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Pleurer pour qui ?
pleurer pour quoi ?
mes yeux sont secs
irrémédiablement secs.
 
Pourtant, l’envie me prend
presque comme une recherche de jouissance
de voir couler le long de mes joues 
des larmes chaudes
des larmes douces
des larmes de bonheur 
sauf que la tristesse ni la joie ne me procurent de larmes.
 
Peut-être avons nous à la naissance, comme les neurones,
un capital déterminé de larmes ?
encore faudrait-il le savoir
pour pouvoir s’épargner des pleurs
inutiles ou futiles pour en garder un petit stock pour plus tard
lorsque la douleur est trop forte
et que le soulagement viendrait se perdre 
dans un joli mouchoir de fil blanc incrusté de dentelle.
 
Je me souviens de ce petit mouchoir…
Je crois qu’il est toujours quelque part dans une boîte
mais dans quelle boîte ?
et où est la boîte ?
 
C’est donc cela, il y a longtemps que j’ai épuisé mon quota.
Des flacons de larmes de bonheur m’ont envahies 
dans des jouissances heureuses
où l’amour était le maître.
 
Peut-être, aussi un peu la faute des médicaments
Qui aurait contribué à épuiser prématurément mon stock,
ou les chagrins de ne pas voir mon ventre s'arrondir.
 
J’aimerais tellement encore pouvoir me laisser aller aux larmes,
parfois c’est la seule chose qui me manque 
lorsque je serre la petite chienne dans mes bras
Et que sa chaleur envahit mon corps de tendresse et de paix intérieure.
 
Est-ce que je suis passée pour une ingrate
une sans cœur ou quelqu’un d’insensible,
lorsque aux obsèques de ma mère je n’ai pas pu pleurer ?
Est-ce qu’il y avait quelque chose à voir avec notre relation complexe
et ce manque de vérité et de sincérité qui m'étouffait,
ne parlons pas de tendresse, elle devait être bien cachée.
 
Peut-être ai-je trop versé de larmes
dès ma plus jeune enfance 
dans des deuils qui n’étaient pas de mon âge
et qui ont marqué ma vie à jamais,
 
Peut-être ai-je trop versé de larmes
durant les années de ton absence,
 
Peut-être ai-je trop versé de larmes 
en espérant l’impossible 
qui me paraissait pourtant tellement possible 
ou pour des rêves insensés,
ou des chimères de pacotille,
 
Peut-être…
tout ceci est bien fini, la source tarie,
Mais est-elle vraiment tarie ? 
Avec ou sans larmes je continue mon chemin
me contentant des larmes furtives nées 
d'une quinte de toux
ou de la fumée d'une cigarette
ou d'un peu trop de froid sur mes joues
ou d'un coup de vent sur une plage,
me contentant de fausses larmes protégées dans un petit flacon plastique,
sans émotion, juste un geste technique.
 
Leur absence n'empêchant cependant ni les rires, ni les chagrins.
=====
 



 
photo de couverture : Pablo Picasso, « La femme qui pleure », 1937,
Huile sur toile, 55,3 x 46,3 cm, Musée national Picasso-Paris, MP165
Tag(s) : #2024, #PO & ZIE, #humeur de tortue
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