la sorcière, le tilapia et c°
«Une sorcière incognito déplacera son intérêt demain dans le jardin»
Nimbée de brume, elle attendait le lever du soleil dans le jardin d’à côté. Elle avait en effet appris qu’une fleur de cette propriété portait le même prénom qu’elle, Potentille. Jusqu’à ce jour, les jardins l’ennuyaient. L’idée venue subitement portée par le vent du soir la cueillait doucettement. Elle attendait… pensait…. «Potentille» ? Comment est-elle ? Est-elle fleurie ? Feuille ou fruit ? Vais-je me voir dans ce jardin ? Le soleil se lève, rouge : on est demain. La sorcière s’avance, toujours vêtue de la brume qui la cache.
Qu’y a-t-il dans le cercle ?
Un monde féérique, vert et doré, où lumière et vanité se mélangent. Un monde où tout flotte, terre, fleurs, arbres, chars, licornes, grands-ducs et enclumes. Un monde transparent, laiteux, tâché de rouges et ors, bruyant comme un carrefour et beau comme une vache. Un monde merveilleux et joyeux où les sourires s’élargissent, les dents sont dehors et les crachats tout près. Un heureux mélange d’éther et de terre où l’on ne peut se taire. Un monde à strates planantes, luisantes, béantes ; rond, fermé, heureux, clos, crétin, et bénin. Un monde caché dans le cervelet de ma tête «embullée».
Qu’y a-t-il en dehors du cercle ?
En dehors, il y a une pelouse qui descend vers un fleuve grand et vaste, large. En dehors, de la pelouse on peut voir le cercle, le toucher, le humer, le fleurir, le caresser. On peut rêver devant, se dire qu’on va y aller, un jour, bientôt, demain. C’est le but ultime, l’acmé d’une vie : rentrer dans le cercle de ceux qui comptent dans le monde vert et doré. En dehors se massent toutes les volontés, toutes les rages, et toutes les faiblesses. En dehors, c’est le carnaval, la danse du ventre, la pugnacité. Le cercle floute les aspirations de ceux qui, de l’extérieur soupirent après lui. Qu’y a-t-il en dehors du cercle ? La quête du solide vers la nuée.
Atelier la tortue à plumes du 21/3/2011
Textes de Muriel