Le tour du monde des saisons, la trilogie acte1
Vues des anges,
les cimes des arbres
peut-être sont des racines
buvant les cieux
Notre nom est : Huldufólk
Quel drôle de nom, c’est le nôtre et nous y tenons beaucoup, comme nous tenons beaucoup à notre style de vie, à notre rythme de vie et à nos coutumes ancestrales.
Nous sommes aimables, farceurs, nous aimons rigoler, boire du Brennivin accompagné,
de hakarl, chanter, danser et surtout courir dans la lande ou grimper le long des volcans.
Nous travaillons juste ce qu’il faut pour aller cueillir les fleurs et les herbes qui feront des bouquets ou des légumes frais pour nos repas.
Nous buvons de l’eau recueillie dans les anfractuosités des roches.
Oserai-je vous le dire, parfois nous guettons le départ d’un fermier pour lui voler un oeuf dans son poulailler. Nous y allons en expédition à quatre ou cinq pour nous relayer pour porter l’oeuf au retour. Les oeufs de poules sont si gros.
Nos femmes tricotent des pulls en laine de mouton qu’elle ramasse dans les prés, brin par brin, et qu’elles filent pendant les longues journées d’obscurité ou lorsque la neige nous empêche de sortir.
L’été, c’est la cueillette des graines, nous les disputons aux milliers d’oiseaux qui nichent pendant la migration sur notre île. Ce sont des oiseaux géants, un jour quelqu’un disait que c’était un macareux.
C’est un très très gros oiseau, enfin de mon point de vue, qui fait beaucoup de bruit, qui a de grandes ailes et qui piaille à n’en plus finir. Il a un énorme bec, le ventre blanc et le dos noir. Ses pattes palmées et son gros bec sont orange comme s’ils étaient maquillés.
Un jour je m’étais aventuré en ville, j’en ai vu derrière un drôle de mur transparent. Je n’ai pas compris, aucun ne bougeait, je crois bien qu’ils étaient tous morts. Ce n’était pas une boucherie, pourtant les hommes repartaient avec un dans un sac en papier marron.
Si aujourd’hui nous avons décidé de vous parler de nous c’est que nous avons senti que vous n’étiez pas hostiles, et que vous n’aviez pas peur de nous non plus.
Au début, nous vous avons aperçu, vos gros manteaux orange qui font du bruit quand vous marchez et vos grosses godasses de marche.
Le sol tremblait, on a cru, qu’un volcan était en train de se réveiller et que nous allions finir sous les éboulis, ou pire, cramés dans la lave en fusion. Oui, nous on parle comme ça.
Notre vocabulaire est très limité mais chaque mot à une signification précise et nous allons toujours à l’essentiel. Nos maisons sont petites, mais nous avons tout le confort. Certains travaillent la roche, d’autres le bois.
Chez nous le bois est rare, il y a longtemps, il y avait beaucoup de forêts, mais les envahisseurs, ont coupé et tant coupé d’arbres qu’à la fin il n’en est plus resté. Maintenant un groupe de dix arbres, s’appelle : une forêt.
Mais, pour nous, une écorce, quelques feuilles ou une brindille nous suffisent pour fabriquer nos meubles ou nos lits.
Nous sommes le peuple caché ; nous sommes les trolls (on nous traite encore de diable, mais de moins en moins souvent). On nous craint parfois parce que nous respectons la nature, les rivières, la terre, que nous faisons tout pour la protéger et que nous ne cèderons jamais. Ils commencent à nous entendre et à nous comprendre.
J’ai vu il n’y a pas longtemps une route qui aurait du être rectiligne, mais qui faisait une courbe apparemment sans raison. Sans raison ? Non, juste parce qu’une famille de trolls y habite et qu’ils ont voulu les épargner.
L’homme peut être raisonnable et nous, nous, aimons cela. Avant de vous saluer et de vous remercier pour l’intérêt que vous nous portez, nous qui vivons dans une cinquième saison qui vous est inconnue, je me présente, mon nom est Arnaldur.
