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Publié par la tortue à plumes

"9 nuances de mots" en vert espérance
9 participantes
9 battantes
9-inées qui refusent d'être confinées.
atelier éphémère virtuel du CSC des Fossés-Jean pendant le confinement covid19. Des accroches, des propositions libres,selon les disponibilités de chacune, un texte ou pas 
=====

 

Le parfum est l'atout majeur du chatoyant Don Juan,

Qui ne se lasse de faire sa cour aux jeunes filles en fleurs.

Il les embrasse de ses mots doucereux, mielleux, exquis.

Étourdies par tant de noblesse, elles ne peuvent résister à son charme.

Ces boutons-d’or frissonnent lorsqu'il les imprègne après la toilette du matin.

 

Il baise leurs poignets, caresse délicatement leurs auricules, se glisse entre deux tétons.

Sa place préférée, celle du décolleté où les mammaires rebondies, l’affolent.

Il visite leur ventre, examine les nombrils y dépose parfois une pointe d'eau de rose.

Mais, le parfum de la rose n'est plus ce qu'il était, cette fragrance est démodée,

Don Juan a commandé aux parfumeurs de nouvelles compositions.

 

Désormais, la violette s'impose pour faire vaciller ses conquêtes.

Ce qu'il aime, par-dessus tout, c'est de les surprendre,

De les voir s'offrir à lui sans retenue, sans honte.

Dans leur ravissement, ses vierges l’éclaboussent de la quintessence du désir,

Qu'il capture dans une fiole pour perpétuer ses attraits.

Roselyne Allen

✍🏻✍🏻✍🏻

 

" Le parfum de la rose n'est plus ce qu'il était" dit la vieille dame à son petit-fils qui se tenait, désoeuvré, près d'elle dans le jardin. Elle continua, pensant que l'enfant était tout ouïe : "Avant, inutile de t'approcher : la rose te tendait ses pétales odorants ; chacun d'eux était un délice ! alors, tu imagines quel parfum exhalait une seule fleur ! inimaginable ! divin ! " Elle se retourna : l'enfant était toujours là, physiquement, mais son esprit était déjà loin ! En fait, sa grand-mère venait de lui donner une idée :

" Mamie, s'il te plaît, peux-tu m'en cueillir une pour fleurir ma chambre ? "

Aussitôt, la vieille dame choisit la plus belle fleur qu'elle offrit délicatement à son petit-fils.

Son trophée à la main, celui-ci partit en courant à la cuisine, ouvrit le placard à épices, et versa abondamment du poivre sur la fleur. Puis il partit aussitôt chercher le petit copain avec lequel il s'était battu la veille. Sa revanche, il la tenait - et il la gagnerait !

" Ferme les yeux, dit-il, et dis-moi à quoi ça sent ! Respire très fort ! "

L'autre prit son élan...olfactif, et en eut plein les narines !

Furieux de s'être laissé berner, il repartit en pleurant et dans un concert d'éternuements, pendant que, prenant le chemin opposé, l'autre riait à gorge déployée!

Odette

✍🏻✍🏻✍🏻

 

Nous étions en guerre avec l'Allemagne depuis le premier septembre 1939. J'avais 11 ans. Mon père revenait de la Guerre d'Espagne. Il nous avait manqué et nous avons craint pour sa vie chaque fois que les troupes de Franco avançaient.

Avec mes frères et sœurs, nous avions sauté de joie à l'annonce de la fermeture des classes « pour un temps indéterminé ». Adieu cahiers, livres, plumes et encre violette qui tâchait nos tabliers.

 

En quelques jours, nous avions annexé les quartiers limitrophes pour étendre notre territoire de jeux.

C'était notre guerre à nous. Une guerre innocente où seuls nos éclats de rire rompaient le silence des rues souvent désertes, remplaçant ainsi le vacarme des canons et de la mitraille.

Mon père avait juste eu le temps de cacher ses armes de la dernière Bataille de Barcelone avec les Brigades Internationales anti-franquistes qu'il rejoignait le maquis un matin de printemps. Les églantiers étaient en fleurs à Toulouse et les oiseaux assourdissaient nos adieux de leurs piaillements joyeux en se chamaillant dans les arbres bourgeonnant. Il avait convenu avec ma mère d'envoyer des messages codés via « La France parle aux français ».

 

Bientôt la vie avait repris son train-train pour nous, les enfants mais l'angoisse était latente chez les adultes. Le soir, nous avions pris l'habitude d'écouter « Radio Londres » La zone libre était désormais occupée. Alors, nous nous réunissions dans un petit salon de la maison donnant sur la cour. Nous marchions sur la pointe des pieds en chuchotant et en étouffant des rires. Maman sortait une radio volumineuse de la cave et nous nous asseyions comme si nous étions au spectacle. C'était terriblement excitant. J'attendais ce moment avec impatience. Je m'installais avec mon chat dans un sofa accueillant mes caresses et ses ronronnements.

 

Un jour, mon petit chat s'étant échappé, je partais à sa recherche. Je le trouvais très vite devant la porte de la maison close sur notre secret. Blotti dans mes bras, je le rassurais de mots tendres embrassant sa douce fourrure et le ramenais dans les profondeurs confortables de notre canapé. J'oubliais de fermer les portes.

Dans la pièce, la litanie monotone des messages s’égrainait à l'infini. Soudain le chat tourna vivement la tête vers l'entrée. Un soldat allemand se tenait dans l'encadrement au moment où la radio formulait : »Le parfum de la rose n'est plus ce qu'il était ». Je n'oublierai jamais cette phrase si anodine. Il était grand, jaune et blond. Nous le regardions tous sans respirer. Enfin, ma mère nous intimât l'ordre, dans un regard compris que de nous seuls, de faire comme si de rien n'était. Le jeune soldat s'était assis et écoutait avec nous. Puis, il se leva, nous saluant en remerciant Maman pour son hospitalité et sortit.

Nous ne l'avons jamais revu.

Carmin

✍🏻✍🏻✍🏻

 

 

 

Déjà deux semaines de confinement

Et Maman se découvre un nouveau talent : Maîtresse d'école !

Ce n'est pas pour lui déplaire.

Mais, parfois, elle lève les bras vers le plafond excédée !

 

Si nous travaillons bien aujourd'hui Que vas-tu faire ?

Un moelleux au chocolat

ou des crêpes au nutella ?

 

Rien de tout cela !

Si vous ne faites aucune faute dans la dictée, 

Ce sera une grande surprise...

 

Tout excitées, les deux jumelles 

Jolies comme deux coquelicots 

Dans un champ au soleil

S'installent à la table dans la cuisine. 

Un peu serrées, mais ça va encore.

 

Maman articule la phrase :

« Le parfum de la rose n'est plus ce qu'il était... » 

Maman s'arrête, la voix étranglée par l'émotion. 

De sa mémoire a surgi la rose rouge

que son premier amoureux lui avait offert. Qu'est-il devenu ?

La vie les a séparés.

Son mari, aujourd'hui le père de ses enfants

A pris sa place, il n'y a rien à regretter...

Et la vie continue

Avec ses joies et ses peines

Avec ses hauts et ses bas...

 

La vie n'attend pas

et les jumelles piaffent d'impatience 

C'est quoi la suite

 

« Le parfum de la rose n'est plus ce qu'il était, il est suave, doux et amer, sucré et acide. Il a le goût de la vie pleine de surprises. »

Myosotis 

✍🏻✍🏻✍🏻

 

 

 


 

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