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Publié par fuzzybabeth

 1h40 –mardi matin -

Bonne nuit les petits il n’y a de bonne compagnie qui ne se quitte. 

00h et quelques minutes -  déjà demain

Le merco est vide. Ma tête aussi. Retour du merco .Tiens mon fils qui rentre. L’air fatigué. Dans ses pensées et quelques brumes d’alcool. Quand nous rentrerons il dormira.

Pas un chat dans les rues d’Asnières ni un trou de souris pour garer le merco. On repart. Retour à Bois Co. Il y passera la nuit. Ce matin, je recommencerai la manœuvre.

23h04

Stop. On est arrivés. Embouteillages et travaux nocturnes sur le trajet du retour. Que de travaux la nuit. Impressionnants les engins. Oui, mais les travaux ont commencé dès Coulommiers. Il y en aura d’autres. Quand tout va de traviole, tout va de traviole. Pas de panique : pas d’accident, pas de panne d’essence. J’ai maitrisé au mieux le frein à main.

 

Le camion se vide, paquet par paquet. Odeur de poussière, d’humidité, de long stockage.

Nos trésors sont descendus avec infiniment de précaution vers les entrailles du garage.

Je resterai discrète sur nos trésors pour ne pas attiser les convoitises.

J’en connais qui feraient bien main basse sur mes clous rouillés, non mais ! Quoi encore.

Je ne partage pas mes outils sans manches, ou le taille haie utile quand on a une haie. Ce n’est plus notre cas.

Je regarde avec tendresse la petite chaise en bois, autrefois blanc cassé, dont la peinture est écaillée.

J’y mettais mon baigneur Petit Colin (où ma maman avait travaillé, next door, de notre appart. A Paris). Une marque sérieuse, fabrication française à Oyonnax. C’était avant la Chine !! Du dur, du solide, du beau.

Oui, je suis patriote et alors !

Le baigneur porte encore une barboteuse en tricot.  Tricotée par maman ou par moi. Oubli. Ses pieds de celluloïd chaussés de petits chaussons jaunes assortis, noués par un ruban de satin. Jaune pisseux bien sûr.

Tiens, c’est curieux, j’ai oublié son nom. Ma dernière poupée, avant les Barbie de mon fils, entre Batman et Snoopy partis en fumée et Gizmo et. Alouette…

Je m’étonne de ne pas encore avoir fait de cauchemars avec ce bûcher. Et s’il était le symbole de la renaissance, de la purification, de la libération, plutôt que la douleur de la séparation, du temps passé, des souvenirs, du fric aussi, j’ai bossé pour ce qui part en fumée, soyons pragmatique, merde…

20H54

Je fume, je fulmine. Je veux partir. La grande pièce est quasi vide. On n’est pas encore parti ! Je voudrais écrire le mot FIN. En attendant, c’est le mot faim qui me taraude.

2OH47

Je viens de remplir mon 3ème sac en kraft, recto verso ou presque. Mon écriture est approximative, mais je suis toujours très étonnée de voir que je ne fais pratiquement pas de rature à l’écriture. J’écris d’un trait régulier. C’est bien. C’est spontané.

Chipie tremble sur mes genoux. Je sais le chihuahua tremble tout le temps. Enfin des fois plus que d’autres.  J’ai mal partout et maintenant à l’épaule. La faute à l’écriture.

De l’autre côté de la cuisine, je l’entends transporter les caisses, les cartons, les lampes, les vis, les clous et mille choses inutiles. Il paraît que le tri se fera à la maison, on verra bien.

En attendant, il va falloir le vider, ce p… de merco à l’arrivée. Notre jardin est trop petit. On ne peut pas le rentrer. Fuck ! Positivons, au moins on le vide tout de suite sans remettre aux calendes grecs. Tiens, je préfèrerais les calanques grecques.

Mais où allons nous mettre tout ce bazar. J’ai beau essayé de respirer. Je suis oppressée.

Au loin, une lueur vive. Ah, c’est un tapis qui crame.

 

20H30

Suite au prochain numéro. Un verre d’eau. J’ai envie d’un gros dodo. Je range précieusement mes sacs en kraft. Ce doit être accueillant. Ma pépète était montée dessus pour se faire une petite toilette. Autre alternative. Oh non ? C’est si nul. Tu verras quand tu reliras ces mots plus tard, tu te souviendras comme d’un excellent souvenir ce moment rare. La laideur de la chose aura disparu. Pépète ? Tu as pris mon sac de kraft pour du PQ ?

 

20h

Plus de télé ni de poste de radio, pour savoir ce que la route du retour me réserve. Circulation ? Embouteillages ? Blocage des routes ? Va savoir !

J’avais dit haut et fort que je ne voulais pas partir à 21h comme la semaine dernière. Tu parles. « Oui », il m’a dit, je me suis encore fait avoir. Je l’ai cru. Sa devise doit être « cause toujours tu m’intéresses ».

La dernière camionnette n’est pas encore chargée.

