vendredi matin
Steve Jobs a du lâcher sa pomme. L'inventivité, la passion, la création, l'argent ne mettent pas à l'abri de la maladie. Végétarien, il n'a pas été protégé pourtant de cette saleté. J'aime cet univers, cette communauté, l'esthétique, la convivialité de la petite pomme croquée. Ma vie a été bouleversée par l'IP que j'espérais depuis des années. Il l'a fait. C'est magique. Je lui souhaite de s'en sortir encore cette fois-ci.
Constatation. La semaine s’achemine doucement vers une fin très occupée, sociale. Je vais sourire, je vais rigoler, il y aura de l’émotion. Un Noël à rattraper. Les cadeaux me semblent déjà décalés. Mais, il ne faut prendre que la joie d’être ensemble.
Chaque jour de la semaine a connu une émotion, un petit événement qui veut dire beaucoup. Mercredi, une évasion dans Paris, sous un joli soleil, le sourire au coin des lèvres. Evidemment, j’ai craqué et j’ai fait les soldes, comme l’on dit, de façon que je trouve quelque peu indécente. Pour la première fois, j’avais une petite liste, et je m’y suis tenue. J’aime être seule avec mes pensées, mes amis m’accompagnent. Je ne sais pas pourquoi, tous ces petits moments sont des évènements emplis d’émotion. Je l’ai fait, j’ai pu le faire. C’est fou. Sortir, affronter l’autre, l’inconnu, est toujours une épreuve et pourtant je m’en sors plutôt bien. Je sais être joviale, en empathie et drôle. Bizarre. Eternel. Permanent.
J’ai connu la dualité mardi. MON mardi. Jour de liberté, d’introspection, de partage ! Justement mardi soir quelqu’un de toxique, rigide m’a particulièrement énervé. Je ne dirai pas contrariée, car alors j’y mettrais des sentiments, une implication. Je ne veux pas, je ne peux pas. J’ai coupé. Point. Et alors, la famille. On n’est pas obligé de tous s’aimer et çà je le savais avant. Mais bon, j’aime essayer, parfois, il vaut mieux lâcher. Je comprends certaines choses sur cette famille… de ma famille. Je n’écrirai rien. Mais je pense que souvent les enfants ne sont ce qu’ils sont que pour se sauver de la toxicité des parents. Enfants, parents, parents, enfants. Quel que soit le sens dans lequel on prenne le problème chacun souffre. Pourquoi, ne pas ouvrir les mains, ne pas écouter l’autre. Je reviens à une conversation avec une de mes amies la semaine dernière. C’est à peu près le même registre. Les gens sont fermés et j’en souffre. Après effectivement c’est leur problème. Mais putain, quel gâchis !!! Si quelqu’un pouvait m’aider à faire avancer l’autre, lui faire ouvrir les yeux, et voir que la recherche n’est que la recherche de l’amour et non une attitude pour l’embêter. J’en crève !!! Le monde en crève. Je me cramponne. Heureusement, je ne suis pas seule. Et c’est si bon, de ne pas être seule dans les sables mouvants. Pouvoir sortir la tête de l’eau, des sables, de la noirceur. Je vois un espoir. Je vois un peu de lumière. Il est temps, mon temps passe, le sablier ne s’arrête pas.
Hier, j’ai repris la gym après six mois d’absence. Plus rien ne bougeait. Du petit orteil à la racine des cheveux tout est devenu un tronc mort et douloureux. J’y suis allée. Encore une fois, je l’ai fait. J’ai osé. C’est peut-être dérisoire, mais tellement important pour moi. Ce petit pas. Un de plus. Samedi, je vais faire un tour au banquet. Encore un pas, je suis portée par quelqu’un de vivant. J’aime ses mots, sa douceur, sa vie débordante d’activités. Le déracinement doit expliquer bien des choses. Tant de choses certainement derrière ce tourbillon.
Chaque jour j’ai eu envie d’écrire, de crier mais un blocage m’a saisi.
