YOYO
Mon cœur fait du yoyo. Depuis plusieurs jours, je n’avais plus rien à dire. Je vivais dans les soubresauts de la vie. Des problèmes familiaux, financiers, le tout en même temps m’avait envahi. Ils sont toujours là mais les jours passant leur violence est un peu atténuée. L’habitude, la prise de conscience et puis sans doute une amorce de solution, ou pas.
Avoir du prendre la décision de faire opérer un monsieur de 94 ans qui « n’ »est « que » mon beau père, par un coup de fil un beau matin, qui plus est dans une autre langue, j’ai vécu un grand moment de solitude. Son fils était absent, pas vraiment joignable. Je ne lui en veux pas. De toutes façons, çà n’aurait rien changé, nous avions beaucoup discuté avant, mais c’est moi qui ai donné mon accord, sachant que le risque de vie était très important.
Une fois de plus j’ai la confirmation que dans l’action tu n’es plus dans la peur, juste dans l’action, dans le mouvement. Comment aurais-je réagi si la conséquence de ce « oui » avait été fatale à ce vieux monsieur que je connais depuis 45 ans cet été !!!
Qu’importe, il s’est réveillé, il ne souffre plus de sa pathologie, juste d’une immense balafre, moi pour la même chose on ne m’avait fait que trois petits trous pour toujours visibles !!
Et puis son fils est parti le retrouver. Je viens de passer des jours seuls, très occupés, comme à chaque fois où il n’est pas là, dans la liberté d’être, d’agir, libérée de cette pression omniprésente, un peu sournoise, de cette apathie, de cette léthargie ambiante, qui me fait tant de mal. J’ai agi dans ma maison, j’ai vécu pour moi, je suis sortie, je me suis amusée, j’ai ri.
Demain, c’est le retour, encore une fois, il n’est pas là je m’inquiète un peu, il revient et rien ne va plus, l’enlisement va revenir avec, l’ennui, le poids de la vie commune, et pourtant on pourrait dire qu’il me fiche la paix, et si le problème est là…
L’angoisse commence à me reprendre aux tripes. Nos antipodes vont se contrarier, les aimants vont se chercher et se repousser inexorablement. Ce n’est pas ce que j’attends de ma vie.
Je dois donc profiter de ma dernière journée de calme intérieur, engourdie que je suis par cette canicule parisienne insupportable. Engourdie mais active car le soleil c’est aussi la joie, la couleur, la promesse de jolis fruits gorgés de soleil, de fraises sucrées, de tomates juteuses, de longues soirées partagées avec des amis, autour d’un rosé très frais qui te met le sourire aux lèvres et le rouge aux joues.
C’est vrai que ma pépète en a vomi (pas de rosé ! de chaleur) sur le canapé de mes amis tellement il faisait chaud et étouffant, mais bon, tout lui a été pardonné, même si moi j’ai été un peu vexé.