 

19H50

J’ai toujours froid. Pas de chauffage. Il y a 5° dehors et dedans. Moins le vent.

Je mets une nouvelle paire de chaussettes. Mon bonnet de laine grise et noire me tient chaud aux oreilles. C’est déjà çà. Je n’ai rien pour inspirer l’amour comme dirait Aznavour.

J’ai faim aussi. Rien à manger. Il reste une boîte de flutes au sésame de chez Coccinelle. J’aime bien faire mes courses chez eux. Mon ADC est charmant, souriant, poli, avenant, courtois, un excellent commerçant en bref.

Monop ferait bien de s’en inspirer pour améliorer l’accueil parfois un brin hésitant.

Je vais partager les flutes avec ma quadrupède préférée. J’ai tout bêtement oublié de lui apporter ses croquettes. Elle est donc à jeun depuis les corn flakes du petit déj. Petit estomac mais qui a besoin d’être rempli lui aussi.

En plus elle a trois ans aujourd’hui et je l’ai complètement oublié. Non, elle n’aurait pas eu de gâteau à la Chantilly. Mais quand même.

Elle est gelée elle aussi. La truffe et les pattes gelées. Je la rentre dans mon manteau.

 

19H4O

Une promenade avec le fauve qui dormait dans le merco, épuisée d’avoir aboyé toute la journée pour appeler Cali attachée de l’autre côté du grillage. C’est notre copine cette grande cane corso grise que l’on a connu chiot. Elle passait ses journées avec nous.

Petite promenade dans la campagne noire comme le cul d’une poule (en fait je n’en sais rien) et silencieuse. Les oiseaux et les tracteurs se sont tus. Les hérissons silencieux n’ont pas encore commencé leur balade nocturne et si périlleuse. Les vaches ruminent en silence assez loin de mes oreilles. Le petit bruit du lavoir semble endormi.

Il n’y a que l’odeur que l’on remarque. Si j’osais … une odeur âcre, fétide, humide, qui envahit l’atmosphère. Nous en sommes les responsables. On y met tellement tout à brûler depuis des jours alors tout se mélange. Ma culpabilité de pollution atmosphérique et olfactive s’arrête là. L’alternative est le trottoir. Mais il n’y en n’a pas dans mon hameau !!!

 

19H30

Un grand coup de fatigue. J’enfile mon manteau par dessus trois gilets poussiéreux.

Mon corps me dit stop. Il n’en peut plus.

Deux lumbagos à venir. Je prends les paris. Il n’est pas en meilleur état que moi.

Je cherche un cahier, un papier, plus rien pour écrire.

Il y a bien, dans un coin ma vieille machine à écrire. Son sort n’est pas encore tranché. Encore jeune, elle n’a que quarante cinq ans. Nationalité : suisse, carrosserie : métal, couleur : vert intégral. Sa marque ??? Sais plus.

Signes particuliers : ses touches plus mes doigts nous ont fait gagner des concours de dactylo. Ils avaient lieu le dimanche j’y allais avec Annie. J’adorais cela. Mes doigts couraient. A un concours, j’ai raté le 20/20 pour une faute que je voyais mais qui était « incorrigeable ». J’en rage encore.

Il faudrait que je vérifie le ruban, il doit être carbonisé. En trouve-t-on encore ? Doutes, gros doutes. Alors il faudra la jeter.

 

Rien pour écrire.  Mon stylo s’ennuie, moi je piaffe. L’IP4 pas assez véloce pour un texte complet. Un mail, un SMS : pas plus.

Je me rabats sur des sacs en papier kraft marron et neufs. Je les éventre pour en faire des grandes feuilles. Tout à l’heure je m’en servirai.

 

18H30

P… la tondeuse. Et le merco c’est pour quand ??

Dernier petit tour de jardin de la dernière tondeuse. Cinq minutes en guise d’adieu. Elle part elle aussi chez un voisin. Adieu les tondeuses. Plus de mulching. Alain ne pourra se moquer de ton petit accent quand tu « moulches » !

 

18H25

Je continue le coup de balai dans les greniers. La poussière grasse, poisseuse, grise est de plus malodorante. J’en prends plein les narines. Au secours. Où sont les masques ? On a pourtant un gros aspirateur mais il ne sert à rien car il faudrait trier, les boulons, les vis, encore et toujours, les clous. S’y mêlent des choses non identifiées. Des crottes de chat, de mulot, des plumes, des petits os secs, et des myriades de bouts de restes de je ne sais pas quoi. Des pages de vieux T7jours résistent. Tiens Alice Sapritch était en couverture. Ce n’était pas la semaine dernière !

 

17H52

J’ai fini de balayer le RDC. J’ai même chassé un bon nombre de toiles d’araignées et leurs occupantes, des petites aux pattes fines, des grosses au corps velu. Leur regard dit qu’elles sont déçues de se voir déloger à coup de poil de balai. Tchac, sous ma semelle. Kaput les araignées.

