je fais semblant
Je fais semblant de vivre
je fais semblant de rire
je fais semblant de sourire
je ne ferais pas semblant de pleurer,
mais les larmes ne viennent pas
mon coeur est nu
mon coeur est vide
j’erre dans les pièces sans but
j’erre dans les pièces et ton ombre me suit
j’erre dans les pièces et ta voix résonne à mes oreilles
j’erre dans les pièces et tu n’es plus là
combien de temps me faudra-t-il ?
combien de temps c’est difficile
combien de temps pour m’habituer
oublier tes yeux si doux
oublier ta fourrure si soyeuse
oublier tes câlins
oublier la tendresse
oublier la complicité
oublier l’amour
tu me frôles
tu es sans cesse autour de moi
la nuit je n’ose toujours pas bouger
de peur de te déranger
le matin, les miettes restent dans l’assiette
et le beurre sur la lame du couteau
ton coussin est resté là
et pourtant je sais, j’étais là pour ton dernier souffle
lorsque ton coeur a dit assez.
naïvement j’ai demandé
vous n’avez pas un remède pour la ressusciter ?
la réponse ? je la connaissais
et pourtant je sais, je t’ai caressée
avant que les vis referment la boîte à tout jamais
j’ai vu et entendu les pelletées de terre
qui peu à peu te recouvraient
et puis l’on t’a laissée seule avec tes congénères
ce qui était une petite consolation
il y a même une couleuvre qui repose
au jardin du souvenir
et des tortues, et des chats
tu me frôles,
je sens ton souffle sur mon ventre
lorsque je suis sur le canapé
je sens tes pattes sur ma cuisse
lorsque tu voulais monter
je te sens partout, à chaque instant
peur de t’enfermer dehors
peur de t’enfermer dans une pièce
peur d’oublier les médicaments
peur
la peur est vaine
il n’y a plus de peur
qu’une immense douleur
qui transperce mon coeur
qui me laisse inutile, brisée et inconsolable
je fais semblant de survivre
il en faudra du temps
avant que ton dernier regard s’efface de ma mémoire
il en faudra du temps pour s’habituer
pour le moment, je te vois sur ton plaid
je te vois sous ton ange et tes fleurs
je ne te vois plus vivante
je ne te vois pas morte
non plus
je flotte, tu flottes
nous sommes dans une dimension à nous
j’aimerais te caresser
j’aimerais t’embrasser
j’aimerais te dire je t’aime
comme avant
j’aimerais voir ta tête hocher aux mots doux
j’aimerais
serais-je raisonnable ?
ces mots sont pour toi
où que tu sois
petite étoile qui brille dans un ciel obscurci
par la tristesse
petite étoile qui me fait lever la tête
et garder une mince raison de ne pas complètement désespérer
et me laisser aller
je t’aime toujours autant.
le temps n’effacera pas cet amour unique et si universel malgré tout.
je t’aime et c’est tout.
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