voilà c'est fini
Voilà c'est fini.**
Il faut tourner la page. Une page de vie. Une page de ma vie.
Refermer le livret, les textes, les musiques : les chansons.
Les projos sont éteints. Frêles moments d'abandon.
Oublier le micro : "trop loin, trop bas, plus près ! projette !"
"Regarde le frigo"
… je n'oublierai jamais.
Sortir de sa carcasse, de ses peurs intérieures. Pas celle de l'autre. Paradoxes.
Pastilles de vie, bulles d'espérance, nuages blancs qui zèbrent le ciel bleu.
Souvenirs... déjà vous n'êtes plus que souvenirs.
Ranger l'écharpe blanche auprès de la baguette de chef.
L'écharpe blanche, que j'ai voulu pour nous envelopper, nous imprégner, nous protéger, nous dynamiser, nous propulser, nous tempérer, nous motiver, nous rassembler.
L'écharpe blanche, le lien, la force, la pureté, la bonté, la générosité, l'étendard de cette audace. Le partage.
Ne pas le décevoir ! LUI est là-haut :
"De là-haut Nougaro… Viens nous consoler !»
Qui sait il connait peut-être grand-papa ?
Une larme tombe du ciel, elle se pose sur ma joue… je la vois, grand-papa m'accompagne. Il est fier de sa petite fille. Les générations se mélangent. C'est sur, il aurait eu un iPod ! Comme il l'aurait aimé cet arrière-petit-fils !
Nostalgie, amour, tendresse.
Un fil ténu, un fil blanc, comme mes cheveux, je m'y accroche, j'y accroche un sourire heureux et douloureux.
La Garonne coule, la ville est rose, nos rêves sont enfuis, ils se sont évanouis.
Les souvenirs restent, ils sont là, présents. Fugaces et tenaces. Les enfermer dans l'écharpe blanche. Les retenir. Pour certains demain plus rien n'existera. Expérience éphémère.
Chacun reprend sa route.
Pour ma part, je sais que la Garonne grondera encore, coulera, fougueuse et majestueuse, que Nougaro apprécié, respecté, sans habiter mon quotidien, m'enveloppera.
Le partage, l'envie, le plaisir, quelle aventure !
Une ile, un ilot de joie, de paix .
Voilà c'est fini !
Non, je dirai que tout commence,
Une nouvelle vie s'annonce,
Je vais en dessiner les contours, exhaler leur parfum de douceur, de bonheur.
Encore, se mettre en danger, les sons anachroniques vont me visiter.
J'entendrai leur musique, elle m'est si douce au cœur.
Même lui, souvent si rare en compliments, que j'avais «un peu» prié, sous l'œil de Laurent, de venir au spectacle, est venu, il a vu, il a aimé, il me l'a dit. Et je l'ai cru.
Doucement remettre la baguette de chef dans son étui de soie.
Savourer chaque mot de ces textes si forts, si personnels comme des clichés jaunis et pourtant si vivants.
Chacun va reprendre sa route.
Moi, je voudrais la continuer, je ne sais pas encore. Quoi ? Qui ?Comment ?
Ma "road 66" rien qu’ à moi ! M'arrêter au Bagdad Café. Entendre I'm calling you. Le hurler.
Une porte s'est ouverte, quitte à me faire broyer le pied, il restera dans la porte, je ne veux pas qu'elle se referme. Un nouveau soleil m'envahit.
Comme Frida Kahlo, ne pas se laisser aller, avancer coûte que coûte !
Laisser sa folie dévorer le bitume, avaler la clepsydre, marcher, marcher… ne pas s'arrêter, juste le temps de reprendre son souffle, et savourer la vie.
"Le soleil est présent, il donne de la couleur"
La couleur de la vie,
La couleur de mon cœur,
Que de belles rencontres, des amies nouvelles, "d'autres filles potentielles".
Cultiver, découvrir de belles âmes,
L'enthousiasme.
Je ne vais remercier personne, je n'écris à personne.
Encore que… sans Laurent, rien n'aurait été possible et puis… Marie, qui m' a appris que l'on peut ! qu'il faut sauter dans le vide et que les mots viendront.
J'aime les mots, ils sont mon soutien, mon refuge, mon espoir, mon oxygène, ma vie, mon demain. Tous, chacun, un à un, ils sont MOI.
