l'illusion de la nuit
l'illusion de la nuit,
l'illusion de la vie,
croire ou ne pas croire,
mirage d'un instant,
magie du moment,
le vent s'est tu,
les nuages ont arrêté leur course dans le ciel
les étoiles, comme par miracle, ont jailli dans la nuit
un autre jour vient de naître
le jour de la nuit
rien n'est pareil
tout est pareil
mon cœur vibre
le verre est froid dans ma main
bientôt le porter à mes lèvres
continuer l'ivresse du bonheur
l'illusion de la nuit
l'illusion de ma vie
seule dans ce petit espace
je me crois au paradis
les mèches des bougies dansent leur farandole
les mèches des bougies me rappellent
je ne résiste pas
bientôt je me lève,
seule, je m'enlace
et je danse sur place
je revis ma journée,
je revis ma soirée
le soleil dardait
le soleil brûlait
elles ont dit :
«rouge, tu étais rouge»
un petit moment «d'ailleurs»,
j'étais passée à la 72ème division,
Mimi et Marcel
Bientôt son anniversaire à elle,
Un peu de ménage ne faisait pas de mal
L'absence des objets dérobés
Lui faisait un peu mal
Pourquoi les dépouiller
Pourquoi dépouiller les défunts,
Je ne comprends pas,
Enfin si,
Mais non,
Je ne peux pas comprendre
Je ne veux pas comprendre
Monter, descendre, remonter, redescendre,
Zigzaguer dans ce havre de paix,
Une ville dans la ville
Fermée le soir à triple clé les laisser entre eux
Se raconter leur vie d'avant
Vivre leur aujourd'hui
Leur vie dans l'au-delà
Existe-t-il seulement ?
Les petites cases pour les petites urnes
Hygiéniques, symétriques,
Du sol au plafond,
Des siècles et des siècles,
Les feux follets seront pour ce soir,
Nous ne serons plus là
Le passé, le présent,
Les guerres, les chagrins d'amour,
Les maladies, les petits caveaux blancs,
Les avions écrasés,
Les jeunes, les vieux,
Les hommes, les femmes,
des mondes qui se côtoient
Une ville dans la ville,
Pourquoi ont-ils choisi ce lieu ?
plus loin,
Un jeune couple, happé par la magie des lieux,
installé sur un banc, entre eux,
des verres à pied remplis d'un vin rosé
Pringles à la main,
Que fêtent-ils ?
Leur rencontre, leur amour
Les arbres pour témoin,
Les corbeaux pour voisins,
Les roues des poussettes peinent et crissent sur les pavés disjoints
Nos pieds mal assurés glissent parfois
La chaleur nous accable
Nous sommes bien malgré tout
Nos ombres se mirent dans les reflets irisés des pavés
Des fantômes bienveillants nous accompagnent
Il y a longtemps… on avait dit
On l'a fait, tout est bien, je me sens bien
Au détour d'un chemin,
Une tombe qui nous parle,
Un trou béant… personne
Rien, le vide maintenant
Les épitaphes ? Pour quoi faire ?
Lui, un «ange»
le mot est un peu fort !
Une chanson nous vient
Ne pas se retenir,
Carmina Burana
Ce sera pour demain les paroles ne sont pas revenues
Déjà demain, le CD emplit mes oreilles,
"Olim lacus colueram"
les voix s'envolent
la musique s'affole,
je plane, je flotte, j'y retourne…
Mimi et Marcel ensemble sous le grand arbre
Les fleurs artificielles, ne souffrent pas du manque d'eau,
piquées dans la terre desséchée, elles attendront, un prochain passage.
L’horaire n’est pas fixé
la saison non plus !
Un jour...
La petite brosse pour que les noms ressortent comme
Édith et Marcel
Marie et Marcel à jamais…
La vie continue
Nous continuons le chemin
Nous remontons encore,
Un bout de pied posé distraitement au passage d’une tombe
Nous nous excusons,
C'est un peu la varappe à Fontainebleau
On aurait pu se mettre en cordée
Les touristes, plan en main
Cherchent les grands oubliés,
Les célèbres anonymes,
Les illustres inconnus,
Les anciennes gloires,
Chacun son chemin,
Chacun sa quête,
Jim Morrison, c'était, hasard, en juillet,
- «Do you know where Jim is ?»
- Plus bas, tout droit, et puis vous verrez c'est plein de monde
la tombe est si petite, si modeste,
l'arbre a été coupé,
des barrières forment un large périmètre de sécurité,
passage obligé
le cœur un peu serré
Pourquoi lui ?
Tant pis pour Molière et les siècles passés
il faudra revenir,
le soleil est trop chaud
le soleil est trop haut
déambulation terminée
nous voici exténuées des heures passées si vite
vite une rondelle et un perrier
vite reprendre le périph.
Vite s'affaler avenue … qui rime avec perrier
Le barboc n'attend pas
La marée est passée, il faut la déguster
La nuit est tombée
Les bulles chantent dans les verres
La tension est tombée
Il ne reste que le bonheur du moment partagé
L'illusion de la nuit,
L'illusion de ma vie.
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