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Publié par la tortue à plumes

 
 
8e appel à écriture
"la cinquième saison"
le tour du monde des saisons (trilogie)
Huldufólk 
L’émeraude des Garamantes
Un dimanche à la campagne en France

 

Vues des anges,
les cimes des arbres
peut-être sont des racines
buvant les cieux

Rainer Maria Rilke

Notre nom est : Huldufólk

Quel drôle de nom, c’est le nôtre et nous y tenons beaucoup, comme nous tenons beaucoup à notre style de vie, à notre rythme de vie et à nos coutumes ancestrales.

Nous sommes aimables, farceurs, nous aimons rigoler, boire du Brennivin accompagné,

de hakarl, chanter, danser et surtout courir dans la lande ou grimper le long des volcans.

Nous travaillons juste ce qu’il faut pour aller cueillir les fleurs et les herbes qui feront des bouquets ou des légumes frais pour nos repas.

Nous buvons de l’eau recueillie dans les anfractuosités des roches.

Oserai-je vous le dire, parfois nous guettons le départ d’un fermier pour lui voler un oeuf dans son poulailler. Nous y allons en expédition à quatre ou cinq pour nous relayer pour porter l’oeuf au retour. Les oeufs de poules sont si gros.

Nos femmes tricotent des pulls en laine de mouton qu’elle ramasse dans les prés, brin par brin, et qu’elles filent pendant les longues journées d’obscurité ou lorsque la neige nous empêche de sortir.

L’été, c’est la cueillette des graines, nous les disputons aux milliers d’oiseaux qui nichent pendant la migration sur notre île. Ce sont des oiseaux géants, un jour quelqu’un disait que c’était un macareux.   

C’est un très très gros oiseau, enfin de mon point de vue, qui fait beaucoup de bruit, qui a de grandes ailes et qui piaille à n’en plus finir. Il a un énorme bec, le ventre blanc et le dos noir. Ses pattes palmées et son gros bec sont orange comme s’ils étaient maquillés.

Un jour je m’étais aventuré en ville, j’en ai vu derrière un drôle de mur transparent. Je n’ai pas compris, aucun ne bougeait, je crois bien qu’ils étaient tous morts. Ce n’était pas une boucherie, pourtant les hommes repartaient avec un dans un sac en papier marron.

Si aujourd’hui nous avons décidé de vous parler de nous c’est que nous avons senti que vous n’étiez pas hostiles, et que vous n’aviez pas peur de nous non plus.

Au début, nous vous avons aperçu, vos gros manteaux orange qui font du bruit quand vous marchez et vos grosses godasses de marche.

Le sol tremblait, on a cru, qu’un volcan était en train de se réveiller et que nous allions finir sous les éboulis, ou pire, cramés dans la lave en fusion. Oui, nous on parle comme ça.

Notre vocabulaire est très limité mais chaque mot à une signification précise et nous allons toujours à l’essentiel. Nos maisons sont petites, mais nous avons tout le confort. Certains travaillent la roche, d’autres le bois.

Chez nous le bois est rare, il y a longtemps, il y avait beaucoup de forêts, mais les envahisseurs, ont coupé et tant coupé d’arbres qu’à la fin il n’en est plus resté. Maintenant un groupe de dix arbres, s’appelle : une forêt.

Mais, pour nous, une écorce, quelques feuilles ou une brindille nous suffisent pour fabriquer nos meubles ou nos lits.

Nous sommes le peuple caché ; nous sommes les trolls (on nous traite encore de diable, mais de moins en moins souvent). On nous craint parfois parce que nous respectons la nature, les rivières, la terre, que nous faisons tout pour la protéger et que nous ne cèderons jamais. Ils commencent à nous entendre et à nous comprendre.

J’ai vu il n’y a pas longtemps une route qui aurait du être rectiligne, mais qui faisait une courbe apparemment sans raison. Sans raison ? Non, juste parce qu’une famille de trolls y habite et qu’ils ont voulu les épargner.

