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Les yeux fermés pour échapper à la réalité
qui dure et qui perdure
oublier, tout oublier de la ville à l'arrêt,
je me rêve "sans masque" et ma vie reprend un sens :
 
"Le nez au vent
les joues rougies par une petite brise
les oreilles à l'écoute du silence
ou d'un oiseau s'égosillant,
les feuilles mortes qui craquent sous mes pas
l'empreinte de mes chaussures dans la terre mouillée,
le bleu du ciel par intermittence
le soleil et ses doux rayons d'automne,
 
ramasser les châtaignes 
regarder les pissenlits pointant déjà le bout de leur nez
humer l'odeur chyprée de la mousse du chêne
admirer le hérisson, voyageur imprudent, qui traverse la route
Être là, juste là pour profiter encore de la vie
sans masque, sans contrainte, sans angoisse
 
oublier qu'à ma montre, il est l'heure du couvre-feu
que la librairie est fermée malgré sa vitrine alléchante
que le cinéma est redevenu muet.
 
Les masques sont inutiles ! la honte du mensonge.
obsession : retrouver tous les miens, comme je les ai quittés, bien dans leur tête et dans leur corps
il ne faut jamais désespérer… je sais que l'homme pourrait être plus sage et que le pangolin n'y est pour rien."
 
Je sors de mon rêve: je lis "fermé sine die pour cause de pandémie"
masque sur le nez, respiration haletante, buée sur les lunettes, hurlant  mon désespoir, 
tandis que toutes les larmes de mon corps dégoulinent sur mon masque détrempé.
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texte écrit pour La Ruche des Arts. OCT 2020

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Tag(s) : #2020, #PO & ZIE, #La Ruche des Arts - revue Plein Sens, #saga covid19
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