dans le train
Il y a de tout dans un train,
des grands, des petits,
des beaux, des laids…
il y a de tout dans un train
des enfants, des ados,
des vieillards, des chiens…
il y a de tout dans un train
des étudiants, des ouvriers,
des cadres, des commerçants…
il y a de tout dans un train
des glandeurs, des rêveurs,
des excités, des déprimés…
il y a de tout dans un train
des amoureux, des divorcés,
des veufs, des célibataires…
il y a de tout dans un train
des blonds, des bruns,
des cheveux longs, des cheveux courts…
il y a de tout dans un train,
des lecteurs, des dormeurs,
des mangeurs, des écouteurs…
Il y a de tout dans un train
des valises, des sacs à dos,
des bagages rutilants neufs…
pour d'autres, perclus de chocs,
fermetures éclair défaillantes,
roues chancelantes…
on se demande
s'ils termineront le voyage…
il y a toutes les couleurs
toutes les tailles
toutes les matières
tous les budgets.
Il y a presque un uniforme dans un train :
Ils portent des baskets pour la majorité
femmes et hommes confondus.
Ils portent des pantalons, beaucoup de pantalons
presque que des pantalons, moi également.
A croire que les jupes sont interdites.
Et puis, il y a moi,
qui détonne avec mes mocassins rouges
mon long manteau noir
mon chichuahua tout sage
et mon mari qui dort,
et qui observe ce microcosme.
Ont-ils vu la mer,
ont-ils vu leurs parents,
leurs amis, leurs familles ?
Et Quiberon sous le soleil !
et les alignements de Carnac.
Ont-ils mangé des crêpes
et de l'andouille de Guéméné
en sirotant une bolée de cidre
ou ont-ils fait une halte au McDo ?
Et puis, il y a moi
j'ai vu Quiberon sous la pluie
j'ai cherché des oeufs de mouette,
mais non, pas des vrais !
des confiseries sucrées et addictives,
j'étais en mission !
Je n'ai pas mangé de homard, d'huîtres
ou de tartare d'algues.
j'ai rapporté les algues, je le ferai chez moi.
je me souviendrai
j'ai mangé des crevettes,
j'ai mangé des craquelins
et du miel breton
très très boisé et bon.
Paris-Terminus-Gare Montparnasse se rapproche
les passagers commencent à s'agiter
et à sortir de leur torpeur,
lobotomisés pendant quelques heures.
Comme après une séance de méditation
revenir à la réalité,
remettre le corps en mouvement
détendre les pieds ankylosés
et les neurones engourdis.
Bientôt, Paris et le retour à la vie quotidienne,
chacun de son côté,
sans un : au revoir,
sans un : bonne soirée,
sans un sourire,
l'indifférence parfaite des voyageurs.
Nous nous sommes croisés dans un train
un soir de 26 décembre, entre Noël
encore sur les reliefs des festivités du 24
et même du 25,
et les souvenirs heureux du petit enfant
qui découvrait ses cadeaux,
et la nouvelle année
qui arrive à pas de géant.
Comment s'appelaient-ils ?
où allaient-ils ?
d'où venaient-ils ?
Je n'en sais rien
je ne le saurai jamais.
Le mystère restera mystère
laissant place à l'imagination
ou à l'oubli immédiat.
et c'est très bien ainsi.
le 26/12/22 dans le Ouigo 7616 Auray-Paris
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