le "petit bain"
La journée au lit
Énervée, vexée, ne pas tenir la parole donnée !
Désolée…
Annulez ma journée du troisième jeudi du mois,
Trop mal, le médecin, les médocs, le lit
Le soir je serai mieux, comme toujours le soir
Sensation de bien-être éphémère
Je ne verrai pas les cloches de Notre Dame posées au sol en attendant de rejoindre le clocher des tonnes de matière, des noms, des histoires, des sons, une belle histoire, des belles enfermées pendant des siècles invisibles à nos yeux. Regret. Pas le choix.
Jeudi soir
Mois de février
Métro : Bibliothèque FM ?
Non ! option : Bercy pour son parc, pour le lieu, pour la flânerie, pour la traversée de la Seine. Première promenade hivernale de la chiwawate enfouie dans son manteau de Chipie, c'était déjà il
y a cinq ans.
Passer la cinémathèque (Metropolis, Tim Burton… souvenirs)
Chercher la passerelle Simone de Beauvoir
Elle est là, je le sais !
Je ne suis pas seule
Je ne la vois pas
Demander au jeune homme, aux lunettes rondes et noires, qui passe rapidement, emmitouflé dans son manteau, pressé de changer de rive
Où se trouve cette putain de passerelle ?
Ce n'est pas ainsi que je formulerai la question ! et puis quoi encore !
Elle est là, je le sais, je la connais, mais je ne la vois toujours pas
Il sourit
- Elle est devant vous madame !
Ah oui, j'avais vu le talus
Je n'avais pas vu les marches du grand escalier
L'éclairage est en panne
On s'approche
On gravit les marches
Nous sommes seules,
Le jeune homme a disparu dans la nuit de Paris
Arrivées sur la passerelle
Paris s'illumine
La Seine scintille
Tout au bout, à droite sur le quai
Une péniche
C'est là
On y va
Il fait froid
Très froid
La brise pénètre nos os
Déjà dans le métro les jupes se soulèvent
La ventilation, toujours la ventilation de la ligne 14
Cette ventilation qui m'insupporte
Qui transporte les miasmes, les papiers qui volent,
La poussière qui tournoie et s’insinue dans mon nez
Nos mots se font rares
Nos lèvres se gercent
Le froid
Je l'ai déjà dit
En face la grande bibliothèque curieux bâtiment explosé en 4 L ou 4 ailes pour elle ou mégalomanie de lui
Ma compagne s'appelle Léa, compagne de mots, compagne
d'écriture, compagne du pays de Candy mais pas que de Candy
j'aime sa tranquillité apparente, son air d'éternelle jeunesse
tandem imprévu, mais follement sympathique
la passerelle est avalée
par le petit côté à droite
descendues le long du quai
la péniche est là
c'est écrit dessus : le PETIT BAIN
deux futurs spectateurs fument abrités le long de la cabine de la péniche
nous pénétrons
le lieu est presque vide
nous sommes en avance
seule Mélanie est là ainsi que quelques-uns des artistes qui se produiront ce soir
Marie n'est pas encore arrivée
Les bougies sont allumées
Le décor se plante
Une ile
Nous sommes sur une ile, ailleurs, au bout du monde
une ile immobile prête à lâcher les amarres
la péniche immobile ancrée sur la Seine
Plus haut, un Buffalo grill nous nargue de ses bannières lumineuses insolentes
Nous n'en avons que cure
C’ est bien tout est bien
Un coup d’oeil à la carte des boissons,
Un cocktail ? non trop tôt
Trop froid attendons un peu
Les autres spectateurs sirotent déjà accoudés au bar
La Seine m'attire
De l'autre côté des vitres embuées et un peu sales
Des reflets plongent dans l'eau
Dans l'eau noire, dans l'eau froide
Les reflets d'or, les reflets d'argent, les reflets de lumière
Des reflets d'hier, des reflets millénaires
Des reflets, l'eau, qui coule inlassablement
Pas une vague, l'eau est calme juste un frisotis créé par cette petite brise pénétrante et insupportable de l'hiver
Les lumières du POPB un peu plus à gauche se reflètent
Les voitures passent dans une somptueuse ignorance de la péniche
La voie sur berge commence un peu à se reposer
Les automobilistes sont presque tous rentrés chez eux
Mais la ville ne s'arrête pas pour autant
Marie est arrivée avec Nico
Nous nous interrogeons, nos estomacs réclament
Le petit restaurant, tout petit, petit, petit, s'appelle
«La cantine»
Le serveur nous donne le menu hyper simple
Box de poulet au curry et riz
Nous en sentirons les effluves plus tard par nos voisins qui comme nous, sur notre invitation, aurons squatté la troisième des rares tables destinées aux repas, les autres dineront debout C'est super
J'aime
Ah oui il n'y a pas que du poulet il y aussi des bagels, des buns aux garnitures variées. Nous choisirons bagels au saumon et végétariens (avant on disait aux légumes !)
