le serpent
J'y crois.
La connexion.
La nuit
Une idée
Un ami Facebook
Des photos
Du noir, du blanc
Camaïeu
Dégradé
Numérique
L'Amérique
Je vibre
Le Nevada,
La Californie
Pas celle que je connais
Pas celle qui me hante
Pas celle qui me fait vibrer
À chaque post sur FB
Je guette
La ville que j'ai élue... en couleur
Curieuse du rendu en noir et blanc.
Je crois que je vais attendre longtemps !
Prochain voyage ?
Trop peuplée ?
Trop sophistiquée ?
Trop ou pas assez
C'est selon.
En attendant, je parcours le Nevada,
Je vibre devant les paysages assourdissants
Du silence de l'Arizona
Là un arbre, seul rescapé
J'y suis, j'y reste, je m'accroche
Merci pour le promeneur
Pas celui du Champ de mars
Celui qui a osé affronter le climat
Les heures en bagnole sur des rubans de route
parfois défoncées
sous un cagnard inhumain
l'inconnu au bout ?
il est où le bout du chemin ?
Mes photos = macro
régler l'objectif
traquer l'abeille ou le pistil de la tulipe naissante du printemps
attendre
patienter
école d'humilité
l'argentique dans le placard
il reste le clic
d'une mise en scène approximative
photo éphémère
la petite corbeille attend
les photos ratées, floues ou ridicules
alors, lorsque je vois des clichés parfois retravaillés ?
je savoure le grain, la nuance
et je danse dans ma tête
Le serpent... je l’attendais, je savais qu'il viendrait
qu'il se découvrirait sur l'écran indiscret.
Je l'ai imaginé cette nuit, pas rêvé... je l’ai appelé.
Merci Johnny. Du coup, je le prends pour moi comme un hasard heureux et attendu.
Il est... presque comme dans mon imagination. En fait, il n'est pas. Il fut, il fuit à la recherche d'un abri, d'une autre dune, d'une autre brune, d'un autre buisson, d'un autre frisson.
Il fuit ? Il vit sa vie.
Dans la neige, mes chaussures anormales laissent des empreintes inélégantes. La neige souffre, la neige crisse, se crispe, se décolore et s'enlaidit.
Lui, le serpent a cette élégance divine
Cette légèreté
Il prend son élan, et hop !
il sait que le sable est précieux, de ses écailles rugueuses il effleure le sable comme une caresse,
il jouit de cette proximité de cette complicité de cet instant de partage torride
Il laisse une trace pour le plaisir comme le Z de Zorro et parce que le serpent est taquin
enfin, j'ai décidé qu'il en était ainsi aujourd'hui
reptile, il restera et je n'aime pas les reptiles.
Je ne conçois de reptile que la tortue, mon autre moi, "moi" : un point c'est tout ! l'alpha et l'oméga, quelque soit le nom ou surnom que l'on me donne.
Je suis bien obligée de lui faire une place puisqu’ils font famille commune !
Mon reptile à carapace vient de terminer son hibernation. Hier, elle s'est fait ridiculiser par un escargot qui a entamé une course sur sa carapace ! grotesque quelle honte ! l'escargot était content ; il ne le savait pas, mais il venait d'échapper à une mâchoire assassine.
Je m'égare...
je serpente dans ma vie, dans mes souvenirs, dans mes fantasmes
si longtemps j'ai refusé ces États-Unis pour des raisons sans raison
un fils ; ses études m'ont fait changer d'avis
pas un jour sans que je m'évade vers la Californie, San Francisco, Monterrey, Salinas
mon passé d'adolescente en pleine face : Kerouac, Steinbeck… je l'ai déjà écrit, comme un cri.
La musique, mes pantalons patte d'eph !
mes chapeaux fleuris, «peace and love»
Je n'ai pas vu San Francisco dans les photos de mon ami, s'il m'autorise à l'appeler ainsi.
Mais le désert me ramène sans fin au Bagdad café, mélangeons les lieux, soyons fous,
rien ne bouge
le vent a disparu
l'essence évaporée
la voiture gît sur le bas côté au mépris du passant qui s'en fout. Il va ailleurs. Sait-il où il va ? Où est son destin ?
La crainte que la prochaine fois ce soit lui qui doive terminer le chemin à pied
le pouce inutile en l'air !
et pourtant quelle force, quelle intensité
l'horizon ?
les vallons, les creux, les immensités vierges,
qu' y a-t-il derrière la photo ?
il est temps de laisser le stylo encore que ce soit douloureux
des photos m'attendent
elles vont remplir mon imagination
peupler mes prochains projets
m'entraîner loin de ce bordel infâme qu'est devenu mon pays dont je n'ose plus être fière tant on lui a fait mal
je repars dans mon voyage immobile
je clique, je respire
le voyage reprend
la fille du motel a déserté la maison abandonnée,
la corde pour se pendre d'avoir trop attendu ?
la route est encore longue
la lumière insolente et envoûtante justement... m'envoute, me happe
À bientôt…
après tout, comme il me dit toujours, lui qui ne veut que repartir là-bas : "il n'y a que dix heures de vol" !
C'est pas faux,
je vais y penser,
plutôt que de continuer à ronger mon frein pour rien.
Le serpent sait où il va
À moi de choisir mon destin.
Et de laisser une trace dans le sable… ou pas !
Sur les traces du serpent - Death valley, C.A.
PHOTO : Johnny collangette (à ne pas manquer sur Facebook)