lumière (vendredi13novembre acte4)
La date suffit à nous replonger dans l'horreur
Paris et sa périphérie dans un bain de sang.
Des illuminés ont tenté de nous jeter
dans l'obscurité
dans l'obscurantisme.
Ils n'ont pas réussi
ils ne pourront jamais réussir,
notre monde est imparfait
mais il est lumineux, libre, tolérant.
Je t'ai choisie pour porter ce fabuleux nom :
"lumière"
il te va si bien.
Symbole de la force qui nous anime,
de la volonté farouche
de ne pas tomber dans la peur, la terreur,
la crainte du lendemain
la peur de l'autre.
"lumière"
scintillement
pour tous ceux qui nous ont quitté
pour tous ceux qui sont blessés
pour toutes ces familles brisées
pour ceux qui étaient présents.
Luire, comme les étoiles au dessus de nos têtes
et que le ciel trop bas
trop chargé,
trop pollué,
cache, trop souvent, à notre vue
mais tellement présentes
que l'on peut ressentir leur force
dans l'immensité des cieux.
"lumière"
parce que le mot est si beau
si doux
un mot magique
qui apaise
comme la petite veilleuse
apaise le bébé qui finit par s'endormir dans son joli berceau.
"lumière"
comme les phares qui guident les bateaux
"lumière"
comme les bougies allumées au moment des fêtes
"lumière"
j'aurais pu choisir,
une blanche immaculée
une grenat ou une jaune.
pourquoi toi ?
L'instinct, l'évidence que c'était toi et toi seule
reflet des pensées qui se bousculaient dans ma tête.
Tu n'es pas qu'une orchidée,
tu es beaucoup plus à mes yeux.
vous êtes toutes précieuses.
Chacune porte un nom,
souvenir d'une mère, d'une amie,
d'un chien parti dans son paradis,
d'un évènement important, triste ou heureux.
"Rosetta et Philae" m'a fait un petit, qui vient de fleurir.
vous êtes réunies autour de la passion
irraisonnable que j'ai pour vous
et le respect pour votre beauté sauvage.
Il aurait pu ne pas revenir.
Son téléphone a sonné
tandis qu'il me disait d'une voix que je ne connaissais pas :
"il y a eu un attentat"
j'ai compris que l'indicible, l'inadmissible, l'incompréhensible,
l'impardonnable, était arrivé
Il cherchait ses amis.
Perdu, seul dans les rues
pas encore investies par les forces de l'ordre
les ambulances,
les secours,
seul avec sa peur
seul avec ces bruits, ces cris, ces crépitements dans les oreilles
avec le souvenir du regard dans ses yeux
de ce bras qui l'avait accroché
pour en faire un otage,
ne sachant pas comment il était sorti de cet enfer ;
enjambant les corps privés de vie,
rampant entre les rangées de fauteuils
descendant l'escalier
le goût du sang omniprésent.
Indemne de blessure, je crains que dans ta tête
malgré ce que tu nous dis,
qu'une petite lumière se soit éteinte
alors, c'est pourquoi, "ELLE" est là
présence dérisoire pour nous aider,
nous réconforter,
nous permettant d'avancer.
Tu n'étais pas encore rentré.
Mon angoisse transpirait par tous les pores de ma peau.
Entre joie de te savoir indemne et la colère et le chagrin.
"lumière"
Je ne sais pas comment je t'ai choisie
L'instinct sans aucun doute,
reflet de mes pensées immédiates.
Ton coeur n'est qu'une myriade de petits points rouges
tels de minuscules gouttes de sang
le sang versé
le jaune de tes pétales invite le soleil et l'espoir
et le rosé le mélange des larmes et du sang.
Je te regarde aujourd'hui,
je n'ai rien oublié, lui non plus.
Son regard est plus triste
mais toi tu es vaillante, fleurie
j'admire, émue, ta longue hampe colorée
et je me dis que la vie est belle
tout en pensant aux autres
à tous les autres qui ne sont plus.
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un vieux texte déjà, jamais publié que j'ai envie aujourd'hui de remettre en lumière. Encore un nouvel attentat qui nous a frappé à la Préfecture de Police. Jamais il n'y aura de fin ?! je crains...
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