Je ne sais pas la saison
je ne sais pas l’heure
je ne sais ni le jour
ni qui sont mes voisins
un simple bonjour en passant
en se croisant à travers la forêt grise
les gens vont vers leur destin
vers le prochain train
au loin qui bientôt surgira du tunnel
un passager, manteau sur le bras
c’est peut-être l’automne ?
les branches semblent dégarnies
sa valise posée sur le sol attend
depuis combien de temps ?
pour aller où ?
direction : “Gare du Paradis”
une fois dans le train,
il traversera les gares de
“Touvabien”, de “BelEspoir”, de “Demainrieur”
il ira jusqu’au terminus.
il retrouvera sa belle qui l’attend
dans sa robe de soie blanche
pour l’heure,
il attrape sa valise,
s’approche du non-quai, du non-train
pas de bruit, dans le ciel les nuages volent
les oiseaux passent aussi légers que plumes au vent
soudain tout s’est tu
la locomotive s’annonce dans un bruit infernal
les arbres s’agitentles herbes se couchent
des gerbes de vapeur, de fumée s’élèvent dans le ciel
en un grondement insupportable.
les freins crissent
le train s’arrête
le ballet commence
des messieurs descendent
des dames montent
ou le contraire
des enfants crient
la coulée verte attendra une autre époque pour vivre son écrin de verdure
loin du bruit de la ville, des trains,
il y aura les passants, les enfants
un aiguillage oublié
des rails inutiles
sauf aux escargots pour faire des glissades
ce sera demain
ce sera jamais
quelle heure est-il ?
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pour le CLEA d' Anne Lise Seusse