(texte publié de la trilogie)
L’émeraude des Garamantes
(le plus incroyable c’est que personne n’a rien vu ! Exquises coïncidences)
(Théodore Monod)
Un dimanche à la campagne en France,
Ce jour-là était un jour d’été, de grand soleil
C’était un dimanche
la grande table avait été installée dans le jardin
les victuailles étaient abondantes
que des produits de la saison,
que des produits du jardin, du poulailler ou de la pêche.
Une énorme carpe de plusieurs kilos, farcie de mie de pain, d’ail et de persil, avait cuit dans le four à bois du village, en même temps que la grosse miche de pain et les tartes aux fruits du jardin.
Les grosses pommes rouges zébrées de vert trônaient dans le compotier de porcelaine blanche avec des poires, des fraises rouges qui tachaient les mains des petites filles gourmandes.
Une cafetière fumante offrait l’odeur suave du café d’orge grillée.
Un petit pot de lait frais de la ferme sentait la vache et l’étable. C’était plus de la crème que l’on mangeait à la cuillère que du lait.
Un pichet d’eau pure de la fontaine pour se désaltérer.
Sous la charmille ombragée par les vignes qui couraient et se laissaient tomber le long des montants de bois, il y faisait plus frais.
Les grands-mères servaient les limonades aux enfants, avec diligence et toujours le sourire au coin des lèvres.
Le grand-père avait attrapé son violon, jamais très loin de lui, et jouait un air qui sonnait bon, l’été, la joie, l’amitié. Ici on ne tirait pas le diable par la queue,
on était heureux, même si les revenus étaient maigres. Il y avait toujours de la soupe dans les assiettes pour se réchauffer quand l’hiver était rude.
Un vol de cigognes volait, majestueusement, vers le Sud, au-dessus de nos têtes faisant des tâches colorées et animées dans le ciel bleu.
La journée passait calmement, rythmée par les heures qui sonnaient au clocher du village.
Au loin, mais pas très loin, on entendait un bruissement léger. La rivière coulait simple, l’eau était limpide, à travers on pouvait voir des fossiles qui reposaient au fond du lit depuis des éternités. Plus tard, les enfants enlèveraient leurs galoches et iraient en courant se jeter dedans. C’était la fête aujourd’hui, tout leur serait pardonné, même le pantalon trempé jusqu’au fond de la culotte. Les cris, les rires retentiraient.
La diligence bientôt, demain peut-être, si la route avait été bonne, arriverait pour apporter les nouvelles de ceux partis vers la grande ville, la civilisation qu’ils disaient. C’était le début des usines dont les cheminées crachaient des fumées noires que l’on trouvait belles.
Le chemin de fer allait bientôt bouleverser la vie du pays. Les distances se raccourcir, la pollution se développer nous envahir et mettre en danger notre planète. Les sacs plastiques allaient provoquer la mort des tortues et des poissons et tant d’autres choses très vilaines.
La pollution ? Mais c’est quoi, la pollution aurait dit mon arrière-grand-père ?
Il aurait dit pareil pour l’écologie ; l’écologie n’existe pas ! enfin si ! enfin non !
L’écologie c’est juste la vie, la nature, le vrai, une fleur qui fleurit, un fruit juteux que l’on cueille et que l’on mange avec gourmandise, qu’il soit beau ou un peu biscornu, en l’essuyant sur le revers de sa manche tout simplement.
Ce n’est pas de la politique l’écologie.
L’écologie n’a pas de frontière, pas de couleur, juste la joie de vivre, la vie, le bonheur de partager, de passer un moment ensemble, de cultiver son jardin, de respecter les vers de terre. Tiens, je ne vois plus de hannetons dans les jardins, pas plus que d’escargots dans les champs. Et les vers luisants qui brillaient dans la nuit, où sont-ils ?
Les coquelicots ont presque disparu eux aussi ! Pourtant je crois que tout est possible, comme avant, de retrouver, un brin de confort en plus, une douceur de vivre, de croquer sans la laver, une pomme, de boire de l’eau pure et de courir dans les champs pour ramasser des pissenlits. La vie est belle malgré tout et je l’aime.
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