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Publié par la tortue à plumes

 
Le ciel est gris
mon coeur est sombre,
prostrée devant la fenêtre
le regard dans le vide
je peine à voir les couleurs du jardin,
quelques feuilles se balancent encore
avant de tomber et de mourir.
 
C'est un peu moi,
ce matin, je suis cette feuille tremblante
au bord du précipice
déjà au fond de la piscine
un nouvel obstacle m'a atteint :
 
comment lutter contre cette mauvaise foi
ce mépris de l'autre
cette détestation viscérale du compromis
car, bien que le prônant, 
trouver pire opposant est impossible.
 
Quand les mots, détestations joints 
à l'égoïsme exacerbé, au mépris de l'autre
au non-bonheur de l'autre atteignent ce niveau
une question se pose : 
rester ou partir ?!
 
Hier soir, en famille, l'éternel dilemme des fêtes de Noël,
c'est à cet instant 
qu'il a vrillé
qu'il s'est emporté,
qu'il a vitupéré
qu'il a explosé.
 
Autour, nous étions trois êtres 
médusés, incrédules, effarés
à entendre
ses mots de haine,
ses mots de dédain
ses mots définitifs.
 
Il crachait son venin
sans penser au mal qu'il pouvait faire aux autres,
à l'autre étant probablement moi…
mais je le tairai.
 
Après avoir trouvé,
justement grâce à des compromis 
la petite princesse qui aurait 
la lourde tâche de combler le vide sidéral
de la maison silencieuse
je commençais juste à envisager de me sentir
moins mal,
et à avoir envie de sourire, 
de refouler mes larmes toujours vacillantes 
sur le bord de mes paupières
quelque soit l'heure ou le jour ou la minute.
 
Le temps semblait pouvoir enfin redevenir presque
comme avant,
même si la blessure tarderait à se refermer
si jamais elle se refermait un jour.
 
C'est alors que tout s'est écroulé
je commençais à sentir l'air frais me caresser la joue
mais c'est la bourrasque que j'ai prise en pleine figure.
 
Alors, je suis là prostrée devant cette fenêtre,
sans soleil, sans avenir
et une question qui me taraude 
dois-je partir ?
dois-je rester ?
Ya-t-il un âge pour changer de vie ?
et de nouveau respirer son propre air frais
sans le poids de l'autre qui ne t'apporte plus rien
qui ne te donne plus rien, qui n'est plus qu'un poids
et une bouche à nourrir.
 
Vais-je encore essayer de comprendre et l'excuser ?
son enfance, son éducation,
son émigration ?
Certainement un manque d'amour, de compassion,
ne pas connaître ses grands-parents
qui sont pourtant une source indispensable
à laquelle puisée pour les petits enfants
Faire son service militaire abhorré pendant un tremblement de terre
Avoir perdu à 18 ans, un copain dans un accident sur la route
Avoir perdu plus tard, son faux jumeau, mais vrai frère de coeur et de vie
Avoir survécu au Bataclan
Tout ceci est-ce suffisant pour excuser ses crises 
et plus souvent son silence
son absence de dialogue et d'excuses
ses "ce n'est pas possible"
car rien n'est jamais possible !
son immobilisme et sa procrastination légendaire
sa sclérose de vie
et ne plus rien partager ou si peu ?
Peut-être même un petit quelque chose contre, j'hésite à employer ce mot, son fils unique
qui par sa propre responsabilité et égoïsme, non négociable,  ouvrit  un chemin de croix avant que je puisse le serrer dans mes bras.
 
Il y aurait tant à dire,
il y aurait tant à écrire.
 
J'aime bien celle-ci !
Après sept ans de vie commune,
un soir alors que je rangeais la vaisselle,
il s'approche de moi en me disant : 
 
 "on se marie !", sauf qu'il avait tout décidé en amont.
"tu peux choisir la date du mariage civil "
alors je réponds,
un vendredi, j'aimais bien cette idée,
et lui de conclure, 
"d'accord on se mariera un samedi" 
 
Comment n'ai-je pas été assez vigilante ?
Finalement notre couple a été bâti sur une promesse insensée et de mauvaises raisons
qui me poursuivront jusqu'à mon dernier souffle.
 
Comment ai-je pu promettre à ma mère de ne pas avoir d'enfant avant d'être mariée ?!
Ma mère n'étant pas la personne avec qui je m'entendais le mieux,
nous nous sommes croisées, nous ne nous sommes jamais rencontrées.
 
La vie est obstinée, elle tisse sa toile, et contourne les obstacles, sauf que les obstacles sont toujours là, et un jour à force d'obstination et d'aveuglement la toile se déchire puis se rompt et l'araignée ne sait plus où aller, se balançant au bout d'un fil inutile comme la feuille au bout de la branche.
Va-t-elle tomber ?
 
Je ne sais pas encore, provisoirement, adossée au dossier de la chaise, les yeux vides au bord des larmes,
je me pose la question de nouveau : 
Vais-je rester ? Vais-je partir ?
Et la toute petite chienne qui doit rentrer dans ma vie, d'ici quelques semaines, a-t-elle sa place dans ce grand tourment orageux ?
J'avoue, je suis détruite
J'avoue, je suis perdue.
=====

illustration : la promesse de Magritte (1950)

 

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