sur un coin de table ronde
Sur un coin de table ronde
Un papier kraft pour témoin
Je griffonne des mots.
Ma main est malhabile
La nuit n'est pas loin
La nuit est immobile
Crispée sur le stylo
Là-haut tout là-haut
La lune me déshabille
Dans un halo brumeux
Je voudrais tant écrire
Des mots d'amour
Des mots de toujours
Comme au temps d'avant.
La vie ne repasse pas
La lune me déshabille
Dans un halo laiteux
Le ciel est son complice
Infiniment tourmenté
En longues ondes silencieuses
Vagues de promesses
sa pluie d'étoiles filantes
me touche juste au cœur
je cherche le bonheur,
mais les mots ne viennent pas
La lune me déshabille
Dans un halo nerveux
Mon stylo est happé
Ma main est soulevée
Une étoile filante s'est posée
transparente sur mon chagrin
Elle envahit mes doigts
La lune me déshabille
Dans son halo laineux
Je vois comme un sourire
Ma main file sur le papier
Les mots se posent enfin
Chacun d'eux rond et chaud
Tendre et doux
Roux et voluptueux
La petite étoile pour guide
Luit et me conduit
La lune me déshabille
Dans son halo peureux
Je ne maitrise plus rien
Tout va si bien
Les mots se bousculent
Ils font de leur mieux
Ma main file sur le papier joyeux.
La musique du silence
Dans ma tête s'insinue
Arvo Pärt m'accompagne
La lune me déshabille
Dans son halo soyeux
Soudain…
La lune ne me déshabille plus
La lune a disparu
Arvo Pärt s'est tu
Les étoiles ont filé
laissant mon poignet affolé
Un petit point vacille
j’étais en train d'écrire
des mots déjà presque effacés
Emportés dans la galaxie
emportés dans le grand infini
J'allais…
J'allais poser des mots d'amour
J'allais dire que je l'aime
La lune ne me déshabille plus
Les étoiles filantes sont éteintes
La lune disparue.
Les mots disparus
de nouveau inféconde
Je ne pourrai plus dire ces mots
Que les amants murmurent
Que les amants hurlent
Que les amants susurrent
La lune ne me déshabille plus
Qui sait me reviendra-t-elle ?
en amie lointaine mais fidèle.
Espérons un demain
une pluie d'étoiles filantes
qui me prendra de nouveau
À ses mots, à mes mots
Sur le coin de la table ronde
Les mots ont disparu
Le papier kraft n’en garde aucune trace
Que des petits ronds du gras des canelés
Avalés par des bouches affamées
La lune ne me déshabille plus
Les larmes sont venues
Adieu bel inconnu