la sortie du tunnel
Et si c’était vrai. Et si je ne rêvais pas, et si je ne rêvais plus.
Est-ce encore possible que l’horizon s’éclaircisse ? J’y crois, il faut que j’y crois.
Le soleil timidement vient me réveiller. Il me caresse de ses premiers rayons du matin. Les plus doux. Ceux porteurs de promesses pour une longue journée. Ils m’appellent, « viens, nous allons faire un câlin, prête-moi ta joue, prête-moi ton corps, je vais te caresser. Je vais t’envelopper, te dévorer. Oublie tout. Je suis là, je suis sur toi, je suis en toi, je suis toi. Laisse moi faire, tu verras je saurai te combler, te remplir de joie, d’espérance, d’avenir, de promesses. »
J’y crois. Tu m’ouvres des portes, des milliers de portes fermées depuis des années. J’avais tout verrouillé, mon corps, mon cœur, mes émotions, mes désirs, mes pensées. Il faut que j’ouvre ma vie que je libère tout ce poids que je porte depuis si longtemps.
Comme des milliers de ballons multicolores retenus dans un grand filet, et qui attendent le moment où le filet va céder pour s’envoler dans le ciel pour un grand voyage. Respirer, flâner, planer, caresser les nuages pour une course folle. Il faudra juste être prudent. Ne pas toucher d’obstacles, ne pas désespérer, continuer ton chemin vers un ailleurs riant et verdoyant pendant longtemps. Ta vie à ce stade doit être belle. Le temps passe si vite, mais il y a tant d’espoir.
Des signes, des gestes, des mots depuis quelques mois m’arrivent. Petit à petit, je reprends pied.
Les choses s’accélèrent, il y a des à-coups, des moments de désespoir et tu te dis que c’est foutu. Que ce n’était qu’une illusion. Non, accroche toi, elle est là la sortie du tunnel, de ton long tunnel noir et désespéré. Au bout, il y a la vie, il y a le soleil, il y a la joie, il y a les autres, il y a toi, enfin il y a moi, vivante, vibrante. Je veux crier que j’existe, que la vie est belle. Les émotions arrivent, les sanglots avec, libérateurs, protecteurs plus que dévastateurs.
Je rencontre d’autres personnes, j’écoute leurs bonheurs et leurs détresses. Je m’en imprègne.
Cette semaine, j’ai vu Lea, elle m’a entrainée joyeusement et pudiquement dans son univers, dans son jardin caché au fond d’un long chemin. Je me suis sentie bien dans sa maison, où elle a toujours vécue. Cette maison dégage des ondes extraordinaires. J’ai aimé ce moment. J’en suis repartie, le sourire aux lèvres, apaisée.
Je ne dirai jamais assez combien cette année d’atelier m’a bouleversé et transformé. Sans lui, je prendrais surement toujours mes petites gélules le matin, et les petits bouts de barrettes, toujours à portée de main, dans leur rigolote petite boîte ronde et verte, « les petits bonbons du bonheur » comme les appelle Françoise.
N’importe quand, ne pas s’en éloigner, lorsque tu étouffes et que tu n’arrives plus à te gérer et à refouler tes angoisses. Ils ont presque disparu de ma vie. La transition s’est faite lentement. Un peu de petites granules, d’autres techniques, mais déjà la volonté était là. Attention, lorsque tu es dépressif, la volonté n’y fait rien. Je hurle lorsque j’entends dire à un dépressif « bouge-toi, secoue-toi, tu manques de volonté ». Ils n’ont rien compris, quand le mal est là tu ne peux pas le déloger ainsi, la baguette magique n’existe pas. Je le sais, je l’ai tellement dit à ma mère, je m’en veux, je lui voulais du bien et moi j’étais malheureuse.
Une autre vie m’attend. Je n’aime pas Colombes, cette ville trop grande, trop sale, malgré tout je me sens bien dans mon petit coin où le renouveau pointe son nez. Ma porte s’est entrouverte. Je rencontre plus de gens. J’ai enfin réconcilié mes deux moi. La campagne et la ville. Il fait beau, tu es dehors sans attendre le week-end et crac la pluie t’accueille !
Dans ces petits riens, hier une phrase sur Facebook, me disait « maman t’embrasse très fort » J’ai chaviré. Ma tante. Ma cousine. Mes tantes. Mes oncles. Mes cousins. Mes cousines. Oui, je vais foncer, je suis bélier ‘don’t forget it’ . Je vais peut-être me brûler les ailes. Je prends le risque. Il faut que je sache.
Mais toi pourquoi ne m’accompagnes tu pas dans mes folies. Oh, et si tu étais le sage qui me tient juste un peu la bride pour ne pas que je m’échappe dans des ailleurs périlleux.