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Publié par la tortue à plumes

Cher Jean Pierre,
Tu viens de nous quitter pour ton dernier voyage, destination inconnue…
Une seule certitude, ce n'est qu'un aller simple, sans retour possible, pas de prochain voyage en Corse.
 
Je dois avouer que je suis troublée, non seulement parce que nous étions dans la même tranche d'âge, mais surtout parce que tu laisses des proches, des très proches, dans l'incrédulité, dans un chagrin immense, dans un vide profond. Je sais que tu étais leur roc, leur phare, leur repaire et plus encore. Ceci me contrarie car je n'aime pas lorsqu'ils ne vont pas bien.
Plus d'une fois tu as dû avoir les oreilles qui sifflaient. Carmin me parlait de toi, me racontait des anecdotes avec toute la passion que l'on a pour les êtres importants. Une si longue amitié….et Rodolphe aussi, je sentais consciemment ou inconsciemment que tu étais son autre père.
 
Nous étions donc proches par procuration, je me souviens cependant de nos rencontres, toujours dans des moments joyeux d'anniversaires, coupe de champagne à la main.
J'aurais bien aimé, te revoir de nouveau. Dans un autre espace temps, un jour, qui sait ?
 
Je vais quand même pousser un coup de gueule ! Crois-tu que tu avais l'âge pour partir ? Le joli vin va vieillir sans toi et ta Corse te pleurer.
Alors, en pensant à toi, je tartinerai mon pain du petit déjeuner, du fabuleux miel au doux nom de "maquis d'automne-miel amer" que je savoure avec parcimonie, car le fond du pot n'est pas loin… Merci Pierre Carli pour les abeilles, pour ce miel puissant et viril.
 
Pour la majorité d'entre nous, nous ne choisissons pas l'instant de notre dernier soupir,
j'espère que pour toi, il fut apaisé et sans souffrance.
 
Sans parler des guerres qui tuent aveuglément des millions de jeunes et de civils, par l’obscurantisme de quelques individus incontrôlables qui tuent pour régler leurs frustrations et problèmes personnels. Que j'ai envie de vomir.
 
C'est d'ailleurs, ce que Carmin m'a écrit, lorsqu'elle a compris en une fraction de seconde que tu serais à jamais absent de sa vie, toi pour qui tu étais un "essentiel de l'air qu'elle respire".
 
Et puis, tu sais, les morts, je vous trouve très envahissants, certes vous ne vous exprimez plus par la parole, par les gestes, par vos parfums, par vos rires, plus de sms et le téléphone pleure… Que sais-je encore ? 
 
Au moins, je trouve une seule consolation, tu n'auras plus à souffrir du départ de copains, de proches qui auront quitté le monde après toi. 
 
En une poignée de jours, j'ai déjà utilisé presque mes deux mains, pour compter les disparus, et je ne parle pas depuis le début de l'année, le pire est que la moyenne d'âge n'est pas toujours en rapport…
Je rentre d'un petit détour en bretagne, j'ai voyagé avec un grand-père désespéré qui rentrait des obsèques de son petit fils de vingt deux ans tué par un chauffard. Il est évident qu'il aurait préféré être à sa place.
 
Merci Jean-Pierre d'avoir été celui que tu as été et tant apprécié.
Je me souviendrai de cette nuit, car il était fort tard, de t'avoir raccompagné chez toi en voiture. Nous avions eu le temps de papoter un peu. Ce fut agréable. Dommage, il n'y aura pas de prochaine fois.
 
Amicalement
Elisabeth
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