m'a donné.
Pourtant, là-bas, un souffle de vie reste là vivant, alors que tout est depuis si longtemps déjà éteint.
Personne pour lui tenir la main. Pas la mienne, je ne suis pas sure qu'elle le souhaiterait, mais qui sait, peut-être nous sommes-nous ratées, comme avec ma mère ! je ne crois pas quand les préjugés et le "quand dira-t-on" est plus fort que le propre jugement personnel, il est inutile de lutter, de chercher à plaire, juste ne pas envenimer les choses. L'autre y est pour quelque chose, une rencontre, une entente sont aussi quelque part une affaire de marketing de merchandising. Bien positionner le produit, bien le vendre, bien le mettre en avant pour qu'il séduise l'autre. Je n'ai pas besoin de séduire, de plaire. Je suis comme je suis, avec mes failles, mes forces, mes faiblesses. Je les connais, je les assume, je n'essaie même plus de les combattre. Il y a de la lumière dans mon âme, il y a de l'amour, mais je ne peux le donner que si en face de moi quelqu'un en veut. Tu ne peux rien imposer à l'autre. C'est une perte de temps et d'énergie.
Il est sûr que cette dame, ma belle mère, selon la loi, pour la nommer, ne m'a pas beaucoup aimée, puisqu'elle avait été jusqu'à annuler la cérémonie pour mon mariage ! Sauf lorsque son unique petit fils est venu au monde. Alors son regard s'est ravivé, un sourire est revenu.
Suis je responsable des rapports curieux, absents et du départ de son fils. Moi ou une autre la démarche aurait été la même ! il fallait qu'il s'échappe pour respirer juste pour vivre. Nourri par élevé. Aimé ? Sans doute. "À leur façon", comme il a su me le répéter, il y a longtemps "je t'aime à ma façon", bizarre, qu'aurais-je du faire ? Cette imminence d'un départ vers un autre monde me bouleverse soudain. Aurais-je pu inverser ou tout au moins modifier le cours de nos relations ?
Et puis elle est seule dans cette institution. Son mari est immobilisé chez lui, suite à un col du fémur qui n'en peut plus, lui non plus !
Je me pose la question. Doit-il repartir ? Il n'est revenu que depuis samedi soir ? ne regrettera-t-il pas de ne pas être là le moment où… la vie aura dit son dernier mot…
Je ne sais pas, je n'ai pas de conseil à lui donner, je ne sais que dire. J'aimerais lui offrir mon épaule, je ne le peux plus. J'aimerais le soutenir, je dois le faire à mes dépens.
Je sais que c'est un moment de grande solitude et de grande interrogation. C'est un peu le sort de l'humanité. 98 ans lundi prochain si elle survit…
On verra bien. Il y a quatre ans, ses heures étaient comptées. Mais c'était il y a 4 ans !!!
En attendant, je pense, je me pose des questions. Je n'ai pas les réponses. Je sens son souffle ténu, léger, léger. Seule… C'est, je crois, le plus difficile à supporter. Le reste n'est que la vie, la mort, aujourd'hui, demain, le présent et le futur.