 

17H30

Un petit tour dans le jardin pour m’aérer un peu. Je vais remplir un sac de poires pour la dernière fois. Elles étaient bonnes et bio bio. C’est la nature qui décidait.

 

16H36

J’ai froid. Il reste un sachet de soupe à l’indienne de chez Royco. Un festin. J’ai cru trouver un grain de raisin. Je vois qu’il n’y en n’a pas dans les ingrédients ? C’était quoi alors ? Je n’arrive pas à retrouver les jolis légumes qui figurent sur l’étui. Dommage. Mieux vaut ne pas savoir.

Le voisin arrive pour nous aider. Evidemment, c’est toujours au dernier moment que la plomberie se déglingue.

 

16H

Je trie, je range, je jette, je brûle. J’ai mal au dos. La routine.

 

15H

Je me harnache et me mets au boulot.

Je trie, je range, je jette, je brûle. J’ai mal au dos. La routine.

 

14H50

Il m’a gentiment préparé un nescafé. Je le bois avec délice

 

14H14

Il nous reste la table en béton du jardin. Le soleil nous accompagne. Je pose les sandwichs, les yaourts et les éclairs au chocolat achetés chez Total au prix du caviar. Ne critique pas. Eux avaient de l’essence au moins.

 

13H25

Enfin, j’arrive fourbue mais contente. Il fait beau. Je fais le tour du jardin pour me dégourdir. Papotage futile. Je fais aussi le tour de la maison pour faire un petit état des lieux. Il a bien bossé depuis qu’il est arrivé. Certaines pièces sont quasi vides. Les paquets sont regroupés dans la pièce qui nous a servi d’entrepôt alors que sa vocation l’appelait à être une pièce à vivre. Pas un dépotoir. Comme une verrue au milieu de la maison. Passage incontournable entre la cuisine, la salle de bains et les chambres.

 

11H33

Première étape de mon long voyage de 90 kilomètres. Seule dans le merco. L’œil rivé sur les quatre barres de la jauge à essence je prie pour qu’elles ne baissent pas trop vite.

Total –Aire de Bussy Saint Georges – A4. Bouchon dit le panneau quelques dizaines de mètres avant l’accès à la station service. Clignotant à droite. Je stoppe net. C’est plein de voitures, une bonne centaine. Bon signe. Il doit y avoir de l’essence. En repartant, je constaterai que de l’autre côté de l’autoroute, la situation est encore pire.

Les automobiles, chauffeurs pour la plupart, sont relativement calmes, résignés, désabusés ou soulagés. Sauf deux qui s’engueulent.

Je ne suis pas sur la bonne file. Le réservoir est à gauche. Je faufile ma machine d’un coup de volant artistique vers la gauche. Le soleil est là. Tout n’est pas perdu. Ouf le pire est fait. Ou presque.

J’appelle mon homme lui raconte la situation, le problème possible s’il n’y a plus d’essence. Il reste stoïque. Il n’a pas grand chose d’autre à faire.

Ma vessie n’en peut plus depuis ce matin. Et pourtant, je m’étais contentée d’une petite tasse de thé. Oui, mais l’émotion, le stress, la panique ont fait le reste.

Je m’extirpe du merco, plante le camion, mon chien, mes affaires et court vers les toilettes.

Le charmant jeune monsieur de la grosse Audi, juste devant moi, me propose, très gentiment de prendre la clé du camion au cas où on bougerait. Je ne réfléchis même pas. J’obtempère. De toutes façons sa voiture est beaucoup plus belle que le camion et il ne peut pas s’échapper me dis-je la vessie jusqu’aux dents.

Je reviens vite, soulagée, en ayant pensé à acheter une bouteille d’eau. Le camion a avancé de quelques mètres. Le monsieur me fait un grand sourire. Fin de la romance.

La plaisanterie durera plus d’une heure. Mais j’ai du diesel. Ada pourra me remercier et me rembourser l’investissement pétrolier pour leur compte.

Cà m’énerve un peu, car pendant ce temps là, le réservoir de ma voiture est à moitié vide.

Dans les circonstances actuelles, le « à moitié plein » serait d’un optimisme exagéré. On verra demain.

 

10H30

Je suis arrivée chez ADA à Asnières. Troisième location en dix jours.

Ma voiture est à Bois-Co.

Le monsieur qui commence à me connaître montre un certain pessimisme pour l’essence. Le merco n’a que quatre barres. Le BP en face est fermé. Plus rien à vendre. C’est en pleine crise de blocages des raffineries.

Quatre barres c’est jouable pour mes deux cents kilomètres mais pas sur non plus selon la circulation. Panique dans mon ventre.

Zut, J’ai pas le beau VW de l’autre jour, mais un vieux merco avec un frein à main à la noix. Je sens que çà va m’énerver aussi.

8H

La sonnerie du canard me réveille. Il faut que je me lève pour aller chercher la camionnette. C’est aujourd’hui le dernier gros voyage. Manque de pot, c’est aussi le début de la pénurie d’essence. Il pleut.  Il fait froid. Pépète rechigne à venir avec moi.

 

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