Bien sûr, j’ai lu chaque article du blog de mon amie. Ce mot d’amie ne va pas. Je ne trouve pas le mot juste. Il ne doit pas y en avoir. Mais amie est déjà un très beau mot. Tellement d’émotion. J’ai voulu téléphoner. Je me suis mise de côté. J’ai été lâche. Ma fragilité du moment, et ma force en même temps m’ont paralysé. Mardi, j’aurais pu recopier des paragraphes entiers tant ils me correspondaient.
Et puis, il y a eu ces femmes, encore une fois, et les enfants. J’ai été très émue par ses mots.
Je suis heureuse d’avoir su écouter, d’avoir pensé que mon fils était un être à part entière avec ses pensées. Je l’ai accompagné. J’ai peut-être tout faux. Au moins, j’ai combattu pour qu’il ne vive pas les mêmes désillusions, les mêmes rapports biaisés à la mère. Je ne suis pas fière, il n’y a aucune raison. Ah si ma mère m’avait écouté, même pas entendue, juste écoutée !!!
Tant pis, je viens de vivre de jolis moments dans mon univers. Moi j’avance à mon rythme. J’aime la connexion que je vis avec cette amie. J’aime les nuages qui s’écartent. J’aime la vie.
Cette semaine, mon corps s’est redressé. Je l’ai vu se déplier, s’ouvrir prêt à donner et à recevoir. Je ne m’étais pas aperçue qu’il était tout recroquevillé. Physiquement, j’ai vécu ce passage, ce changement d’état, c’était très étonnant.
L’âge, le temps, les maladies, les opérations se chargent assez à mon goût de le maltraiter. La vie le maltraite. Toute atteinte à son intégrité me bouleverse, ne serait-ce qu’un nombril déformé pourtant invisible et dérisoire ; c’est déjà une vraie souffrance. Un jour je ne serai plus qu’un petit tas de cendres. Là vraiment, je l’aurai mal traité, mais en même temps, il ne souffrira plus.
Depuis peu, les larmes me reviennent. Pendant des années elles m’avaient abandonné. Mon cœur revit. C’est chaud une larme. Elle t’accompagne, elle te réchauffe. Elle te caresse en coulant le long de ta joue. Le sel de la vie. Il faut les aimer les larmes. Elles ne sont qu’amour.
Une autre vie m’attend. J’espère qu’il est encore temps. Ma tortue a quitté précocement son hibernation. Je viens de m’en apercevoir. Il va falloir remuer tout le sous-sol pour la retrouver. J’espère qu’il n’est pas trop tard. Au moins vingt ans de vie commune. Les tortues ont une force extraordinaire. Un instinct insensé qui les appelle toujours vers le large. Même celles qui sont nées en captivité. Je l’ai vécu plusieurs fois. Je suis toujours aussi fascinée et respectueuse. Cet instinct de liberté, cette témérité, la vitesse de leurs déplacements, leur résistance. Kurma. Si je la retrouve vivante je vais la rebaptiser. Jusqu’à maintenant, elle n’avait pas de nom. Juste un nom ridicule qui n’était que l’héritage d’une consœur. Elle l’aura méritée. Enfin, il l’aura car c’est un mâle. Est-elle bien dans la vie que je lui offre ?
Une amie m’avait offert une tortue en chocolat pour Noël, magnifique réalisation. J’ai mangé la carapace. Hier, il ne restait que la tête, j’ai été incapable de croquer dedans. Je crois que j’aurais vomi. Pourquoi ? Je m’interroge encore.
Nous sommes le 21 janvier. Une pensée pour mon papa. C’est son anniversaire. Lui, je l’aimais profondément. Il était vivant, il était libre, son âme était très belle. Il me manque.
Hier, c’était l’anniversaire de BB. Il n’y a aucun lien. Qui sait ?
Ce soir, je suis invitée à un cocktail. Je boirai le champagne pour fêter mon papa. Je sais qu’il est là quelque part, qu’il me protège. Parfois, je le sens autour de moi. J’ai un peu peur. Il m’a tellement protégé de maman. Quelle force. Il était au milieu de ses deux femmes qu’il aimait plus que tout. Il a du beaucoup souffrir. Il a fait tant d’efforts pour nous rapprocher. Lui, il avait compris. Merci papa.