le ciel est inquiet
Je regarde le ciel, il est inquiet,
je regarde le ciel, il est tout gris
tel un tas de moutons de poussière
oubliés sous un meuble
d'une maison désertée de vie.
Voix fracassée par un virus ordinaire de l’automne
tête privée d’énergie
inspiration en panne
expiration sifflante.
Je regarde le ciel
à chaque minute qui passe
il s’obscurcit un peu plus
jusqu’au grand noir sidéral
jusqu'au grand noir minéral
qui régnera jusqu’ au petit matin,
dans le froid
sous la pluie
ou quelques flocons de neige
sous un rayon de soleil
si les cieux nous sont favorables.
Que de belles couleurs pour un pinceau agile
moi je n’ai que mes mots
que je dois à mes yeux,
que serais-je sans eux
sans leur complicité ?
Depuis les premières années de ma vie
ne plus voir, ma plus grande hantise
être aveugle ; puisque c’est le juste mot.
Pourquoi la vue ?
un rapport avec papa
et sa vue défaillante ?
ou une élève de maman
qui en une année scolaire avait perdu la vue.
On ne peut oublier.
Ce soir, je me rassasie des gris, des blancs aussi,
de passage trop vite, poussés par un vent impétueux.
Je les vois, je les admire
les choses ont une âme
les nuages une destinée
et moi j'aime vous aimer.
=====DR