La palette de la vie, tous les sentiments. Des camaïeux, des explosions...
Les mots qui dansent, flirtent, s'agglutinent. Les voyelles, les consonnes se mélangent, se répondent, se contrarient aussi !
Mot après mot, les textes sont venus.
Ensemble retournées sur les bancs d'une école de mots, d'émotion et d'audace, parfois une brise nous séparant puis nous ressoudant. Ensemble, pendant une courte et longue semaine.
Trois mois, trois mois de doute, d'espoir, de joie, de bonheur, d'angoisse, de partage.
Découverte, mélange des âges, une si large et belle pyramide.
Les sourires, la complicité. Les tensions aussi.
Puis les notes qui viennent sur des mots.
L'émotion du choix, mélodie qui me séduit de suite. Magnifique rencontre. Au début, ne pas chanter, puis assumer, vouloir accompagner ces si belles notes. Folie, tourbillon, enthousiasme. Sophie, moi, l'iPod et le sillon. Un carré d'as. J'en fais un peu trop. Quand on aime, on ne compte pas.
J'avais répondu : «ne pas laisser nos enfants seuls, les accompagner».
Les voix qui viennent sur les mots.
Tes mots, les mots des autres
Mais les tiens, tu les aimes tendrement, tu veux bien partager, mais tes mots sont tes mots. Ils t'émeuvent. Comme tes enfants, ils viennent de toi, de ta chair, de ton âme, de ton passé, de ton hier. Ils seront ton demain. Ou ne seront plus.
La page blanche se remplit de petits signes noirs ou bleus. Rageusement la gomme d'Agnès, les efface, à peine éclos.
Tu te replonges dans ta vie, c'est si loin et pourtant si présent
Grand-papa est toujours présent, loin là-haut...
Il m'a appris, les fleurs, la douceur, les fruits, la vigne, la musique.
Le paradis en somme !
Sa photo t'accueille dans ma maison.
Le christ, celui de Saint-François, ne vient qu'après.
Je ne mange plus de gaufres. Les 78 tours ont fini dans le grand bucher. Je n'ai pas su décider. Les garder ou pas. Dans une caisse, dans le couloir, tu as choisi. Le feu pour dernier domicile. J'aurais du faire une urne, souvenirs mélangés d'une vie, de vies, je ne l'ai pas fait. Regrets ? Je ne sais pas.
Je sais qu'il faut progresser encore grandir, il n'est pas trop tard et même si le temps se resserre, angoisse de demain qui pollue aujourd'hui. Je veux vivre, je veux chanter. Il faut que ma vie bouge. Elle va bouger, la porte…
Étonnamment, j'étais là "ici et maintenant" pleinement. La vie a eu un goût de miel. Je vais faire de ma vie un paradis de miel, de douceur, de sourires, de rires.
L'électrochoc. Prendre une souris pour une montagne. L'expression n'existe pas ? Et alors, maintenant elle est ! Je suis une souris, je gravirai la montagne.
J'ai déjà commencé !
La boucle est bouclée.
***
L'aventure avait commencé ainsi :
1er février. Un mail. Service Intergé. Projet. Festival de la voix 2012. Atelier. Écriture. Chansons. Hommage. Nougaro. Jazz. Rythme. Coach Laurent Malot. Rencontres. Partage.
Je lis, je relis. Réflexion. Interrogation. Doute. Envie. Vouloir. Écrire.
Nougaro ? pas de disque, rien sur l'IP4. Et pourtant ! je connais
Toulouse, la Garonne, la ville rose, le petit taureau et l'écharpe blanche.
Retrouver la chaleur du cœur pendant cet hiver triste et frileux.
Tout se bouscule dans ma tête. L'enthousiasme vient vite. Je sens une aventure poindre au loin. Spectacle le 12 mai. C'est loin et si proche.
Serais-je capable d'écrire sur Nougaro ? Quel challenge !!! Ne pas trop réfléchir. Répondre :
"O.U.I."
PS. pour Sophie M.H.
Je n'ai pas pu dire les mots. "il n'y aura pas de micro" m'avait dit Eddie, et puis l'émotion était trop forte. Sache-le, Sophie tu étais là avec nous.
** JL Aubert. Ne pas oublier. À mon dernier souffle, je veux l'entendre. Je veux que l'on chante.
*** grand-papa !
FESTIVAL DE LA VOIX COLOMBES 2012