Louise Bourgeois
Je viens d’avoir un coup de cœur.
Même si j’enfonce des portes ouvertes, qu’importe. Cette porte est à moi et je la pousse comme je peux, quand je peux et elle m’aide à aller plus loin. A chacun ses capacités, ses ambitions. J’aimerais être plus cultivée, plus courageuse aussi pour affronter la foule et les piétinements devant les œuvres d’art. Mon canapé me rassure. Il est toujours disponible, enfin presque ! Je m’y installe quand bon me semble. Alors, j’ouvre un bouquin ou plus souvent la télé.
Aujourd’hui, je viens de regarder un portrait de Louise Bourgeois. Une rediffusion sur Arte que je regrette déjà de ne pas avoir enregistrée.
Je connaissais peu cette dame décédée la semaine dernière. Son œuvre m’inspirait peu. Mais la magie a opéré. Elle expliquait dans une longue interview l’histoire de son oeuvre. Et ses femmes-maisons, entre autres, veulent maintenant dire quelque chose. Elle s’est livrée sans retenue, et cela m’a plu. Son expérience de vie, de ses vies, le rapport aux parents notamment à son père, son enfance, au fait d’être une fille, brutalement expliqué dans l’épluchage d’une orange. Chez moi on mettait le papier de l’orange tortillé aux quatre coins pour en faire une tortue, pas pour me montrer que je n’avais pas de pénis.
« Pour exprimer des tensions familiales insupportables, il fallait que mon anxiété s'exerce sur des formes que je pouvais changer, détruire et reconstruire. »
Ceci me rassure. Mes propres angoisses trouvent un appui. Je n’ai évidemment retenu que ce qui m’arrangeait. Le principal est que quelqu’un m’ait redit ce qui m’obsèdera inlassablement, l’enfance, les angoisses, les manques, les trops…. Elle a su magnifiquement exploiter toutes ses souffrances. Bravo madame ! Je trouve fascinant l’inspiration de chacun, les richesses diverses et uniques. Je suis une petite fille éblouie. J’ai entendu de nouvelles œuvres. Je n’adhère pas à tout, je n’aime pas tout, mais j’ai appris quelque chose qui m’a fait du bien.
Alors, mon esprit en escalier, me propulse à Florence, la ville où tout est possible surtout le beau, l’excellence de la beauté. Je revis l’inoubliable exposition d’ Henry Moore. C’était à Florence en 1972 aux jardins Boboli. Les sculptures engloutissaient le soleil du couchant, se répondaient les unes aux autres. Les sculptures dans ce lieu magique qui surplombe Florence étaient une féérie extraordinaire.
Tu me tenais par la main, nous riions, le soleil nous berçait, nos ombres se suivaient enlacées.=