L’homme peut être raisonnable et nous, nous, aimons cela. Avant de vous saluer et de vous remercier pour l’intérêt que vous nous portez, nous qui vivons dans une cinquième saison qui vous est inconnue, je me présente, mon nom est Arnaldur.

(texte publié de la trilogie)

Le tour du monde des saisons, la trilogie acte1

L’émeraude des Garamantes

(le plus incroyable c’est que personne n’a rien vu ! Exquises coïncidences)

 

J’ouvre le livre pour embarquer vers l’Afrique des déserts, loin de la France verdoyante, mais polluée, sur les traces de pas dans le sable chaud,
d'illustres voyageurs qui ont confié leur vie à ces lieux incroyables de mystère,
de beauté, d’authenticité.
J’ouvre le livre et une dédicace apparaît,
indiscrète je la lis, tellement surprise !
«Quelque part, dans ce livre, une pensée…»
«Ailleurs est un mot plus beau que «Demain»...
St Laurent 10/06/93
 
Le livre est d'occasion, je viens de l’acheter, je lui sens un joli vécu, une couleur un peu passée, pas de cornes.
C’était un cadeau !  la dédicace le prouve.
Plus loin un marque-page signe la dernière page lue, après les pages n'ont plus été tournées
je continue excitée par mes découvertes, maintenant,  une carte d’anniversaire de l’Unicef, au motif africain, il n’y a pas de hasard. elle est signée France.
Quel beau prénom, quel beau pays, c’est mon pays, parfois je ne le reconnais plus.
Les violons sonnent faux, les fossiles sont des copies fabriquées en Extrême-Orient, les pommes sont bourrées de pesticides, les rivières charrient des déchets industriels nauséabonds et toxiques. On ne peut même plus se faire servir un verre d’eau fraîche à une terrasse les cigarettes lançant des volutes que ma gorge ne supporte pas. Le diable est sorti de sa boîte comme d’une vieille diligence pour venir nous empoisonner la vie, son chiffre n’est pas 666, mais vingt-et-un, comme ce vingt et unième siècle que nous abordons et qui ne sent pas bon à mon besoin de pureté.
Alors, je reprends mon livre, je continue à le feuilleter, plus intriguée par ma chasse aux petits mots qu’au texte qui pourtant est magnifique.
Un autre, j’en ai trouvé un autre !
Un post-it : «un petit oubli laissé hors du colis hier…»
Je ne lirai jamais entièrement le gros livre de presque 500 pages, je picore et je picorerai des passages son histoire me l’a rendu si attachant que jamais je ne m’en séparerai.  Quelle chance de recevoir de si beaux cadeaux !
Il me reste des questions ? Pourquoi avoir oublié les papiers ?
Qu’est devenu son propriétaire ?
 
«Comme on pouvait s’y attendre, la plupart des espèces sahariennes portent des graines légères, ailées ou plumeuses, dispersées par le vent. S’envoler, très bien, mais il faut aussi, un beau jour, savoir s’arrêter, sinon où finirait-on ?

(Théodore Monod)

 
Avec une phrase comme celle-ci, comment aller mal ?
Moi j’ai bien aimé, c’est tout ce qui compte pour un instant d’évasion et de bonheur simple, sur la seule planète qui nous accueille.

Un dimanche à la campagne en France,

Ce jour-là était un jour d’été, de grand soleil

les dames étaient vêtues de robes à fleurs
les bras nus et le dos légèrement décolleté
les hommes portaient des pantalons légers
et des chapeaux de paille
ça sentait bon la lavande et le jasmin,
la verveine et l’eau de Cologne.

C’était un dimanche

la grande table avait été installée dans le jardin

les victuailles étaient abondantes

que des produits de la saison,

que des produits du jardin, du poulailler ou de la pêche.

Une énorme carpe de plusieurs kilos, farcie de mie de pain, d’ail et de persil, avait cuit dans le four à bois du village, en même temps que la grosse miche de pain et les tartes aux fruits du jardin.

Les grosses pommes rouges zébrées de vert trônaient dans le compotier de porcelaine blanche avec des poires, des fraises rouges qui tachaient les mains des petites filles gourmandes.

