Gisèle
Quelque soit l'âge, un décès est toujours un moment douloureux. J'ai commis ce texte en souvenir de Gisèle P. dont j'ai pu croiser la route sur un tout petit tronçon.
Merci à sa famille qui m'a demandé d'en faire la lecture au cimetière, au moment du grand Aurevoir.
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Chère Gisèle,
Comment commencer ce message en ces moments de tristesse, moi qui ne suis qu'un électron libre ?
Ne pas se poser la question me parait plus raisonnable, parler avec le coeur, je pense que vous aimeriez bien.
Les heureux hasards de la vie ont fait que j'ai rencontré Sophie, au cours d'un projet musical. J'avais écrit un texte, elle l'a mis en musique.
En devenant amies, vous entriez dans ma vie.
Un jour ensoleillé, je lui ai proposé de l'accompagner pour vous rendre visite.
Assez vite, vous m'avez demandé de vous appeler Gisèle. Je n'ai pas hésité.
Je connais la difficulté de quitter, sans espoir de retour, sa maison avec ses joies, le bonheur et les chagrins parfois. Il est vrai que dans votre chambre vous aviez perdu cette part d'identité qui nous relie à notre terre, à la liberté et à notre intimité.
J'ai bien compris que vous aviez un caractère bien trempé. Je me demande parfois si vous n'en n' avez pas fait une transfusion à Sophie !
Ce jour-là, je me suis éclipsée pour vous laisser toutes les deux. J'en ai profité pour aller voir la grande mare, les canards, les champs alentours, moi qui ai passé aussi tellement d'années dans cette Seine et Marne et cette Brie que l'on dit humide mais qui est si attachante.
Je ne peux pas en vous parlant ne pas associer Sophie. Ce n'est pas faire injure à votre famille, mais je savais l'affection profonde qu'elle avait pour vous, sa mamie qui lui était si chère. A chaque fois que vous n'alliez pas bien, son visage devenait grave, ce n'était même pas la peine de lui demander ce qui se passait !
Il fallait, et comme je la comprends, qu'elle soit à vos côtés pour partager, les plus belles, je ne sais pas si le mot convient, occasions de l'année. Noël, votre anniversaire, la fête des Grands-mères par exemple.
J'avoue que vous lui avez joué un sale tour, en quittant notre terre la veille de la fête des Grands-mères, alors qu'elle s'apprêtait, comme elle savait si bien le faire, à vous offrir une magnifique composition florale, car elle savait que cela serait un peu de soleil dans votre quotidien.
Vous n'avez pas vraiment choisi, ou peut-être que la lassitude des jours qui s'empilaient, sans avenir, sans projet, vous pesait trop. Vous étiez bien trop maline pour ne pas savoir qu'un jour vous seriez rappelée vers d'autres cieux pour retrouver votre "GeoGeo". Un jour il est bon de lâcher, vous aviez tout accompli pour les vôtres, votre fils, vos petites filles. Vous avez eu la joie de connaître vos arrière-petits-enfants.
Je crois que votre Peggy, d'une certaine façon va vous accompagner dans votre loin voyage.
Qui peut espérer mieux ? beaucoup de choses mais la vie est ainsi faite. Vous vous en accomodiez.
Il m'aura fallu à moi aussi, qui aurait pu être votre fille, un certain temps pour comprendre combien vieillir est difficile et surtout irréversible.
En visitant votre jardin, je vous imaginais cueillir des groseilles ou des prunes ou tout autre fruit avant de vous mettre aux confitures, ou à la confection d'une tarte qui embaumerait toute la maison, sans avoir oublié de vous faire un bouquet multicolores de roses que vous poseriez sur votre grande table de salle à manger.
Ce ne sont plus que des souvenirs, mais quels souvenirs vous laissez aux vôtres.
Vous avez quitté notre terre après une longue vie, vous resterez pour toujours dans les coeurs de vos proches, et quant à moi, je dois vous avouer que même si je ne vous ai pas vu très souvent, (je sais que vous demandiez à Sophie, parfois : "Ton amie Elisabeth n'est pas venue ?" )
J'espérais revenir vous voir et que le printemps serait la bonne saison pour cela, après ces longs mois d' hiver lugubres, froids et infertiles. J'aurais aimé vous embrasser encore une fois.
Vous et la vie en avez décidé autrement.
Que votre repos éternel soit le plus doux possible. Si par hasard vous croisiez mes parents, dites-leur bien Gisèle, que je pense aussi à eux.
Je vous embrasse affectueusement.
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"Si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux la nuit, de regarder le ciel" > Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
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