Ah oui, mais il faut boire...
De concert, nous choisissons sur l'ardoise, une bouteille de Bourgueil
Très agréable, plus tard… pas beaucoup plus tard
Car la bouteille n'aura pas le temps de chambrer
Je découvrirais qu'il s'agit d'un vin bio,
La seconde bouteille suivra de près
Et la seine coule toujours et les reflets me fascinent
Et les bougies s'essoufflent
Les deux barmen derrière le petit comptoir du bar font affaires !
Heureux, souriants, agréable moment
Je range précieusement dans mon sac le bloc de ces si jolies feuilles de papier de toutes les couleurs. Un cadeau. Un arc en ciel de couleurs. Qu'en ferai-je ? Mystère.
21 heures
Mélanie micro à la main, un grand sourire qui envahit son visage, la console est installée, l'estrade est prête, la sono n'attend que le signe du départ
Les réjouissances peuvent commencer
Mélanie présente la soirée
Tout va être enregistré, filmé
Prochaine diffusion ?
Pas d'info sur le sujet
Il faudra aller sur le site de radio nova et scruter les programmes
Il y a du rap, en fait il s'agit d'une soirée musicale, un peu autour du rap
Marie est là comme une jolie parenthèse, invitée par Mélanie, autour
de la musique
La musique des mots, lire des extraits de la lettre à Booba
Parenthèse de déclamation, de passion, de poésie, la musicalité des mots, comme une musique qui fait écho aux mots de Booba
Plus j'écoute ce texte plus sa force se révèle et s'en dégage.
Éditeur ? Y a-t-il un éditeur ?
Je sens un frémissement
Booba n'est pas loin
Je ne me souviens plus du nom des artistes vedettes de cette soirée
Je mettrai le lien, ils étaient bons musiciens, convaincus, authentiques
La foi dans leur art
La foi dans son art, y croire… le vivre
Il faudrait parler de Fadia
Super ambiance, Léa et moi : deux dinosaures comme elle le dira avec son grand sourire ! mais on s'en fout totalement ! être dans son plaisir
Il n'existe pas d'âge pour la joie, le partage et jouer à la marelle
Toujours viser le ciel !
Le ciel c'est quoi ?
Un sourire
Un carré de chocolat
Le soleil de l'aube
Un plat de spaghetti
Un bouquin dévoré
Un message d’amitié
On était bien le "clan des quatre" autour de Marie et du Bourgeuil
Chacun son style, chacun son âge, chacun sa vie c'est ainsi
Mais où sont les autres amis ?
Le grand chien éthéré flotte au-dessus de nos têtes, en lévitation, déjà souvenir,
son regard nous accompagne et nous nous en rêvons. Dernier regard, un adieu…
Le rouge aux lèvres, le rose au front, lovée dans son legging léopard de Colombes, et d'un court short noir imitation "skaï" avec lacets sur les côtés et … Regret : nous ne verrons pas le T-shirt rouge et noir de "ma chatte" caché sous le grand pull noir pour protéger du froid de la nuit. Une autre fois
Ne pas trop le laver, ne pas faire baver les couleurs, ne pas les délaver
Elle, Marie, attaque la lettre à Booba, nous avions un peu choisi les passages
Un peu au hasard, un peu pour la musicalité, un peu pour le rythme, un peu, beaucoup parce qu'on aime
Ce texte, plus je le fréquente … plus je lui trouve force et poésie.
Ne pas s'arrêter aux mots, aller plus loin chercher…
Marie lit.
Elle s'embrouille un peu intimidée, les bruits de la petite salle, peu à peu s'apaisent,
Plus un bruit
Marie peut lire dans le silence
Je vois le public attentif,
Encore, encore
- Lis tout !
Mélanie la soutient, l'encourage du coin de l'œil, elle est son invitée
Nous aussi ! on est devant la scène, serrées, il faut que çà marche
Nico filme
On y croit, on a raison !
On écouterait bien encore plus, mais non c'est la fin
Applaudissements
Nous nous asseyons encore un coup de rouge, bientôt la fin de la soirée pour moi
Bientôt le téléphone sonnera, le mari de Léa lui dira qu'il est arrivé, qu'il nous attend devant le Buffalo, celui des enseignes lumineuses !
Son mari qui aura traversé paris pour la récupérer et me ramener, par la même occasion à la maison, nous traverserons sans encombre, mais avec bonheur un Paris qui ne dort que d'un œil
Un beau moment
La seine coule
Tout est beau
Tout est bien
Plus tard, la nuit sera envahie de ma toux et de mes insomnies…
La soirée aura été belle.