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Mes mains ne sont pas encore moites
elles peuvent courir sur le clavier
comme si c'était un piano
écrire des mots comme une partition
écrire des mots comme une musique
Wagner, Lully, Bach,
bonheur, malheur,
légèreté ou gravité
rires ou pleurs
qu'importe, elles courent
elles sont ma prolongation
le reflet de mon âme
de mes désirs
de mes soucis
de mes envies
de mes tracas
de mes espoirs aussi !
Sur une seule main
on pouvait compter mon âge
c'était à l'école
mais aussi le jeudi chez une répétitrice
solfège, piano.
De petits rectangles ou octogones, de carton roses
attestent encore de mon assiduité
et d'un micro-don vite étouffé
c'était de l'autre côté du bois de Vincennes,
dans les années 50
un autre siècle,
Mes mains ne sont pas encore moites
elles peuvent courir sur le clavier
comme si c'était un piano
et qu'au lieu d'être dans la cour de récréation
je voyais à travers la grande fenêtre
du château où était mon école
mes camarades de classe
jouer, rire,
rigoler, courir
tandis que moi je faisais des gammes
des clés de sol, des clés de fa
des croches, des triple croches
des bécarres et des bémols,
comme le nom du fox de mes grands-parents
mais ceci est une autre histoire,
encore que
pas vraiment !
mes doigts couraient sur le clavier
répétaient,
se trompaient
recommençaient
et recommençaient
tandis que dehors…
les jeux continuaient
les rires explosaient
le temps passait
J'aurais aimé leur faire plaisir
à cette époque
j'aurais aimé…
ils me voyaient harpiste
ils avaient dû confondre avec harpie
je ne suis ni harpiste
ni harpie
je suis moi
et c'est déjà beaucoup
mes doigts courent sur un clavier d'ordinateur
depuis toujours
et avant sur le clavier de la vieille Remington
toujours années 50
il n'y a pas de hasard
les notes sont des mots
ils me tiennent chauds
ils m'aident à me tenir debout
les notes et les mots
l'alpha et l'oméga ?
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souvenirs ERC/DR