le filin est si fin
J'ai peur du vent
de ma vie
de la tempête
de vieillir
de la pluie
du soleil trop ardent
j'ai peur des sentiments trop violents
de moi,
de toi,
des tuiles qui peuvent tomber du toit
et se briser sous mes pas.
J'ai peur de mes sentiments qui s'effritent
Du temps qui passe
De savoir,
De ne pas savoir
Où est le bout du chemin ?
Quand la tempête va-t-elle se calmer ?
Quand l'orage va-t-il éclater ?
Cette attente est trop longue
Les nuages noirs amoncelés
Tournent au-dessus de ma tête
Le ciel bas et triste
Ajoute à la douleur.
Rien, il ne se passe plus rien
Hurler, pleurer, raconter, taire, batailler
Encore espérer
Ou désespérer
Écouter : seul le vent me répond
Entendre : tout est muet autour de moi
Espérer : il n'y a plus que moi
Comme une frêle étincelle
malmenée par le vent
protégée par une main bienveillante
qui y voit encore une raison d'espérer.
Où est la main ?
Où est demain ?
Où est mon destin ?
Je suis le roseau
Je suis le chêne
Je suis moi
Et mes émois
Mon cœur est en cendres
Il ne reste qu'un point rouge
Tout au centre,
Un magma de lave brûlante
En fragile équilibre
Mon cœur est à feu
Mon cœur est à sang
J'aimerais tant que nous marchions
Pour tout le reste
Des jours de notre vie
Main dans la main
Nos pas s'épousant
À l'unisson de nos cœurs réunis.
À l'horizon lointain, j'aimerais tant y croire
Mais ma vie est une vie d'acrobate
Y croire encore un peu
Y croire, espérer, essayer, se sauver
Et ne pas douter
Le filin est si fin
L'équilibre si fragile.
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