le train de 12.39

Le train est reparti. J'aime le bruit métronomique de ses essieux qui me berce et m'emporte dans mes rêves.

Je lis attentivement un texte difficile. Soudain rien ne va plus, mon cocon s'est brisé. Des gens parlent, d'autres téléphonent. Des voix du monde entier s'entrechoquent, se superposent sans se mêler. Chacun sa langue, ce n'est plus un train mais la tour de Babel. Pas un son en français à ce moment précis ou alors en retenue pour ne pas déranger le voisin. Je suis obligée d'arrêter définitivement ma lecture incapable de faire abstraction de cette cacophonie ambiante. ML Brigge mérite un peu de concentration ! Même les essieux ne se font plus entendre. Ma voisine, a également replié son journal, un clin d'œil réprobateur en biais. Côté fenêtre, une femme encore jeune, blonde aux cheveux ondulés, mi longs, lunettes rondes en écaille me sourit. Elle est vêtue de violet et de noir. Elle consulte son agenda. J'aimerais engager la conversation. Je ne le ferai pas. Le trajet est trop court. Déjà elle se lève. Le terminus approche. Les téléphones et les conversations s'abrègent. Le train s'immobilise, je suis le mouvement et descends à mon tour. Il est 12h50.

#pastilles de vie