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D’où lui vient ce joli nom ? Evocation de longues nuits de sommeil protégé au calme sous les arbres, et sous un très long toit de tuiles rouges. La maison des 3 petits cochons, la plus solide, la plus belle, celle pour laquelle tu as eu un coup de cœur. Il te coutera cher ton coup de cœur. Celle où l’on se sent bien, où une fois le portail refermé tu occultes tous tes soucis de la semaine pour deux longs jours. Celle où enfant, tu sais que lorsque tu réveilles, au chant des oiseaux, parfois du coq, il n’y aura pas d’école. Tous ces jours là ne sont que des jours de vacances, de jeux avec les copains.

Elle m’échappe. Il le fallait. Nous avons tout fait pour cela. Pas d’autre alternative.

N’empêche je suis triste, une tristesse plus proche déjà de la mélancolie. En quelques heures vingt ans de complicité, de toit commun, de bons moments, de fêtes, de rires, de joie, de fruits cueillis et dévorés tout juteux, de bassines de confitures, de fleurs parfumées au rythme des saisons. Mais aussi des blessures, le chien qui s’éteint tranquillement après avoir fait un dernier tour du terrain. La tempête de 1999 qui fit s’envoler le toit de la maison, déraciner des arbres. Les pleurs entre voisins dans la rue. La désolation. Le compteur d’eau qui éclate en plein hiver sous l’assaut du froid. Les tortues qui en deux temps trois mouvements qui s’échappent et que tu ne retrouves pas. Mais aussi plus de Vingt ans de ta vie mon fils.

Ce n’est pas fait. Mais il faut s’y préparer. Les premières signatures sont données. Déjà les projets du nouveau arrivent. « Ici on va casser le mur, là on va faire une terrasse, en haut, je ferai ma chambre. Déjà, presque plus chez toi.

J’avais tout mis, mes espoirs, mes rêves, mes fantasmes. Je la voyais quand je fermais les paupières, elle n’a pas été comme mon rêve. Pas les mêmes goûts, pas les moyens, pas le temps.

Il faut trier, jeter, donner, rapporter, intégrer, tes souvenirs, les cartons d’un ancien déménagement, les achats, les cadeaux un peu empoisonnés des fois. « Pour la maison de campagne ». Oui, mais toi tu peux aimer le design plutôt que le pseudo rustique, même si partout tes plafonds ne sont que des poutres. Tu peux aimer le choc des extrêmes.

Je suis triste. Hier, j’ai rapporté une vieille gamelle, pourquoi elle ? Comme ceux qui se raccrochent à des bribes de vie après la tempête. Depuis longtemps les derniers souvenirs de papa, sans valeur pécuniaire, sont revenus chez moi. Ceux de maman aussi ce sont aussi les miens, toute mon enfance. Et puis qu’allons nous faire de tous les jouets.

Enfin, les prochaines semaines vont être très occupées.

Bientôt, je ne prendrai plus l’autoroute A4 que j’ai connu avant Mickey, avant tous ces bâtiments qui surgissent chaque semaine sur le bord de la route comme des champignons après la pluie.

Je n’aurai plus à partager mon temps. Je n’aurai plus à faire et défaire sans cesse des paquets. Les sacs resteront dans le placard, il faudra les vider de tous leurs trésors, souvent inutiles mais que je trimbalais à chaque fois : la cicaderma, le crochet pour les tiques du chien, son carnet de santé. Un chihuahua n’est pas fait pour les grandes étendues, de ce côté, ce sera mieux.

J’irai vers d’autres horizons, d’autres aventures, vers la mer, tremper mes pieds dans la Baie de Somme, sans attache, sans contrainte et ce sera bien aussi. « Le vent t'emportera » comme dirait Bertrand Cantat. Le nez au vent, tout un programme.

Ah oui, la dodo maison, c’était le nom que mon fils lui avait donné, juste quand il avait cinq ans, juste quand nous avions acheté cette longue bâtisse au long toit de tuiles rouges.

Je te garderai dans mon cœur, je n’aurai plus d’angoisse dès que le temps change que tu souffres, que l’on te pille.

Je laisserai des amis. Nous essaierons de nous revoir.

Tag(s) : #pastilles de vie
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