visions - Jim Morrison et la 72e division
"Je suis un homme de mots"
avais tu déclaré
Poète : il n'y a rien à ajouter
Il n'y a rien de plus beau
Soigner les maux
par les mots
havre de paix
havre de mots
Ivre de mots
Le silence pour ami
On est loin de Oui-Oui !
Les CD sont usés, le livre est tout corné
Monter le son ?
Lire une page au hasard ?
La musique par défaut
La musique par dépit
de ne pas être compris
La poésie par passion
évidence
Adieu alexandrin
Adieu quatrain
Être libre
Ne pas paraître
Juste être
Simplement dans les mots
Les torturer
Utiliser leur rythme
le battement de leur cœur
Ellipses dévorantes
Trop lourd d'être surdoué
Au pays des obèses et des amphètes
3 juillet 1971
La nouvelle est tombée
Nous nous sommes enlacés
Les larmes coulaient
Dans ma ville,
tu venais de nous quitter.
Parfois je te croise : 6ème division
"fidèle à son propre démon"
écrit sur ta tombe
sur le chemin de la 72ème
J'y dépose des fleurs
Les fleurs du mal
Les fleurs du souvenir
Voyage dans ce sanctuaire des âmes volées
Des poètes au repos
dans ce grand jardin clos
Retenir les larmes
Ne pas baisser les armes
Ta présence éthérée remplit l'espace
Tu souffles sur les ombres d'illustres comparses
Tu impulses la vie
Tu propulses la vie
Et nous nourris de tes mots qui reviennent
comme petits papiers qui tomberaient du ciel.
Rimbaud et Baudelaire sont absents
Apollinaire et Bashung te tiennent par la main.
C'était l'hiver quand tu es né
C'était l'été quand tu nous as quittés
Mon cœur est resté en hiver
Au chaud emmitouflée,
Je veux encore et encore
savourer ton American prayer
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(un des textes retrouvés durant une frénésie de rangement, en hommage à J. Morrison écrit pour le 3ème Appel à écritures des contes du jour et de la nuit de V.S.) et une pensée pour la 72ème division où sous le grand arbre ils se tiennent la main.
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