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Ces moments que je ne supporte pas sont revenus. Le temps de l’attente, le temps d’agir aussi. Contradiction. Tout le reste anéanti. Rien d’autre ne peut exister. Je n’ai pas le choix de mes choix. Il faut faire cela, à ce moment précis, pas demain, impossible de procrastiner, de remettre au lendemain. Avec une échéance qui se rapproche de jour en jour sans certitude, une attente insupportable. Une rupture de la vie quotidienne que je commençais à maîtriser. J’ai du mal beaucoup de mal à m’en sortir. L’étouffement, l’angoisse sont là, je me sens près de rompre, le roseau ne rompt pas. Après comment vais-je vivre cette séparation ? J’ai très peur. Et pour tout arranger, le soleil me boude. Je sais c’est stupide, mais si vous n’allumez pas le moteur de la voiture, elle ne vas pas démarrer. Moi, je suis pareille, sans soleil, je reste au point mort incapable de décision, de bouger, tétaniser dans un corps qui ne réagit pas.

Une maison se vide, l’autre se remplit. Pour quoi ? Pour qui ? Je suis ulcérée, je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il y ait tant de gens dans la pauvreté, et que personne ne veuille quoi que ce soit. Je ne comprends pas, surtout je ne peux pas comprendre. Après les livres, j’ai brûlé tant de couvertures, de coussins, d’oreillers, qui pourraient être doux à un corps malheureux.

J’ai pris une décision difficile, enfin une nouvelle décision. Mes parents avaient deux petits meubles que j’aimais beaucoup qui sont dans ma chambre, hier, j’ai décidé qu’ils ne feraient pas le voyage de retour. Aujourd’hui, ils vont être débités à la scie et mis au bucher, celui qui brûle depuis des jours. Mon dieu que c’est dur. Tourner la page, tourner des pages, je n’ai pas fini de ruminer. Il faudra que je trouve des occupations qui me sortent de cette panade.

Le temps présent, n’existe pas. C’est le même sentiment que j’ai toujours, lorsque je suis malade, le temps perdu. Je n’aime pas être malade, car le temps n’est plus le mien. Il est celui de la maladie, de la convalescence, de la patience, je n’en n’ai pas la maîtrise. Je ne sais pas laisser le temps au temps. Je suis tellement focalisée sur le temps présent, que je n’arrive plus à gérer le reste. La maison attend, la vie de ménagère aussi. Les mails, les écrits, les corrections de textes, le rangement, payer les impôts locaux. J’aimerais tant vivre dans une autre dimension, dans un autre choix. Courage ! Je suis couarde. Je subis, mon corps n’avance pas. J’ai des amies qui n’arrêtent jamais, moi je ne sais plus, la petite flamme, ou la grande flamme s’est éteinte, c’est cela qui doit expliquer le reste.

J’ai eu la bêtise de vouloir changer les meubles de mon bureau. Catastrophe, çà ne va pas, je n’ai plus de meubles, et tout est en vrac. Je sais que çà va durer. Une fois les clefs rendues, il va falloir rattraper le retard accumulé, vais-je survivre ? J’aimerais partir avec ma chienne dans les bras, ailleurs, ailleurs, ailleurs, mais où ? Pourquoi faire ? Mes bagages sont si lourds à porter, je n’en vois pas le bout, un jour… Je suis tellement monolithique que je ne sais pas subir. J’aimerais changer, j’aimerais, je n’en suis même pas sûre. Mon corps est fatigué, il est usé, précocement je me dis. Encore un automne compliqué qui s’annonce. S’il y avait encore de l’amour je suis sûre que ces moments seraient plus supportables, je pourrais partager, il n’y aurait pas ces tensions, ces décisions absurdes qui font perdre l’énergie résiduelle dont je dispose. Si seulement, il voulait m’écouter un peu, je n’arriverai pas pour charger une camionnette alors que rien n’est prêt. Qu’il faudra attendre plusieurs heures avant de pouvoir commencer. Chacun son rythme certes. Pourquoi rester ensemble ? C’est peut-être la bonne question. J’y pense plus que souvent mais je ne me sens plus capable. J’ai raté des occasions de le faire, j’avais fait le plus dur, j’ai capitulé alors, j’attends que le soleil revienne, en attendant je vais me faire un thé, au moins, à défaut de mon cœur, mon corps sera réchauffé pour quelques minutes. 

Tag(s) : #pastilles de vie
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