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Publié par fuzzybabeth

On ne  saura jamais si c’est un acte volontaire ou ........!!

Cette phrase que je viens d’entendre fait resurgir en moi des souvenirs que je croyais enfouis.

Entre des considérations sur la passion pour Benjamin Biolay, je regarde une émission sur la schizophrénie.  Une dame, une mère vient de prononcer cette phrase ou le grand père je ne sais déjà plus. Qu’importe. Seule la résonnance de la phrase m’importe.

Je suis fascinée depuis toujours par les maladies psychiatriques. Besoin de comprendre ce qui a pu se passer dans ma famille sur deux femmes essentielles, ma mère et ma grand-mère. Deux branches, donc pas d’hérédité. J’en ai déjà parlé, enfin écrit, je crois que je ne pourrai jamais m’en détacher. Ma vie a trop été bouleversée par ces évènements : les internements, les tentatives de suicide ou les risques de tentatives, c’est pas mieux, les électrochocs. Des choses tellement dures à vivre pour une petite fille. Même le sourire de BB n’arrive pas à me ramener à une raison plus douce.

Encore une fois je reviens à ma mère. Il y a juste cinq ans, lundi dernier, elle est partie rejoindre mon père, plutôt son mari, son seul souhait. Elle aura attendu 18 ans.

Son agonie a l’hôpital aura duré plusieurs semaines. J’avais demandé à ce qu’il n’y ait pas d’acharnement thérapeutique. Elle n’en pouvait plus. Elle ne voulait plus vivre, depuis le jour où elle m’avait coincée dans sa cuisine pour que je crache qu’elle avait un cancer du foie. Foie ou pas, il y avait tant de pathologies. Je ne saurais jamais le mal qui a gagné pour l’emporter. Il y a le choix. Ce que je sais c’est que j’allais la voir seule. Enfin non Fabio était présent. Au dernier moment, il est venu avec moi. C’était un grand moment de communion. Son père a été « efficace » et « présent » après. Ce n’est pas rien non plus.

Je ne saurai jamais ce qui a déclenché le processus de fin. Tous les médicaments lui avaient été retirés. J’avais été l’instigatrice puisque j’étais « responsable » d’elle. Elle n’avait plus rien, sauf une boîte des « bonbons du bonheur » comme dit Françoise. Une boite de lexomil. La petite boîte verte qui ne me quitte jamais où que j’aille dans le bonheur ou dans la douleur.

Ce soir là, ces lumières étaient restées allumées. Je les voyais de mon appartement. J’avais cru qu’elle s’était endormie. Je n’ai rien fait. Je ne suis pas montée. Qu’est-ce que cela aurait changé ? Certainement rien. Simplement le lendemain matin à 7h. L’interphone sonne. L’infirmière qui venait pour la piqûre et les médocs. Elle venait de rentrer dans son appartement. Elle avait la clef. Elle l’a trouvé par terre, dans sa cuisine, la boîte verte ouverte, quelques barrettes éparpillées un peu partout autour. Combien en avait elle absorbé ? Je ne sais pas. Beaucoup. Inconsciente, tombée sur le carrelage, gelée. Le SAMU, les pompiers. Pas d’acharnement thérapeutique. Oui, mais, on ne peut pas. L’hôpital de colombes. Je ne veux plus y aller. Des semaines d’agonie, pas la faute des bonbons, ou oui !  Ils ont été efficaces, lavage d’estomac. Mais alors tout était déglingué.

Régulièrement, je voyais une porte de chambre fermée. Je comprenais. Ce service est un mouroir. Triste fin.  Le 29 novembre 2005, elle était définitivement libérée. La veille je n’étais pas venue (comme pour papa). Ils ont appelé. Je suis sûre maintenant qu’ils m’ont appelé quand c’était fini contrairement à ce qu’ils m’ont fait croire. Tout était trop en ordre. Ce n’était pas possible qu’en si peu de temps, ils aient pu tout organiser. Je leur en veux un peu.

Pourquoi faire ? Pour rien. Le passé est le passé. Il reste une trace, une marque indélébile comme une cicatrice dans ma chair qui ne partira jamais. Je vivrai avec. Je n’aurai jamais de tatouage, je ne veux pas de marques dans ma chair. Ma chair est ma chair, j’ai déjà tant de mal à faire avec que je ne veux pas de marques qui me mutilent. Mon corps a assez souffert. Même une tortue, et pourtant j’en aurais envie. Elles seules en seraient dignes.

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