dans mon petit jardin, soudain un livre
Dans mon petit jardin ce matin c’est la fête
La pluie qui l'avait assombri tous ces derniers jours s’est enfuie
Il reste un peu d’humidité ambiante
Juste ce qu’il faut pour être bien
comme la petite brise légère
comme mon coeur aujourd'hui
L’arbre maudit a été scalpé
il est malheureux
il lui faudrait une autre ambiance
un autre terrain où il pourrait faire de jolies branches
qui s'étendraient jusqu'au ciel
ici il végète
terre altoséquanaise
pauvre, aspect de poussière,
dans laquelle je n'oserais même pas enterrer un animal
et qui pourtant abrite de beaux vers de terre
paradoxe de la nature
La vie vibre
les abeilles sont revenues
elles butinent le gros hortensia
une est alourdie de pollen
bientôt elle ira le déposer à la ruche
je la regarde voleter
un bonheur simple
la vie
la nature
jamais je ne me lasserai d'écrire
ces mots :
la vie
la nature
les fourmis vont au marché
les cloportes sont bien cachés
je sais qu'en soulevant
la dalle en forme de tortue
ils seraient pris de panique
alors je ne touche pas à la dalle
un joli papillon tout blanc me montre ses antennes
un autre papillon vêtu de couleurs se pose et puis
reprend son vol
repliant fémur, tibia, tarses
s'aidant de son trochanter
fascinant ! "des petits nous"
en miniature.
Ce matin
je cherche autre chose
un peu de calme
un peu de repos
une semaine très occupée
une semaine en émotions
une semaine commencée
dimanche dernier
avec les enfants,
le restaurant
sous le cerisier
et les grosses cerises rouges
et les pigeons qui se gavaient
et puis
enfin mes très chères amies de retour
encore beaucoup de prudence
mon petit jardin est notre hâvre de rencontre
on peut tomber le masque
et puis
reprendre la voiture
un peu d'angoisse
aller acheter des fleurs
pour le rendre plus beau
j'aimerais le métamorphoser
j'ai des idées
aurai je le temps ?
aurai je la possibilité de le faire ?
ou de le faire faire ?
j'espère
dans mon petit jardin
ça sent le romarin, le thym
la lavande, le persil
la sauge, le basilic
un pied de tomate grandit
j'attends le rouge de ses fruits
ça sent bon
ça sent la douceur d'être
une pause pour lire un peu
une pause pour moi que pour moi
"bémol, bécarre, soupir"
deux notes de musique
mi à l'ombre, mi au soleil
chaussons aux pieds
ils sont mon prolongement
ce ne sont pas des Louboutin
mais ils connaissent mes pensées
le cerveau, les pieds
ne sont qu'une partie de l' ensemble
de mon moi
dotation de ma naissance
et façonnés par les années
pas de hâte, mon mug de thé est là
sans lui qui serais-je ?
le jardin s'est offert à moi
même la toile cirée sent bon
les épices, les recettes à imaginer
tellement envie de refaire un
atelier d'écriture créative et gourmand
un peu trop compliqué
et puis j'ai d'autres projets
samedi matin,
je viens de m'asseoir dans mon vieux fauteuil
les pieds sur une chaise
les couleurs m'entourent
les parfums m'enveloppent
de notes sucrées
de notes de mon enfance
ne jamais oublier
quelques cerises mûrissent
les cueillir avant qu'il ne soit trop tard
les fraises des bois cachées me narguent
mes petits bonheurs
le livre est passionnant
au-delà du sujet
qui me fascine
la traduction
comment traduire ?
pourquoi traduire ?
il faut de l'âme
il faut du corps
pour être fidèle à l'auteur
sans en être l'esclave
faire passer des idées
faire passer des sentiments
faire passer des émotions
un vrai coup de coeur
de plus en plus je m'attache
à la forme
celle-ci me convient parfaitement bien
le papier est doux sous mes doigts
la mise en page convient à mes yeux
le petit rabat me fait sourire
les chapitres rapides et courts
s'avalent comme un dessert gourmand
qu'il est beau ce moment
à savourer sans modération
comprendre l'autre
comprendre l'auteur
y mettre ses tripes
triturer les dictionnaires
chercher le mot exact
douter
recommencer
s'émerveiller
être l'auteur d'une oeuvre
accessible à d'autres langues
accessible à d'autres lecteurs
diffuser la culture
diffuser et partager
les jolies pages
à défaut de les créer
les faire vivre
c'est déjà un magnifique challenge
que tous les traducteurs en soient remerciés
surtout les meilleurs
ceux dont on sent à la lecture
qu'il se passe quelque chose.
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petite note :
extrait p. 153 "traduire ou perdre pied" Corinna Gepner
"Traduire a changé ma manière de lire. Je lisais "pour l'histoire" et pour que cette histoire ait une fin heureuse.
Je n'en ai plus envie…"
A l'inverse, ou en complément, pendant longtemps j'ai lu des livres traduits sans m'intéresser au traducteur
et puis un jour… la révélation comme une évidence… l'importance de la traduction.
maintenant, je peux dire en paraphrasant : "la traduction a changé ma manière de lire".
Je lis aussi pour la traduction, même si sauf pour l'italien principalement, je ne maîtrise pas le premier mot de la langue traduite, ou alors un mot de touriste, sans plus.
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dommage je ne parle pas allemand...