dès potron minet
C'était l'été,
la saison des vacances.
Dès potron minet, je me levais
dès potron minet, je partais en catimini sur les chemins buissonniers,
avec pour ami, mon petit chien au poil soyeux et aux yeux gris.
C'était l’été,
je respirais à plein poumons
l’air frais emplissait mes narines
du parfum des fleurs, celles des champs,
sans chichi, aux couleurs éternelles ;
j'en faisais un bouquet, j'irais le déposer au cimetière avant de rentrer à la maison.
La terre sentait encore la rosée fraîche et légère et me faisait tourner la tête.
Tout un petit monde se mettait en ordre de marche,
sans oublier le facteur qui, chantonnant, déposait comme des trésors les enveloppes blanches, aux timbres colorés, dans les boîtes à lettres
souvent de guingois dans cette campagne verdoyante que j'aimais tant.
J'imaginais que c'étaient des lettres d'amour ou d'amitié
qui venaient du bout du monde
qui porteraient des mots tendres plein d'avenir.
J'aurais voulu être une petite souris
pour en découvrir les secrets bien cachetés.
Je m'arrêtais,
pour admirer le ciel d'un bleu azur, et le soleil qui déjà dardait ses rayons
au dessus de ma tête,
et dévorer à pleine bouche les mûres, dégoulinantes de jus presque noir,
qui se penchaient vers moi.
Je croisais deux escargots qui bavaient de bonheur,
en pensant à la limace toute nue qu'ils venaient de croiser.
Dans le pommier le merle lissait ses plumes couleur de jais
tandis que le geai s’abreuvait au lavoir.
Un ver de terre téméraire, brièvement, sortait de son trou,
puis retournait au boulot, sans autre commentaire.
Une grenouille coassait au loin, dans la mare aux canards
qui répondaient avec véhémence.
Un âne lui répondait attendant sa pitance…
"quand on partait sur les chemins.."
C’était l’enfance
C’était l’insouciance
Merci la vie de toute cette abondance.
Jamais je n'oublierai.
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