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Publié par la tortue à plumes

Si tu savais comme mon cœur est triste
si tu savais comme il est vide.
Au fil des mois
tu avais pris une place à part dans ma vie,
 
Tu nous appelais - moi et Margueritte - mes chéries
tu nous dissociais rarement.
 
Le décès de ta fille nous avait rapproché
par le biais de la spiritualité notamment,
tandis que l’annonce de ta maladie avait été un coup rude.
 
Quand j'allais te voir à l’hôpital, c'est toi qui me donnait un regain de courage.
Tu écrivais encore et encore, tu avais même, dans un demi-sommeil,
écrit un texte. Il avait eu le "1er prix à l'unanimité poésie" pour le 10e appel.
Un prix de plus.
Son titre : "ma chambre implantable"
clin d'oeil à peine dissimulé à ta maladie
et au lourd traitement qui en découlait.
Pourtant tu ne souffrais pas
tu étais lucide, confiante,
tu disais qu'il y avait pire.
 
Tu t'émerveillais, comme une enfant, d'avoir reçu ce prix.
Tu avais comme d'habitude, écrit avec ton crayon et ta gomme
dont tu disais parfois qu'elle portait une moustache marron de tant de ratures.
 
Je repartais avec un de tes petits secrets,
un petit cadeau, une pensée,
un petit pot de pommade de Madagascar
pour calmer les douleurs que tu sortais de ton sac.
Tu en offrais à qui en avait besoin.
Un jour tu m'avais mis d'office dans mon sac
une partie de ton repas !!!
 
Tu avais dû quitter ton chapeau,
pour la perruque de rigueur.
 
La dernière fois que je t'ai vu,
c'était un matin, dans mon petit jardin ombragé.
Margueritte te faisait la fête.
Tu revenais du marché,
toujours ta canne à la main
c’était l’été
la canicule,
après avoir fait quelques emplettes.
 
Tu avais besoin de bouquins
pour en faire des cadeaux.
As-tu eu le temps de les faire ?
Le livre s'appelait :
"ma plus belle histoire d'amour"
celui de ton poème lauréat !
 
Nous avons parlé de foi chacune à son degré,
de poésie, de l'avenir, de spiritualité, du temps
de ta dernière maison qui t'attendait à Madagascar, de ton mari et de Tania que tu retrouverais.
et de plein d'autres choses encore.
Tu m’avais offert une ceinture un de ces petits riens que tu achetais au marché pour semer aux amies.
 
Tu étais repartie avec mon texte pour la soirée du 21 septembre,
de la Ruche des Arts à Colombes.
Tu n’y seras pas...
Cette soirée sans toi aura un goût amer, très amer.
 
Tu avais aussi pris l’habitude de venir dans le joli jardin éphémère derrière la mairie
retrouver une amie pour papoter le soir lorsque Maya (c'est ainsi que tu appelais ton infirmière) était passée pour la piqûre.
J’avais un grand plaisir en rentrant de mes courses, de te chercher pour te faire un bisou et de m’arrêter un instant plus ou moins long.
 
Alors, tu me disais :
"ma chérie, il faut rentrer Margueritte t’attend… "
et j’espérais une autre fois.
Elle n’a pas eu lieu
tu es entrée pour tes examens,
je suis partie en vacances,
j’attendais les résultats,
j’allais te les demander,
Trop vite,
ta vie s'est arrêtée nous laissant perdus sans toi.
 
Comment vais-je faire pour passer devant chez toi sans avoir le cœur en vrac, pour traverser le square sans y voir ta silhouette ?
 
A l’origine nous étions amies de plume, d'atelier d'écriture
dans des styles si différents, mais à la passion tenace.
Plusieurs fois tu m’avais dit souhaiter que tes poèmes deviennent un livre…
Tu m’avais fait découvrir la Ruche des Arts où tes poèmes bourdonnaient et où les miens y posaient ses premières alvéoles.
j’aurais tant à t’écrire .
Ta voix, ton accent chantant délicieux, ton rire me manqueront plus que tu ne crois.
 
Je pensais à toi chaque jour, tu avais dû me jeter un sort. Tu étais comme moi une espèce de sorcière, ma délicieuse sorcière, ma précieuse sorcière. Tellement différente du monde alentour ce qui me convenait si bien.
 
J'ai dans mon WhatsApp de longs messages ;  nous nous racontions… récemment j'avais commencé à oser un peu de malgache, un mot n'allait pas… tu m'avais dit de chercher… trop tard…
tu étais heureuse de la petite tirade en langue malgache faite par Mathilde qui avait touché son papa m'avais tu écrit.
 
Et puis, dans presque ton dernier message,  tu me disais "le corps est docile car il subit pas mal d'épreuves en ce moment, il attend l'apaisement à tous les niveaux"
nous étions mi aout.
Tout ceci semble si dérisoire aujourd'hui.
Nous resterons liées par l’amitié et les mots du ciel
J'avais tellement aimé écrire ton portrait Dame Agnès, sur un dernier CLEA.
 
Ton dernier message me disait :
"il n'est jamais trop tard pour découvrir ou bien faire"
 
Comme j'aimais ton style,
comme j'aimais ta pensée,
je crois que je vais oser dire
comme je t'aimais Agnès.
 
Si Dieu existe… je veux y croire,
alors nous nous retrouverons pour continuer nos joyeux babillages.
Au revoir Agnès.
 
Lizbeth.
(mais qui m'appellera ainsi dorénavant ? personne ! )
=====
 
PS. Tu avais pris le temps d'envoyer ton texte pour le 11e appel de Gens du Monde-Éditions Épingle à Nourrice. Le palmarès sera dévoilé en janvier 2019. Il aura un goût d'absence sans aucun doute.
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photo de couverture : extrait de : Ma chambre implantable (paru dans Ma plus belle histoire d'amour - éditions épingle à nourrice - 2018
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lettre à Agnès
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