quatorze juillet
jour de la fête nationale, un grand défilé va avoir lieu à Paris, près de la Tour Eiffel.
Dans cette banlieue, très calme, aux grandes maisons bourgeoises, où il ne se passe pas grand-chose d’exceptionnel tout au long de l’année, les habitants, enfin ceux qui habitent dans le quartier près de la gare, ont décidé de prendre le train pour aller assister au défilé.
Comme ce sont les vacances scolaires, ce sera aussi l’occasion, après le défilé, de prendre les nouveaux autobus et d'aller à la fête à Neuneu où les enfants pourront s'amuser dans les manèges aux couleurs rutilantes.
Dès le petit matin, tout le monde est levé. Le petit déjeuner vite avalé, pain, beurre, confiture de fraises du jardin. Les enfants, leur toilette de chat terminée, enfilent leurs habits du dimanche, culotte courte, grandes chaussettes, chemises à grand col, veste bleu marine et godillots, sans oublier l’indispensable casquette. La maman vérifie que les mains sont propres que le nez est mouché. Elle met dans leur poche un grand mouchoir de coton fin à carreaux bleus et blancs.
Le père est parti en avance pour acheter les billets de train, guêtres, chaussures vernies, haut de forme, veste longue, car en ce 14 juillet, le soleil a oublié de se lever, et il fait un froid très inhabituel pour la saison. Tout le monde craint pour les tomates, les salades et les fruits. La gelée n’est pas loin. Drôle de saison.
La maman a son sac à main, au bout d’un bras, le panier à pique-nique de l’autre, d’où déborde une nappe à carreaux fraichement repassée, et une bouteille de limonade. Entourée des enfants, excités comme des puces, ils se dirigent vers la gare. C’est un vrai vacarme dans cette rue, car ils ne sont pas les seuls à vouloir aller à Paris. Quand ils arrivent à la gare, il y a déjà beaucoup de voyageurs qui attendent le train, et il en arrive de partout, de la passerelle, et aussi des rues adjacentes.
On sent que le chef de gare est inquiet. Va-t-il y avoir de la place pour tout ce monde ? Il n’y a qu’un train aujourd’hui, s’ils ne montent pas tous, ça va être l’émeute et je suis seul, etc.
Maman, maman, il arrive quand le train ?
Je ne sais pas. Louis, tiens-toi tranquille. Donne la main à Honorine.
Où est papa ? On va le retrouver tout à l’heure, il attend pour acheter les billets.
Maman, j’ai faim hurle Gabriel, qui malgré ses huit ans a déjà une voix impressionnante.
Gabriel, tu n’avais qu’à manger tes tartines, maintenant, tu attendras que l’on soit arrivés à la tour Eiffel, et puis tais-toi tu me fatigues.
Au loin le train s’annonce, un sifflet strident retentit, les rails et les quais sont ébranlés par la masse impressionnante qui s’avance et qui va s’arrêter à la gare des Vallées, un dimanche matin de 14 juillet.
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