ne me demande pas
Ne me demande pas
D'être immobile
De me taire
De ne pas dire
De ne pas penser
et pourtant je reste près de toi
Immobile et insensible ?
Passive et attentive ?
Ne me demande pas l'impossible
Ne me demande pas de me jeter à ton cou
Ne me demande pas
Ne me demande plus
N'inversons pas les rôles
N'inversons pas les émotions
Combien de fois t'ai-je prié
Combien de fois t'ai-je supplié
Combien de fois ai-je demandé
Un baiser
Une caresse
Un câlin
Une nuit dans tes bras
Un sourire
Une oreille bienveillante
Une simple pensée
des mots, entendre des mots
écouter tes mots
Un rien
Un tout petit rien
Un bout de ficelle
couleur d'aquarelle
une dose de spontanéité
Tu l'as fait ?
Je ne me souviens pas
Ou alors je n'ai pas compris
ou alors je n'ai pas voulu
ou alors je n'ai pas vu
ou alors je n'étais pas là
pas assez attentive
pas assez soumise
Il y a si longtemps
Il y a trop longtemps
La ficelle est usée
La corde s'est cassée
Que reste-t-il ?
Des souvenirs,
Je n'aime plus aujourd'hui
Hier est si loin
Nous nous sommes égarés
Nous nous sommes retrouvés
Nous nous sommes séparés
Nos chemins ont bifurqué
Ensemble, mais si seuls
Ensemble pour ne pas être seuls
Ensemble pour attendre
Attendre quoi ?
Qui lâchera en premier
Pousser la porte et ne plus revenir
Pousser la porte
Aller vers l'inconnu
L'herbe est plus verte ailleurs
Pas certain
Alors je suis là
Je peste, je râle,
Je m'énerve, je m'emporte
tourbillon incessant
insatisfaite chronique
enfant trop gâtée
Tu m'insupportes
Un jour je me demanderai
Ce que tu en penses
Tu ne dis rien
Tu es certainement bien
Dans cette inertie
Dans cette froideur
Dans ce mutisme
Tu fais l'autruche
Facilité
Ne pas savoir
Ne pas se poser de questions
Un jour passe
Un autre arrive
Ni gris, ni rose
Il est
Il passe
Le temps ne repasse pas
Le temps est un vaurien
Mais rien ne vaut le temps
J'ai trop attendu
J'ai trop pleuré
J'ai trop espéré
Je n'en peux plus
As-tu vu mes cheveux blancs ?
As-tu vu mes rides profondes ?
Y vois-tu les sillons de mes larmes ?
Elles ont formé des rigoles
Ah ! tu rigoles ?
Non, je ne le crois pas
triste ?
Pourquoi ne dis-tu rien ?
Je suis triste de toi
Je suis triste de nous
Tu étais… oserais-je l'avouer
"mon petit oiseau"
tu sautillais
tu riais
tu m'écrivais
tu me mentais
tu m'aimais
je t'écrivais
je pleurais
je te croyais
je t'attendais
ah si c'était à refaire ?
Je le referai peut-être ?
Je t'aimais
je t'aimais un peu
je t'aimais beaucoup
je t'aimais passionnément
je t'aimais à la folie
je t'aimais
je t'aimais avant
je t'aimais pourtant
vais-je l'écrire ?
Je ne t'aime plus
Enfin plus cet amour-là…
Plus l'amour en vrai
dur, c'est dur à dire
comme la vérité
c'est cru, c'est nu
tu le sais
je ne mens pas.. je ne le dis plus
je ne me mens pas
je ne te mens pas
tu fais semblant
je le sais
je fais semblant
des vieux amants
Le chat ; Gabin et Signoret,
Et tout çà il y a un peu de cela
Le chat n'est pas mort
Il n'y a pas de chat
On aime le même fils
On aime le même chien
Des cadavres ?
…au fond de nos cœurs
Quand l'amour vient trop tôt
L'usure est plus longue
Elle est inéluctable
Le réalisme est une évidence
Le réalisme est une vérité
Le tabouret grince dans la cuisine
Le confit de canard est au four
Je vais descendre
Je vais partager le repas
Sans haine, sans amour, sans passion
Juste parce que moi aussi j'ai faim
Et que celle-ci me permet de supporter
La faim de la fin
Ou la fin de la faim
De l'autre faim de nous, qui n'est plus.