Ouvrir sa maison
L’angoisse est à son comble.
Ouvrir sa maison !
Je prends conscience, en accomplissant mécaniquement des gestes imbéciles du quotidien, de l’importance qu’ils ont !
La portée qu’ils ont.
Effectivement que la maison soit propre, tout le monde s’en fout, c’est juste qu’il faut être prêt pour accueillir.
Il ne s’agit pas d’être digne, ou fier, ou je ne sais quoi, ou pas… d’accueillir,
Il s’agit d’être prêt, comme une prière, quelque chose de sacré, accueillir avec amour, dans le sens le plus noble du terme.
Des cantiques me viennent en tête, des épitres, je n’oserai pas les Evangiles, il faut raison garder.
Accueillir l’autre. C’est beau, c’est simple, c’est magique.
Petit à petit, je comprends pourquoi je suis exaltée et heureuse de ces rares occasions, je comprends, aussi combien j’ai toujours ce déni de me dire, mais pourquoi eux, pourquoi m’apprécient-ils ? Etre un livre ouvert est épuisant, mais je ne sais pas être autrement.
Accueillir l’autre, que d’efforts, des efforts consentis, pas des efforts. Je sais pourquoi depuis des années, chaque fois les larmes me viennent, il y a tant de douceur, de tendresse.
Les tripes à nu, le ventre noué, la tête en fusion
Suis-je tellement orgueilleuse ? Non je ne crois pas, au contraire.
Sans savoir pourquoi, il s’agit d’une mise en danger. Quel est l’enjeu ? Aucun !!! Si, faire plaisir, donner plus que recevoir. Se donner totalement.
Depuis quelques jours, j’ai fermé mes écoutilles, j’ai rentré la tête dans ma coquille, ou plutôt je me suis enfermée dans ma carapace qui me protège à peine.
Et pourtant, je sais dire « assume » aux autres, et j’assume beaucoup de choses, il me manque peut-être le partage, un marigot dans lequel je patauge, le nez juste à fleur de la gadoue, juste pour ne pas sombrer, juste un petit peu de boue dans le nez qui m’empêche de respirer à pleins poumons, parce que je sais que si la boue rentre dans mon nez, je vais vraiment étouffer.
La marge est mince. Pourtant je sais que le soleil est là. Je sais que je vais le faire. Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas le partager ? Pour ne pas faire souffrir ? Faire souffrir qui ?
Le monde est tellement indifférent, il ne voit pas les jolies choses que tu plantes, les trésors que ta tête essaie d’inventer pour un moment de bonheur, un moment de communion, un moment de tendresse et de rigolade. Enfin si je sais que certains ont cette conscience alors tout va bien. Tant pis pour les autres.
Je suis fatiguée, la camomille m’aide un peu à soulager le tourment intestin.
Et si ma vie était plus sereine, ces moments-là seraient encore plus beaux.
Je sais que demain, comme la semaine dernière, je serai seule !
« Ah ! Tu fais quelque chose demain ? Je partirai !!!! » le plus jeune
Et si c’était moi qui partais, je serais libre. Je n’aurai plus de gadoue dans le nez !!
Allez secoue-toi, prends un petit bonbon dans la petite boîte verte, et la vie sera belle.
Je sais je ne devrais pas mais … je ne le ferai peut-être pas, mais je sais que je pourrais le faire…
Un verre d’alcool ! Un petit verre ! Non, ne me tente pas, démoniaque ami, je dois être droite, centrée sur l’évènement. Je boirai de l’eau. Demain, je me laisserai aller ….Je partagerai....
Je veux le faire, je le ferai . Ce sera beau, un joli moment, c’est ainsi que je veux le vivre !!!
Et c’est ainsi qu’il en sera !!!!