Une cafetière fumante offrait l’odeur suave du café d’orge grillée.

Un petit pot de lait frais de la ferme sentait la vache et l’étable. C’était plus de la crème que l’on mangeait à la cuillère que du lait.

Un pichet d’eau pure de la fontaine pour se désaltérer.

Sous la charmille ombragée par les vignes qui couraient et se laissaient tomber le long des montants de bois, il y faisait plus frais.

Les grands-mères servaient les limonades aux enfants, avec diligence et toujours le sourire au coin des lèvres.

Le grand-père avait attrapé son violon, jamais très loin de lui, et jouait un air qui sonnait bon, l’été, la joie, l’amitié. Ici on ne tirait pas le diable par la queue,

on était heureux, même si les revenus étaient maigres. Il y avait toujours de la soupe dans les assiettes pour se réchauffer quand l’hiver était rude.

Un vol de cigognes volait, majestueusement, vers le Sud, au-dessus de nos têtes faisant des tâches colorées et animées dans le ciel bleu.

La journée passait calmement, rythmée par les heures qui sonnaient au clocher du village.

 

Au loin, mais pas très loin, on entendait un bruissement léger. La rivière coulait simple, l’eau était limpide, à travers on pouvait voir des fossiles qui reposaient au fond du lit depuis des éternités. Plus tard, les enfants enlèveraient leurs galoches et iraient en courant se jeter dedans. C’était la fête aujourd’hui, tout leur serait pardonné, même le pantalon trempé jusqu’au fond de la culotte. Les cris, les rires retentiraient.

La diligence bientôt, demain peut-être, si la route avait été bonne, arriverait pour apporter les nouvelles de ceux partis vers la grande ville, la civilisation qu’ils disaient. C’était le début des usines dont les cheminées crachaient des fumées noires que l’on trouvait belles.

Le chemin de fer allait bientôt bouleverser la vie du pays. Les distances se raccourcir, la pollution se développer nous envahir et mettre en danger notre planète. Les sacs plastiques allaient provoquer la mort des tortues et des poissons et tant d’autres choses très vilaines.

La pollution ? Mais c’est quoi, la pollution aurait dit mon arrière-grand-père ?

Il aurait dit pareil pour l’écologie ; l’écologie n’existe pas ! enfin si ! enfin non !

L’écologie c’est juste la vie, la nature, le vrai, une fleur qui fleurit, un fruit juteux que l’on cueille et que l’on mange avec gourmandise, qu’il soit beau ou un peu biscornu, en l’essuyant sur le revers de sa manche tout simplement.

Ce n’est pas de la politique l’écologie.

L’écologie n’a pas de frontière, pas de couleur, juste la joie de vivre, la vie, le bonheur de partager, de passer un moment ensemble, de cultiver son jardin, de respecter les vers de terre. Tiens, je ne vois plus de hannetons dans les jardins, pas plus que d’escargots dans les champs. Et les vers luisants qui brillaient dans la nuit, où sont-ils ?

Les coquelicots ont presque disparu eux aussi ! Pourtant je crois que tout est possible, comme avant, de retrouver, un brin de confort en plus, une douceur de vivre, de croquer sans la laver, une pomme, de boire de l’eau pure et de courir dans les champs pour ramasser des pissenlits. La vie est belle malgré tout et je l’aime.

L'exercice a été particulièrement acrobatique pour cet appel, car en même temps je faisais participer mes merveilleux CM1/2 des TAPS de l'école élémentaire HOCHE. 
- dix voire onze mots improbables, de l'imparfait, une cinquième saison, de l'écologie, ce jour-là, mon nom est, le plus incroyable c'est..., Vivaldi, Théodore Monod, G. Holst, the doors... un vrai défi ! 
 
Magnifique conclusion : 1er prix ex aequo pour moi et 1er prix jeunesse pour eux !
A paraître bientôt dans un livre collectif d'édition épingles à nourrice - Gens du monde)

Réservation possible dès maintenant;

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